Le nucléaire algérien et le bavardage de Chakib Khelil (3ère partie)

Le nucléaire algérien et le bavardage de Chakib Khelil (3ère partie)

Douze grandes entreprises européennes, en majorité allemandes, ont crée un consortorium de bureau d'études. Un bureau doté d'un budget de 1,8 million d'euros pour élaborer des plans d'investissement réalisables au cours des trois prochaines années sur l’énergie solaire en provenance du monde arabe et probablement d’Afrique (pour le moment les pays d’Afrique noire n’y figurent pas dans le programme ‘Desertec). Le consortium fondé est mené par le réassureur Munich Re et la fondation Desertec. Il rassemble les géants allemands de l'énergie E.ON et RWE, la Deutsche Bank, le conglomérat Siemens, des fabricants de solaire comme l'espagnol Abengoa Solar, et enfin le groupe agro alimentaire algérien Cevital. Le projet, devisé à 400 milliards d'euros (environ 600 milliards de francs), doit permettre à l'Europe d'obtenir une importante source d'énergie non polluante et lui permettre donc de diminuer ses émissions de gaz à effet de serre et aussi sa facture. Reste que ce projet porteur d'avenir pose encore de nombreuses questions, comme les lieux d'implantation de ces installations, le coût du courant produit, le bénéfice qu'en tireront les pays arabes, le manque de stabilité politique dans presque toutes les régions productrices et, même, le financement de ce projet.
Reste aussi à connaître l'implication des Etats et ce même si la chancelière allemande Angela Merkel et le président de la Commission européenne José Manuel Barroso ont chaudement salué l'initiative. Car Angela Merkel a aussi exprimé ses doutes quant à la participation d'autres pays européens que l'Allemagne, car à présent les opinions des 27 divergent sur l’adoption d’une politique énergétique globale de l’union. A savoir que le projet «Desertec», d’un coût global de 400 milliards d'euros, vise à fournir, d'une manière durable aux pays de ‘zone d’ombre’ de l’énergie solaire gratuitement à partir d’un monde plus ensoleillé, mais mal éclairé. Le procédé industriel de ce moyen de se procurer de l’énergie ‘facile’ porte sur la production d'énergie électrique par des centrales thermiques solaires. Soustraire massivement de l’énergie à la nature sans penser aux conséquences écologiques qui peuvent être dramatiques pour les pays qui habiteront ces champs de verre.
Le projet Desertec prévoit aussi des parcs éoliens au large de cette région d'Afrique et du nord, notamment sur les cotes pour diminuer de peu la vitesse du vent. alors que l'énergie soustraite à la nature devrait être transportée aux centres de recharges européens par des lignes de transport de travées de haute tension et de courant direct (HVDC).Le projet prévoit aussi la construction de plusieurs centrales solaires de taille moyenne entre 50 et 200 MW sur une vingtaine de sites s'étendant du royaume du Maroc au royaume d’l'Arabie saoudite, les européens veulent diversifier leurs points d’approvisionnement dans des lieux amis. Le coût de cet investissement a été estimé à 400 milliards d'euros jusqu'en 2050, dont 350 milliards d'euros pour la construction des centrales et 50 milliards pour les lignes de transmission nécessaires, selon Siemens. Mais cela mettra des années pour convertir totalement leur mode énergétique, passer du fossile au solaire ce n’est pas tache facile, alors que la pénurie de l’énergie conventionnel s’annonce pour demain. Cela risque que ce chantier-fiction de reconversion des énergies risque de ne pas être achevé à temps.
Alors à cet effet, nous interpellons les responsables de tenir bon face aux tentatives européennes qui cherchent à détruire notre développement certaine par l’énergie conventionnelle (fossiles et fissile) que nous possédons en abondance. Développé pour la première fois dans les années 1970, le concept «Desertec » a été relancé à partir de 2000 et fait actuellement l'objet «d'intenses débats», au niveau européen. Les premiers essais complets du projet Desertec, ça se passe ici chez nous en Algérie à la centrale hybride de Hassi-R’mel, alors nous devions être les premiers à bénéficier de la plus grande cote part du projet Desertec. Le Maroc enfant gâté de l’union européenne vient de bénéficier trois (3) fois plus de centrales de concentration que l’Algérie qui possède une surface fortement ensoleillée six (6) fois plus grande que celle du Maroc. C’est une manière de l’impérialisme européen d’investir dans les conflits entre pays frères ? Dans le même sens que le premier, une nouvelle initiative de complémentarité «Desertec II», qui comprendra un nombre d'entreprises de renom, a été mise en place avec pour objectif de développer, à moyen terme, «un concept technique et économique pour l'énergie solaire de l'Afrique», a-t-on expliqué. D'après des données contenues dans l'étude, la production mondiale d’électricité devrait passer de 21.000 Térawatt/heure (TWH) en 2008 à 37.000 TWH en 2030. Le transport de l’électricité jusqu’à l’Europe en serait notamment la raison, compte tenu qu’acheminer 1 GW coûte environ 250 millions d’euros sur 1000 km. Pour l’instant, le projet ne serait donc pas rentable, mais les experts misent sur la raréfaction annoncée des énergies fossiles ou le prix du baril de pétrole dépassera les de 400 dollars, le baril pour s’assurer que ‘Desertec’ sera rentabilité. Dans pas moins de 20 ans, peut être l’idée se murira et l’électricité solaire pourrait ainsi être l’une des plus intéressantes pour l’occident industrialisé. Quant à la technologie utilisée, il s’agirait de l’énergie solaire thermique : des miroirs paraboliques produisent de la vapeur d’eau à très haute température et sous forte pression, ce qui va actionner une turbine à vapeur attelée à un générateur pour produire de l’électricité.
Le projet Désertec, ne pourrait être réalisé avant la mise en marche de l’Union pour la Méditerranée et l’effacement de tous les litiges politiques qui oppose les européens au reste du monde ensoleillé ; le Sahara occidental, la reconnaissance d’Israël par l’entité arabe, la reconnaissance de la souveraineté des pays africains etc. En effet dans ce projet, les contraintes ne sont pas seulement techniques, elles le sont aussi politiques: l’Europe devrait prendre une position claire envers le monde arabe et africain et traiter les problèmes communs avec équité, s’abstenir de soutenir les agressions israéliennes contre l’Etat Palestinien, l’Iran, la Syrie et le Liban. Du point technique des entraves suivantes devront être levées ; d'une part, les centrales doivent être installées dans des pays stables politiquement pour garantir la sécurité de l'approvisionnement européen en électricité; d'autre part, il faut trouver les moyens de financer des investissements colossaux, d'autant que le projet est supposé pouvoir s'autofinancer à long terme. Au départ, il aura bien entendu besoin d'une sécurité d'investissements, par exemple une garantie d'achat à un prix fixé, sachant que l'électricité ne doit pas être subventionnée pendant toute la durée. Desertec doit remplacer l’utilisation de l’énergie fossile et fissile évaluée à environ 18 000 TWh/an) par le solaire en si peu de temps? Mais Desertec ne se limitera pas à la production d’énergie : il participera aussi au développement des pays d’accueil grâce à la création de milliers d’emplois grâce à la construction d’usines de dessalement d’eau de mer pour les populations. En complément, il est prévu d'exploiter l'énergie éolienne le long de la côte marocaine et en Mer Rouge, et d'utiliser d'autres techniques solaires telles que le photovoltaïque concentré. Conclusion Les gisements d’énergies fossiles (charbon, pétrole et gaz) et fissiles (uranium), même les plus extrêmes, ne représentent quant à eux que quelques dizaines d’années au rythme de leur consommation actuelle, et comme cette consommation ne cesse d’augmenter avec notamment la soif des « économies émergentes » des pays les plus peuplés de la planète (Chine, Inde, Brésil) à imiter nos propres comportements, l’échéance de leur épuisement ne cesse de se rapprocher. L’énigmatique projet ‘Désertec’ sur lequel l’Algérie pense bâtir son futur énergétique est à écarter pour le moment, l’énergie nucléaire reste la seule solution durable pour la continuité de notre développement de l’après-pétrole.

