Pendant que l'Algérie s'embrase, le pouvoir se cache !

Pendant que l'Algérie s'embrase, le pouvoir se cache !

Alors que la révolte se propage à tout le pays et que les affrontements se poursuivent à Alger et dans d'autres villes, le pouvoir se mure dans le silence. Des informations sérieuses font état de nombreux appels de citoyens et de jeunes à des manifestations pacifiques dans toutes les wilayas du pays samedi 8 janvier 2011. D'autres appels à manifester demain vendredi après la prière sont également lancés. Pendant que le pays s'embrase, les dirigeants se cachent et n'apparaissent plus en public. Ou est le chef de l'Etat? Ou est le premier ministre? Ou sont les ministres? Ils se tèrrent dans leur villas hypersécurisées pendant que la jeunesse se révolte et affronte les forces de l'ordre.

On apprend à l'instant que les émeutes ont repris à Bab El Oued et à Badjarah et à El Harrach, après une accalmie dans la matinée.

Les routes sont jonchées de pierres et de gravats alors que les commerçants ont décidé de fermer boutique.
Dans les quartiers populaires d'Alger ( Cheraga, Ain Benian, Staoueli et d'autres,,) qui s'étaient embrasés hier mercredi, une vive tension est palpable sur place. Les jeunes qui occupent les rues de leurs quartiers font face aux forces de l'ordre et à tout moment les affrontements peuvent reprendre.

Des émeutes ont éclaté jeudi après midi à Bordj El Kiffan, dans le quartier la « Verte rive ». La route qui mène à Bordj El Bahri depuis les Bananiers est coupée à la circulation. Une voiture de police a barré la route, indiquant aux automobilistes de faire demi-tour. Les émeutes touchent les quartiers dits « Verte rive » et « Bateau cassé » situés entre Bordj El Kiffan et Bordj El Bahri.

A Alger-centre, une tension extrême règne en début d’après-midi, sur fond de rumeurs sur des émeutes dans plusieurs quartiers de la capitale et surtout sur la volonté des jeunes de Bab El Oued de marcher sur le centre-ville ce soir.

A 15h45, de nombreux magasins étaient déjà fermés au niveau des rues Larbi Ben Mhidi et Didouche Mourad et la circulation automobile est inhabituellement fluide dans le centre-ville. Les rues étaient presque vides.

Ain Bénian

Les émeutes qui ont secoué, mercredi 5 janvier dans la soirée le quartier de Bab El Oued, au centre d’Alger, se sont propagé à d’autres quartiers, notamment à l’Ouest de la capitale. A Cheraga, plusieurs dizaines de manifestants du quartier Kathbane ont coupé dans la soirée la route menant vers le siège du commandement de la Gendarmerie nationale, a-t-on constaté sur place. Les manifestants ont brûlé des pneus et lancé des pierres en direction de la gendarmerie causant d’importants dégâts à leurs véhicules et blindés. Les gendarmes n’ont pas riposté mais les forces de l’ordre ont bouclé le quartier.

A Aïn Bénian, une autre commune de l’Ouest d’Alger, plusieurs dizaines de manifestants sont sortis mercredi soir dans la rue. Ils ont incendié des pneus en scandant des slogans hostiles au pouvoir, selon des témoins joints par téléphone. Là encore, les raisons de la colère sont liées à la cherté de la vie après la flambée des prix ces derniers jours.

Badjarah

Un bureau de poste ravagé, une agence Djezzy saccagée, un grand Bazar attaqué, le climat qui règne depuis la nuit du mercredi à Bachdjerrah est digne d'un film de guerre !
En début de l'après-midi, des jeunes cagoulés et armés de projectiles s'organisent et s'attroupent au niveau du Lotissement "Michel" et du quartier "l'Appreval" à Kouba.
C'est l'embrasement ! A Gué de Constantine, Bachdjerrah et Kouba, un climat de tension terrible caractérise de nombreux quartiers et cités populaires. La colère contre la cherté de la vie et la misère a fait sortir dans la rue depuis mercredi soir des centaines de jeunes exaspérés par leurs conditions sociales déplorables.
De l'aveu même de plusieurs témoins oculaires, les affrontements avec les forces de l'ordre ont été d'une violence inouïe.

