Les Ensorcelés : Un roman de Fadéla Hebbadj

Les Ensorcelés : Un roman de Fadéla Hebbadj

Au commencement fut l’assassinat de ma mère et de ma sœur.

Je ne sais plus qui disait à propos de Kateb Yacine, Le poète comme un boxeur, le roman de Fadéla Hebbadj Les Ensorcelés ( Editions Buchet Chastel ) est assurément un uppercut. De sa tragédie familiale, l’assassinat de sa mère et de sa sœur, elle tire un livre où se mêlent les souvenirs des jours de l’enfance heureuse et les traumatismes, les révoltes, les incompréhensions. La douceur le dispute au réquisitoire. L’enfant brutalement orpheline perd son innocence dans la France des années 1970, la France antisémite mais aussi la France où les vocables ignobles tels bougnoule et raton sont couramment dans les bouches. Un double meurtre, un assassin identifié, algérien comme ses victimes, jamais jugé, jamais inquiété. Un juge velléitaire, un avocat de la défense carriériste, un « sorcier juif » responsable du drame, une famille sans appui et le tour est joué. L’innocence à jamais perdue, il ne reste à l’auteure que sa rage de comprendre et de se construire au sein de sa fratrie nombreuse et tout aussi hébétée. Les mots de Fadéla Hebbadj sont magnifiques et précis. Nulle chronologie macabre et fastidieuse, c’est au lecteur d’intégrer les péripéties émouvantes, drôles, dramatiques du récit. Les Ensorcelés se lit comme le livre d’un proche brillant, en colère et qui jamais ne baisse les bras. J’ai rencontré l’écrivaine qui enseigne la philosophie. Je confirme. Elle n’a pas l’intention de baisser les bras mais bel et bien de continuer d’affûter sa plume. On en redemande.

Benabdalah Médiène

Les Ensorcelés par Fadéla Hebbadj
Ed. Buchet Chastel
14, 50 euros

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