DEBAT : La fin de l'empire américain (3ème partie)

DEBAT : La fin de l'empire américain (3ème partie)

4- La fin des “déficits sans pleurs“

Les Etats-Unis sont entrain d’accumuler des déficits tels qu’ils sont en train de mettre en péril l'économie mondiale. Leur balance courante a accusé un déficit cumulé de 10.000 milliards de dollars en 2008. D’ici la fin 2009, pour financer leur système bancaire, le secteur de l'assurance, le secteur automobile, les Etats-Unis vont devoir s’endetter de 2.000 milliards de dollars supplémentaires. N'importe quel autre pays du monde avec de tels déséquilibres de ses comptes, aurait connu la banqueroute. Pourquoi pas les Etats-Unis avec leur billet vert que tous les habitants de la planète, de l'Afrique à l'Asie en passant par la Russie, voulaient détenir. "C'est comme si les Etats-Unis avaient eu dans leurs mains la pierre philosophale“ ?

Tout d’abord, les Etats-Unis n'auraient jamais pu vivre avec ce privilège exorbitant permettant "des déficits sans pleurs", s'ils n'avaient pas imposé leur dollar comme monnaie de référence lors des accords de Bretton Woods, s’ils n’avaient pas forcé les banques centrales du monde entier à détenir ses dollars dans la composition de leurs réserves sans aucune contrepartie, s’ils n’avaient pas imposé leur dollar sur le marché des changes, du pétrole, des métaux, dans le commerce mondial. Ce privilège qui leur permet de s'endetter sans (pour le moment) en payer toutes les conséquences. On s'attendrait en effet, à ce qu'un pays endetté vis-à-vis du reste du monde verse des intérêts sur cette dette. Ce n'est pas le cas, les Etats-Unis ont toujours reçu du monde plus d'intérêts et de dividendes qu'ils n'en ont payé. Comment est-ce possible ?

La dette nette américaine est la différence entre tous les avoirs des étrangers aux Etats-Unis (le passif) et leurs avoirs dans le monde (l'actif). Mais leur actif et leur passif diffèrent fondamentalement. Leur passif est surtout constitué de bons du Trésor, or la finance prédatrice manipule ces bons de trésors, avec cynisme et perversité. Contrairement à ce que l’on veut faire croire, ce n’est pas l’Etat qui demande à la FED de monétiser (transformer en argent) ses bons de trésors, mais c’est la FED, qui en plus de la masse monétaire de dollars qu’elle a mis en circulation avec la complicité de l’Etat, sans aucune contre partie, ordonne, selon les nécessités, au trésor du gouvernement des Etats-Unis de lui prendre ses billets fraichement imprimés contre des obligations que sont les bons de trésor, sur lesquels elle perçoit en plus des intérêts annuels. “C'est du blanchiment d'argent rémunéré“ .Ces bons sont par la suite refourgués aux banques centrales du reste de la planète avec des taux d'intérêt faibles (proches de 0%).
Du côté des actifs, il s'agit de manière prédominante d'actions sur les marchés boursiers et d'investissements faits par les multinationales américaines. Plus risqués, ces avoirs ont des rendements élevés. La différence entre le taux auquel ils empruntent et le rendement de leurs investissements est quand même plus de 3 %. Les Américains empruntent donc à taux faible pour consommer, mais aussi pour investir dans le reste du monde sur des actifs plus rentables. Ils reçoivent ainsi plus de dividendes de leurs investissements à l’étranger qu’ils ne paient d’intérêts sur leurs dettes. La différence de rendement entre des actions et des obligations explique donc que les Etats-Unis restent, en dépit de leurs déficits, des investisseurs bénéficiaires. Comme la Rome de l’empereur Vespasien, “ l’Amérique mercenaire“ parvient à faire payer à ses vassaux la protection qu’elle leur procure, quitte à jouer très classiquement sur ses taux d’intérêt pour maintenir la situation à son avantage.

Le privilège américain ne s'arrête pas là : grâce à l'hégémonie du dollar, ils empruntent dans leur monnaie, mais environ 70 % de leurs actifs étrangers sont en monnaie étrangère. Lorsque le dollar se déprécie, la dette nette est automatiquement réduite. Le bénéfice est substantiel : une dépréciation de 10 % aboutit à un transfert en faveur des Etats-Unis de près de 6 % du PIB américain, c'est-à-dire le montant du déficit annuel de la balance commerciale ! Pour tout autre pays, le remboursement de la dette obligerait à consommer moins et produire plus pour le reste du monde. Parce que les étrangers ont accepté de prêter en dollars aux Etats-Unis, l'ajustement via une dépréciation du dollar sera rendu moins douloureux. Cet ajustement présente l’avantage de reporter les coûts sur le reste du monde, puisqu’il revient à prendre de la croissance, des emplois et de l’épargne chez les autres. Par ces procédés, la finance prédatrice est non seulement entrain d’asphyxier toute une nation dans l’étau de l’endettement, elle est en train de siphonner toute l'épargne mondiale. Par ailleurs, les Américains consomment plus qu'ils ne produisent. Pour cela, ils importent plus 50% de biens qu'ils n'en exportent et, chaque année, ils doivent donc emprunter davantage au reste du monde. Réduire cet écart est quasi impossible en raison de l’absence de compétitivité des produits américains sur les marchés mondiaux et ce malgré la dépréciation du billet vert. Comme un toxicomane l’est de la drogue, les Etats-Unis sont devenus totalement dépendants des entrées de capitaux étrangers pour financer leurs déficits. Et ce sont les investisseurs internationaux qui, par leurs acquisitions de bons du Trésor américains, financent leur train de vie. Plus de 18 % de la capitalisation boursière des actifs américains à long terme, et 42 % du stock de bons du Trésor sont détenus par les étrangers.

