Le maire de Zéralda ne passera pas l'Aïd en famille

Le maire de Zéralda ne passera pas l'Aïd en famille

L’audience relative à la première affaire du maire de Zéralda s’est déroulée comme prévue le 29 août 2011. L’affaire qui était programmée à passer en premier a été retardée d’une demi-heure à la demande du procureur qui jusqu’à 9h 30 n’a pas vu venir la partie adverse. Mouhib Khatir, le maire de Zéralda, a été acquitté à l'issue de cette première affaire.

Après avoir examiné deux affaires, la juge a été contrainte de revenir à une seule affaire. La salle d’audience du tribunal de Hadjout était pleine et le public semble étonnée de la jeunesse de l’équipe qui aura à diriger cette séance eu égard à la gravité du cas.

Après avoir appelé à la barre le prévenu qui a rappelé sa filiation, la parole fut donné au collectif de la défense pour présenter les réserves de forme. Ces réserves étaient nombreuses et prouvaient que du point de vue des textes, le maire ne devrait même être dans cette salle, combien même il aurait commis la faute qu’on lui reprochait. L’accusé a relaté en détails les circonstances de son arrestation et a répondu aux questions du procureur et de ses avocats. Il a confirmé exactement ce qu’on décrit dans nos articles précédents que le Matindz a déjà publiés.

Le suivi attentif du déroulement de l’affaire par les avocats et le procureur a fait ressortir les points clés ci-après :

  • Les policiers qui l’ont arrêté étaient en civil et appartenaient à la brigade antiterroriste de Châteauneuf. Ils ne se sont pas présentés et donc le maire ne pouvait pas les reconnaître.
  • Ils l’avaient arrêté sur un ordre verbal venu d’en haut sans aucune précision.
  • Ils l’avaient désarmé, lui avait confisqué son portable et embarqué en empruntant un chemin qui évite exprès le barrage de la police aux abords du complexe touristique de Zéralda.
  • Durant le parcours, l’inspecteur qui le surveillait avait gardé en permanence le pistolet sur les genoux comme s’il attendait une occasion propice pour le liquider physiquement.
  • En rentrant dans la caserne de Châteauneuf, ils ont emprunté la porte du garage et non celle principale.
  • L’inspecteur prétend qu’au moment de l’arrestation, le prévenu lui aurait dit : « Je suis le maire, va jouer ailleurs » « Ana Mir, Rouh Telaab Ala Rouhak ».
  • C’est justement pour cette phrase que le juge d’instruction a établi la faute d’outrage et violence à fonctionnaire conformément l’article 144 du code pénal.
  • Seulement sur sept agents de cette brigade, six déclarent sur le compte rendu qu’ils étaient loin et n’avaient pas entendu. La parole du maire contre l’inspecteur qu’il a arrêté, or ayant commis une bavure établie par toutes les parties, quelle crédibilité accordée à ses dires ?
  • Plus grave, le compte-rendu qui fait office de plainte a été rédigé en date du 29 juin 2011 alors que les événements de l’arrestation se sont déroulés le 6 juillet 2011, soit près de sept jours avant. Est-ce une erreur ou éventuellement un coup monté à l’avance et pourquoi ?
  • Enfin aucune victime, ni avocat encore plus l’autorité plaignante ne se sont présentés à l’audience, le procureur parle en lisant sur ces papiers. D’ailleurs durant toute la séance qui a vu défiler cinq affaires, on a remarqué deux personnes qui sont venues à plusieurs reprises souffler quelque chose dans l’oreille du procureur. Que lui disaient-elles ?
  • Face à l’exposé par le collectif des avocats de ces faits irréfutables, l’audience est restée bouche bée. De nombreux citoyens y compris certains journalistes présents dans la salle se sont posés la question : pourquoi cet homme était là ? Sommes-nous disaient-ils en sécurité face à ces dépassements de l’autorité ? Comment les magistrats, procureurs, juges d’instruction et autres ont pu laisser passer dans une audience publique de telles mascarades dans un dossier totalement vide ? Qui a intérêt à mettre de l’huile sur le feu au moment même où ça brûle chez nos voisins ?

Pendant que le public présent s’étonne de ce cirque judiciaire, le procureur, une femme d’une trentaine d’années sans présenter de victime ni de témoins, reconnaissant les faits exposés par ses paires, se permet de pousser l’acharnement jusqu’à demander le maximum prévu par l’article 144 du code pénal, c’est à dire deux ans de prison ferme et 5000 DA d’amende. Ledit article donne la fourchette de deux mois à deux ans d’emprisonnement et de 500 à 5000 DA d’amende.

Il est clair que vers 12h 30, la juge, une jeune femme très courageuse ne pouvait qu’innocenter ce père de famille dans un brouhaha général du public présent. Mais les déboires du jeunes maire ne sont pas encore terminés et en dépit de son innocence établie, il ne passera pas l’Aïd avec sa femme et ses enfants. Pourquoi ?

Vers 14h30, comme si quelqu’un avait contacté la cours de Blida juste après le verdict du tribunal de Hadjout, la chambre d’accusation auprès de cette même cours confirme une deuxième fois son maintien en mandat de dépôt jusqu’au jugement de la deuxième affaire relative aux portables et dont la date n’est pas encore fixée. Il va donc retourner en prison malgré la légèreté prouvée de tous les dossiers. C’est ainsi que décidé le maître.

Rabah Reghis

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Commentaires (2) | Réagir ?

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mok1

Quand les repentis (les criminels, les égorgeurs d'enfant et de femme....) sont relâchés et que les despotes accueillent les autres despotes (les kadhafistes) ; qu'est ce que reste pour les innocents ?, c'est d'aller en prison !!!. Courage Monsieur le maire de Zéralda, la justice divine rattrapera tout le monde.

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madjid ali

Vous appelez ça un état de droit