De ktabet cinima au kamis…Moi, je reviens à Blek le roc !

De ktabet cinima au kamis…Moi, je reviens à Blek le roc !
L'Algérie est toujours là mais posons-nous une petite question: quelle est la représentation d'une Algérie indépendante avaient nos concitoyens lorsqu'ils ont déclenché la guerre de libération nationale? Une Algérie arabisée et islamiste, une Algérie démocratique à la française, une Algérie à l'égyptienne,...? Mettez-vous à la place de Messali El Hadj, de Abane, de Yacef Saadi, de qui vous voulez en fin de compte.

Premier modèle (que moi j'ai vécu) : Bab El oued juste dans la fin des années 70( nous ne sommes pas avant 1962) :

« Je descends avec mes trois copains de Notre dame D'Afrique en Trolleybus. Je demande l'arrêt au chauffeur car cet arrêt-là est facultatif (l'arrêt à l'extérieur en porte la mention). Le Trolley s'arrête au terminus. Nous allons du côté du café l'Olympique pour voir le tableau des résultats sportifs. On remarque que juste en face de la station de taxi, des copains du quartier , prenaient des bières. ON s'est barré parce que nous n'avons pas le même âge (lakdar kho!!) Les taxis peints en jaune et les chauffeurs en uniforme attendaient qui voulait monter. On se demandait quel film on allait voir et quel cinéma: Atlas, Marignan, Variétés, Plaza , la Perle, Monciné, Richelieu ...Pourtant, il y avant « Le Bon, la Brute et le Truand». Non, on décide d'aller au centre ville, pour draguer et peut-être se prendre une bonne frite et une bière au Bar Marhaba de la Rue Charras (Hamani). On verra le film en deuxième matinée ou en soirée. On était lycéen et on parlait de nos copains qui allaient passer leur bac en sciences ex. ou en maths en français. En route , on s'arrête chez un buraliste ( Rue d'Isly en face du Milk Bar) et on se paie à 0,55 dinars le dernier Blek et un Zembla. L'un des copains s'achète un Salut les copains et un disque de Gérard le Normand (45 tours). On nous a dit que cette semaine, au Casif à Sidi Ferruch, on attend Nana Mouskouri et Frédéric François. L'un des copains nous dit que son grand frère (22 ans) va aller en Pologne puis en Espagne en fin de semaine (Pas de Visa)....»

Ce que je décris est vrai et se résume en : bilinguisme, cinéma, théâtre, voyages, football, études, les fêtes, la drague, ktabat cinima (les illustrés)...

Avec une dictature en arrière-plan et un régime socialiste à la cubaine. On n'aimait pas nos gouvernants mais on aspirait à un meilleur idéal. On ne traversait pas la méditérannée en flouka. Bien au contraire, on ne voulait pas rester en France.

Aujourd'hui, un autre modèle et une autre réalité qui plaît à beaucoup: kamiss, les halakates, les barbes, les foulards avec fesses en l'air, les journaux en arabe, la bouffe partout, le pain dans la rue, le trabendisme, violence, aucune vie culturelle à part la mosquée et les livres de religion musulmane.

Alors à nous tous de voir le modèle à choisir.

Excusez-moi, je reviens à Blek le Roc !

El-Barani

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Commentaires (73) | Réagir ?

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yacine brahami

À travers ce texte, on est emporté dans des souvenirs d’enfance et de jeunesse. Maudit à celui qui ne nous aime pas, comme le dit notre grand dramaturge Slimane Benaissa lorsqu’il raconte la vie de son grand-père à travers l’histoire algérienne. M. El Bérani, non seulement vous avez la plume, mais vous avez aussi de l’imagination et de l’humour. L’époque que vous évoquez semble heureuse, mais mal au point dans certains de vos passages. On ne sait pas s’il faut rire ou pleurer quand vous nous mettez des menus de deux générations totalement distinctes l’une de l’autre. À mon avis, la première génération dont vous faites partie est tout à fait la réponse à une vie en liberté avec les moyens de bord que vous aviez. Après l’indépendance, tous les Algériens étaient conviés à vivre dans la fierté, le respect et l’entraide sans trop se soucier de la religion et cela se passait sans trop de douleurs ni de remise en cause du choix de chaque algérien. Alger était l’Algérie. Tout était créé par les Algériens, nous n’avions même pas besoin de copier les orientaux qui occupaient une partie de notre culture (Farid el Atrache, Abdelhalim Hafez, et les films hindous) même les Kabyles se sont arabisés pour occuper des postes dans le public et l’éducation. Chacun s’y trouvait une place à sa propre convenance, l’Algérie tout entière vivait à sa manière, rien de plus. De L’Occident et de l’Orient, nous savions en tirer profit en gardant notre Algérianité. Pour ce qui concerne, la deuxième génération que vous évoquez avec mépris mérite cet attribut, car je rejoins la description que vous faites sur eux. C’est une génération qui vit dans le doute et le malheur. Les jeunes hommes en particulier conjuguent avec le terrorisme, la corruption à outrance, le viol, etc. Ils sont croyants musulmans, certes, mais la religion qu’ils pratiquent malheureusement ne veut pas d’eux et fuit de leur raison. M. El berani, continuez d’écrire.

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somais

quelle belle nostalgie, ou plutôt bons souvenirs d'un temps révolu. je ne suis pas Algérienne mais mariée à un Algérien depuis 38ans!Ou boire un Jus d'or à une terrasse au centre ville était un plaisir se balader au parc Saint Raphaël avec ma fille de 2ans était possible, faire un voyage de 3 semainesentre Tizi-Ouzou en passant par Setif, Batna, les gorges du Rouffi, El-Oued, Gardahia, etc... et retour par l'autre côté a été fait avec décontraction et sans peurs nous avons dormi dehors dans les dunes, dans les champs, avont mangé chez l'habitant toujours content de partager un bon moment avec le voyageur tout ça c'était en 1974. Je suis revenue des dizaines de fois en Algérie et je l'ai vue s'éfondrer, jusqu'oû ira-t-elle?? Je suis tiste et pessimiste pour son avenir.

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