Les Etats-Unis ont le privilège exclusif d’emprunter dans leur propre devise et la possibilité de dévaluer leur dette. Ils ne se sont pas privés de le faire. En faisant tourner la planche à billets verts, la caste gouvernante paie ses importations en monnaie de singe. Aucune autre nation n’a cette prérogative. Mais voilà. Avec la crise des subprimes, avec la défaillance des grandes banques d'investissement de Wall Street, avec la création de l'euro et l'envol de la Chine, cela commence à sentir la fin de règne pour l'étalon-dollar. Pour les Etats-Unis, le temps des "déficits sans pleurs" touche à sa fin.

5- Effondrement du dollar

La période où le dollar était la valeur refuge est révolue. Aujourd'hui, il ne vaut plus rien. C'est de la fausse monnaie. Mais cette fausse monnaie est massivement en dehors des Etats-Unis. Un peu partout. Dans les pays producteurs de pétrole (les pétrodollars), en Europe (les eurodollars), en Amérique du Sud et, plus récemment, en Russie et surtout en Chine qui fait payer presque toutes ses exportations en dollars. Nous allons assister à une baisse inéluctable du dollar. Normalement un dollar faible devrait favoriser les exportations américaines et pénaliser ses importations. Or, plutôt qu’à un rééquilibrage des comptes, on assiste au creusement de déficits qui soulignent les fragilités structurelles de l’économie américaine et l’échec de la politique de réduction “par le marché“ du déficit extérieur. D’où l’inquiétude des détenteurs de billets verts, et en particulier celle des banques centrales, qui, jusque-là, portaient le dollar à bout de bras. Les Etats Unis vont sans cesse imprimer des dollars pour financer la relance de leur économie. Ces billets fraichement imprimés vont être échangés en bons de trésor par la réserve fédérale qui va les mettre sur le marché pour être acquis par des investisseurs étrangers et des banques centrales. Qui en voudra d’autant que les pays qui en détiennent des quantités considérables tels que la Chine (environ 1 900 milliards), la Russie (270 milliards), Hongkong (150 milliards) sont devenus otages des Etats Unis et s’inquiètent désormais de la sécurité de leurs actifs en dollar ?. Ils exhortent les États-Unis à “rester une nation crédible“. Aux abois, ce pays pourrait-il le rester ?

Si la Chine a arrimé en 1994 sa monnaie, le renminbi, “monnaie du peuple“, (nom officiel du yuan) au billet vert, et a fait cause monétaire commune avec les Etats-Unis jusqu’à maintenant, c’est parce qu’un dollar fort lui a, en effet, permis jusqu’à présent de maintenir sa compétitivité face à l’Amérique, et de l’accroître face au reste du monde.
Quant aux pays arabes et plus particulièrement les pays exportateurs de pétrole, c’est contraints et forcés que leurs monnaies soient soumises à cet arrimage, et c’est ce qui a permis jusqu’à présent à l’Amérique en plus de contrôler sur place les robinets de leur pétrole, à soumettre à distance tous leurs avoirs à l’étranger. La chute du dollar va se transformer en une déroute complète de l’économie mondiale. Il suffit que les Chinois décident de faire monter la part d’une autre monnaie convertible et faire baisser la part du dollar dans leurs réserves pour que cela ait des conséquences extrêmement importantes. Dans les pays les plus vulnérables tel que l’Algérie dont l’économie est construite sur la rente pétrolière, cette situation va provoquer des craquements extrêmement brutaux. Les recettes d’argent générées par l'exportation du pétrole (99%) vont fondre comme neige au soleil. Le monde est devenu malade de la monnaie américaine, plus encore que de sa finance, malade de ce système d'étalon-dollar sous lequel l'économie mondiale vit depuis plusieurs décennies, et qui a permis aux Etats-Unis de se livrer à cette débauche de crédits, de dettes et de déficits. A cet effet, les Chinois et les Russes sont en train d’activer pour une mise en place d'une monnaie internationale de réserve qui n'est la monnaie d'aucun pays. Cette monnaie serait gérée soit par un FMI modifié, soit par un autre comité quelconque. Les pays utiliseront des droits de tirages spéciaux (DTS). Mais le problème est que, comme tout le monde le sait, les Etats-Unis ne veulent sous aucun prétexte de cette solution, déjà proposée par De gaulle en 1964, car ils veulent conserver aussi longtemps qu'ils le peuvent le dollar comme devise de référence.

Dr Anis Aboumanel ( Forum démocratique)

à suivre : 6- Effondrement de l’économie américaine

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Commentaires (3) | Réagir ?

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Arezki

Pourquoi la fin de l'empire US ?

A cause de la crise finançiere ?

Tous và pour le mieux, moi je pleure pas pour l'oncle same, tout nous viens de chez eux, donc je pleure plutôt pour ma tres cher Algerie.

Bon courage à tous tamurth. fr

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