Des routes ont été bloquées à coup de pneus brûlés jusqu'à la rue Tripoli de Hussein Dey où pas moins de six entreprises, des bureaux d'études, des sociétés de sous-traitances et de vente de matériel industriel, ont été cambriolées et dévalisées selon elwatan.
Débordés, les forces de police ont été pris pour cible de toutes part par des jeunes qui ont adopté durant toute la nuit la technique de la guérilla urbaine. Et au rythme où vont les choses, rien ne laisse indiquer une quelconque amélioration d'ici la nuit de ce jeudi dans les quartiers chauds la banlieue est de la capitale.

Wilaya de Bejaia

La rue a grondé la matinée de ce jeudi 6 janvier dans plusieurs endroits de la wilaya de Béjaïa où la protestation contre la flambée des prix des produits de consommation s’est propagée comme par effet de contagion.
Exclusivement dans la vallée de la Soummam où l’axe de la RN26 a été barricadé en divers points. C’est le cas, notamment à Akbou, deuxième plus importante ville de la wilaya, où au moment ou nous mettons sous presse une foule de manifestants brûle des pneus au centre ville.
Guendouza, le Piton, la Zone, tout l’axe de la route nationale qui traverse le sud de cette ville est fermé à la circulation automobile par des poubelles, pierres, troncs d’arbres, et autres objets mis en travers de la route dans certains endroits. Les manifestants se sont même pris à l’immobilier public, selon des sources locales, qui notent que la protestation, bien que timide, a commencé la veille avec les jets de pierres sur la voie publique.
Le même climat de tension est perceptible dans la ville voisine d’Ighzer Amokrane où, selon notre correspondant sur place, la route est fermée au niveau de Helouane, à l’entrée ouest de la ville.
Et aussi à Laâzib où la circulation automobile n’est permise que pour des cas d’urgence. Des pneus y ont été également brulés de bon matin. des mouvements de protestation qui se prépareraient dans d’autres localités de la wilaya comme Takriets, à Sidi Aïch, et El Kseur.

Wilaya de Boumerdes

Des centaines de jeunes des communes de Naciria, Bordj-Menaiel et Issers, sont sortit dans la rue aujourd’hui 6 janvier, pour crier leur colère contre l’augmentation effrénée des prix des produits de large consommation.
Les manifestants ont bloqué la RN12 à la circulation automobile à hauteur de plusieurs endroits. Cette vague protestation a été débutée à Naciria, où des dizaines de jeunes ont investi la rue pour exprimer leur mécontentement contre l’indifférence affichée par les pouvoirs publics quant à la satisfaction des revendications relatives à l’amélioration de leurs conditions de vie.
La nouvelle de la fermeture dudit axe a vite fait le tour de la région. Vers midi, des centaines d’autres citoyens de Bordj-Menaiel ont investi le même axe, au lieudit Bousbaâ. D’importants convois des forces anti-émeutes ont été dépêchés sur les lieux de la protestation. Les automobilistes sont restés bloqués dans d’immenses embouteillages.

A Bordj Menaïel, les manifestants et les forces de l’ordre se sont également affrontés dans le centre‑ville. Le tribunal et le siège de la gendarmerie locale ont été saccagés à coups de pierres par les manifestants. Les commerçants ont baissé leurs rideaux dès le début de l’après‑midi. Dans cette ville, la RN 12 a également été coupée à la circulation.

