La France, comme les Etats-Unis et l'Allemagne, n'enverra pas de message de félicitations à Mahmoud Ahmadinejad, reconduit à la présidence iranienne à l'issue d'un scrutin controversé, a-t-on appris mardi à l'Elysée.

"Il n'est pas prévu d'envoyer de message de félicitations", a-t-on indiqué à la présidence de la République en réponse à la question de savoir si Nicolas Sarkozy prévoyait de féliciter le chef de l'Etat iranien.

On ajoute de même source que, comme les autres pays de l'Union européenne présents en Iran, la France sera représentée mercredi par son ambassadeur à la cérémonie de prestation de serment de Mahmoud Ahmadinejad.

Auparavant, la chancelière allemande Angela Merkel avait annoncé qu'elle n'enverrait pas ses félicitations au vainqueur contesté de l'élection du 12 juin en Iran et la Maison blanche avait indiqué que Barak Obama n'avait aucune intention de le faire.

Ceci appelle à de brefs commentaires :

1.- Ne pas envoyer un mot de félicitation, quoi qu’on en pense par ailleurs, exprime une offense grave.. Les Iraniens ne l’oublieront pas.

2.- On peut ne pas envoyer de lettre de message de félicitation. Importait-il tant de le clamer ?

3.- L’« hypocrisie » diplomatique a toujours voulu que le dissentiment ne pèse pas sur la bienséance qui convient aux relations entre Etats, quels que soient les divergences qui les séparent. De plus, cela permet de gérer les conflits au lieu d’adopter une posture d’adolescent immature. Les hommes responsables n’insultent jamais l’avenir : l’« Empire du Mal » d’aujourd’hui peut devenir un allié demain. Toute l’histoire des relations internationales en témoigne. Plus récemment, pendant la « Guerre Froide », jamais mouvement d’humeur n’a induit la moindre rupture entre belligérants virtuels, y compris (et surtout) pendant les crises.

4.- Demander à son ambassadeur de représenter la France à une cérémonie solennelle qui revient à honorer l’homme et l’événement, peut paraître inconséquent. L’hypocrisie n’est sans doute pas une vertu. Toutefois, la realpolitik ne dispense pas de la cohérence. Après le refus ostentatoire de féliciter, la logique suggère le rappel de son ambassadeur en attendant la rupture des relations entre les deux pays. Ainsi la solidarité des dirigeants français (tardive) avec leurs amis américains - et accessoirement israéliens - aurait été plus éloquente.

5.- Les Etats-Unis vont un jour rétablir leurs relations « amicales » avec Téhéran et en retireront tout le profit. Les Allemands qui n’ont ni diplomatie, ni politique extérieure, mais un commerce et des produits de qualité engrangeront les bénéfices d’un marché qu’ils n’ont jamais vraiment délaissé. Seule la France, elle qui n’a plus de politique étrangère ni d’entreprise performantes et qui de surcroît - sans que personne ne lui ait demandé - participe d’un conflit qui n’est pas le sien, y laissera des plumes.

Un jour peut-être les Français cesseront d’être « des veaux » (Carolus Magnus – alias Big Charles - dixit) demanderont des comptes à des dirigeants qui ont si mal défendu les intérêts de leur pays.

Djeha
Mardi 04 août 2009