François Hollande : une rose à la mémoire des victimes du massacre du 17 octobre

Hollande lors de son passage en décembre 2010 à Alger.
Hollande lors de son passage en décembre 2010 à Alger.

Le tout nouveau investi candidat du Parti socialiste français à la prochaine présidentielle 2012 a fait une sortie remarquée aujourd'hui. Il a tenu à commémorer le massacre du 17 octobre 1961 et à appeler à sa reconnaissance officielle. Un beau début de campagne.

François Hollande vient juste d'être investi candidat à l'issue des primaires du parti. Cette commémoration est sa première sortie politique. Ce geste symbolique promet de démarquer le candidat socialiste du président de la République actuel.

En ce lundi 17 octobre matin, sur le pont de Clichy, une rose à la main, François Hollande, député et président du Conseil général de Corrèze, est venu rendre hommage aux manifestants algériens qui, il y a exactement cinquante ans, étaient massacrés par les policiers français. Lors de cette manifestation auquelle avait appelée la Fédération de France du FLN, plus de 200 manifestants ont été tués, certains jetés dans la Seine. Par ailleurs des milliers de manifestants avaient été arrêtés et brutalisés par les forces de l'ordre.

François Hollande a déclaré qu'"il faut que la vérité soit dite. Sans repentance, ni mise en accusation particulière. Reconnaître ce qui c’est produit. Aujourd’hui, je le fais en tant que socialiste. Ensuite, ce sera sans doute à la République de le faire..."

Cinquante ans après cette répression sanglante contre les Algériens, l’État français est toujours dans le déni. Pire, selon lui le bilan est de deux morts, comme l'a répété Benjamin Stora. Dernièrement, Nicolas Sarkozy, le président français, avait appellé la Turquie à reconnaître le génocide arménien mais refuse de regarder de plus près le passé colonial français. C'est dire que côté français la guerre d'Algérie reste une grenade dégoupillée.

Le candidat socialiste refuse certes la repentance, mais ce premier geste inaugure, si jamais il accède à la présidence, la promesse d'une nouvelle appréciation de la guerre d'Algérie dont la manipulation politienne pourrit cycliquement les relations entre les deux pays.

François Hollande a une relation particulièrement avec l'Algérie. Pour son projet de fin d'études à l'ENA, c'est l'ambassade française en Algérie qu'il a choisi pour y faire sa thèse. En décembre 2010, il s'était rendu, à Alger, à l’invitation du Front de libération nationale (FLN). Il avait d’ailleurs rendu visite au premier président algérien Ahmed Ben Bella. Interrogé lors de cette visite sur le passé colonial de la France, il avait fermement condamné la colonisation et appelé à un travail de mémoire qui permette aux deux pays de mieux "comprendre le passé pour mieux préparer le futur". Le désormais candidat du PS à la présidentielle avait répondu, dans un entretien à l’hebdomadaire Jeune Afrique, à la question de savoir si la France doit formuler des excuses pour son passé colonial en Algérie : "Je souhaite que les choses soient dites". Une réponse très prudente au demeurant.

Y. K./AFP

Plus d'articles de : Algérie-France

Commentaires (1) | Réagir ?