La colère a gagné également les commerçants de la ville. Plusieurs d’entre eux ont baissé rideau en signe protestation contre la hausse constante des prix des produits de première nécessité. A Issers, des jeunes en furie ont dressé des barricades sur la rue Abane Ramdane, en perturbant le trafic routier durant plus d’une heure.
Certains habitants n’écartent pas de voir cette vague de protestation s’étendre sur d’autres communes de la région dans les heures et les jours qui suivent.

Wilaya de Bouira

Des centaines de manifestants de la commune d’Ahnif, commune située à 45 km à l’est de la wilaya de Bouira et d’autres venus des autres localités, sont sortis dans l’après midi de ce jeudi 6 janvier 2011 dans la rue, pour protester à leurs tour, contre la flambée des prix des produits de consommation.

En effet, c’est au niveau du lieudit le carrefour d’Ahnif que les manifestants ont barricadé la route à l’aide des pneus brûlés et autres troncs d’arbres. Dans la matinée de ce jeudi, c’est au niveau de la commune d’El Adjiba que la route nationale a été fermée par des centaines de manifestants, chauffés à blanc.

La circulation a été fermée durant plusieurs heures à El Adjiba avant que les forces antiémeutes de la gendarmerie interviennent.

Hier, la deuxième ville du pays, Oran, a vecu une journée noire d'émeutes et d'affrontements entre les jeunes et les forces de l'ordre. La même chose s'est produite dans la ville de Djelfa.

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Commentaires (71) | Réagir ?

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Abdelkrim Bouzid

Ce cataclysme au sein de la jeunesse méditerranéenne n'était donc pas prévisible. Pourtant, elle devenait inéluctable. Pourquoi? Parce que les techniques modernes sophistiquées de l'information arrosent les zones autrefois isolées et coupées du reste du monde. Ce temps-là est révolu. Quel que soit l'endoctrinement dont a été victime le jeune, il vient de prouver qu'il n'aspire qu'à atteindre l'objectif que vise tout le monde : améliorer son niveau de vie. C'est humain. C'est légitime. C'est d'autant plus devenu urgent que la jeunesse réduite au mutisme veut aller plus loin. Aspirer à obtenir un niveau de vie égal au reste de la planète. Les pays comme la Chine, l'Inde, bien qu'ayant été colonisés relèvent la tête et menacent l'équilibre économique de l'Occident. Cette émergence très récente interpelle certains pays arabes à la traîne. Pourtant, pour la plupart, une richesse gratuite leur est tombée du ciel, le pétrole. Apparemment, le pouvoir despote a paralysé la dynamique, l'esprit créatif, la compétitivité. Bref, un niveau de vie qu'il fallait rehausser a échappé à une population anesthésiée.

Autre problème très important qui se pose autour du Bassin Méditerranéen: concilier démocratie et Islam. C'est une nouveauté. Bien que la religion ait montré au cours des siècles, quelques exemples de tolérance çà et là, il y eut aussi du sang versé comme dans les trois religions monothéistes, hélas!

On n'a jamais assisté à cette confrontation idéologique. C'est l'inconnue. Certes, État Laïque, la Turquie peut servir de modèle dans un premier temps. Ce n'est pas suffisant si l'on veut s'affranchir de tout carcan, il faut aller plus loin. Plus loin? Direz-vous, c'est le danger du matérialisme. Peu convainquant. On en revient aux souhaits des matières grises Tunisiennes des années 50, "Il nous faut passer par un Etat Laïque, pour donner l'essor nécessaire au pays". Vœux bien perçus par Bourguiba. Les successeurs les ont fait avorter. Aujourd'hui, les bouleversements de fond ne sont que que plus honorables pour un peuple de 10 millions d'âmes qui sert aujourd'hui de référence. Le malingre David (la Tunisie) dynamise les multiples Goliath (ou grands Pays Arabes).

Que le ciel fasse trouver rapidement à ces états révoltés un équilibre politique, démocratique capable de promouvoir l'Homme. L'urgence est dans la libre pensée, la libre expression et la libre entreprise. Quand l'individu retrouve sa dignité, il est capable de donner le meilleur de lui-même.

Surtout que l'Algérie ne commette pas l'erreur de la Libye : tirer sur les habitants sous prétexte que laisser le pays aux mains des assaillants (sic le fils Khadafi) c'est voir renaître la guerre tribale. L'Algérie compte aussi des ethnies différentes, il ne faudrait pas qu'elles servent de prétexte pour une répression sanglante. Avis. TM'T- AMIN - AMEN.

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Abdelkrim Bouzid

Situation budgétaire. Pour tous ces pays en voie de démocratisation subsiste un problème économique majeur : l'entretien et le maintien de ses troupes militaires et civiles. Ce surnombre a servi à protéger le système. A l'unanimité, les pays industrialisés ont dû réviser leurs copies et sacrifier le budget consacré aux Services. Cette solution a été indispensable pour relancer la machine; d'abord la dynamique des entreprises créatrices d'emplois. Comment assurer les salaires de contractuels pléthoriques? Jusqu'ici, les Ministères de la Sécurité ont été traités comme les nantis de ces pouvoirs qu'ils soient Algériens, Tunisiens ou autres.... Certes, en période conflictuelle, ces considérations salariales leur reviendrait avec juste raison. Mais en temps de paix, rien ne le justifie. Que les recettes substantielles de l'énergie fossile saharienne ait servi essentiellement à l'entretien de cette armada à tous les coins de rue montrent bien que les Pouvoirs ont dû se protéger par la force. Il aurait été préférable qu'il s'imposât par ses compétences. Des pays comme la Suisse possèdent un minimum de service d'ordre. Le niveau de vie est très convoité. Sur le territoire Algérien, la richesse en pétrodollars très enviée n'a pas eu les retombées vers le peuple. Le temps du bilan est là. Bien sûr, la jeunesse en mouvance éprouve quelque réticence à vouloir imiter ses modèles Tunisiens ou Egyptiens. Elle est confrontée à une force, d'apparence invincible. Pensons au "monstre au pied d'argile". Dans l'histoire des peuples, les exemples ne manquent pas. Cette fragilité s'est confirmée déjà dans deux pays.

En se projetant vers l'avenir, on pressent que la masse populaire ne peut plus être matée comme elle l'a été jusqu'ici, elle va donc imposer sa loi. Laquelle? Le plus simplement du monde, agir pour que les richesses se répartissent autrement. Agir pour qu'un diplômé trouve un emploi. Agir pour qu'un cadre ne fuie pas le pays. Agir pour que la liberté s'instaure. Agir pour que l'on finisse de craindre qu'un jour ou l'autre, on frappe à votre porte pour vous emmener quelque part... Si ces critères perdurent il faut plaindre l'Algérie. Trop de gens désirent quitter le vaisseau tandis que tous les ingrédients sont là pour les retenir : site touristique, richesses naturelles, richesses à acquérir par le travail.

C'est ainsi que bon nombre de médecins algériens, pour ne citer que cette corporation, sont moins payés que le touffion débutant. Les plus courageux ont quitté leur pays pour l'Europe. Ce n'est pas du défaitisme de leur part, c'est une simple constatation qui montre leur désarroi. Eux, par contre, ont montré leurs compétences. Ils sont appréciés dans les hôpitaux, les cliniques. Quand la "Matière Grise" déserte, il faut s'attendre à de sombres périodes. Il faudra de la cohésion sociale, du courage et de l'espoir pour sortir le pays du marasme. Surtout, n'écoutez pas les prédicateurs de la Bonne Parole. La France a trouvé son essor économique en 1905. Quand il y a eu séparation de l'Eglise et de l'Etat. Il ne s'agit pas de prêcher pour un athéisme. L'homme aidé de sa religion peut devenir transcendant. Ces propos n'incite pas à la rébellion, ils doivent inspirer les Responsables pour changer de cap le plus vite possible.

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