Y. Merabet

Expert en énergie Algerian Society For International Relations

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Commentaires (5) | Réagir ?

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atuelpa yupanqui

J'imagine que les initiateurs du projet Desertec sont des gens serieux. Puisque comme le dit notre expert en energie les gisements d'energie fossiles sont appelés à se rarefier, l'energie nucléaire ne peut constituer une solution durable... cet "enigmatique" projet Desertec merite du coup notre interêt... Il n'est pas interdit d'envisager le nucléaire comme solution transitoire et developper le solaire en parallele... C'est à dire sans rien ecarter du tout, d'autant qu'à en croire notre expert cet "enigmatique"projet est prometteur... Donc nous pouvons tabler sur l'un et sur l'autre. Mr Dehbi, tres réaliste, lui parie sur l'eternisation des conflits au moyen orient pour defendre la filière du gaz. (Comme quoi le malheur des uns fait le bonheur des autres). Mais des questions me turlupinent:Ne soustraie t on pas de l'energie à la nature depuis toujours?En quoi les consequences de la soustraction par voie solaire peuvent elles être plus dramatiques que celles des energies fossiles (marées noires, pollutions au gaz, Chernobyl....) ?

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Bey Mustapha BEBBOUCHE

L’article de l’auteur est bien documenté et personnellement je remercie Monsieur Merabet pour ce travail ; cependant, les idées développées manquent de cohésion.

Tout d’abord, l’énergie solaire n’a aucune conséquence écologique dramatique comme il dit ; dans la mesure où les champs de verre seront installés dans des endroits désertiques du Sahara et donc non habitables. Il n’est nullement question de passer du fossile au solaire car le fossile comme le solaire seront nécessaires pour tous les développements. Bitumer des autoroutes nécessitera toujours du pétrole et des raffineries mais allumer ses lampadaires, le solaire fera mieux l’affaire.

Dire qu’il y aura dans un proche avenir une pénurie de l’énergie conventionnelle est une pure utopie (souvent entretenue à dessein).

Car si nous prenons le cas de l’Algérie, la quantité d’énergie fossile qui se trouve dans les gisements cumulée aux dernières découvertes dépasse et de loin toutes les quantités exportées et consommées par le pays depuis l’indépendance à ce jour ; et cela ne représente que 6% du domaine minier exploité. L’Algérie possède en abondance le fossile et le soleil. L’idée de développer l’énergie solaire est une excellente chose ; et le monde en a grand besoin. Après l’explosion de la centrale nucléaire de Tchernobyl en 1986, et les conséquences dramatiques qui ont en suivi, l’Allemagne s’est engagée devant ses citoyens à démanteler toutes ses centrales nucléaires dans les 20 années qui suivent l’affaire de Tchernobyl. Quand Monsieur Merabet dit, je cite : «l ’énergie nucléaire reste la seule solution durable pour la continuité de notre développement de l’après-pétrole » démontre clairement que l’auteur défend les intérêts économiques de la France et non ceux de l’Algérie car la France cherche à placer ses centrales nucléaires à travers le monde au moment où le nucléaire est rejeté par toute la communauté internationale à cause de ses problèmes de sécurité et d’enfouissement de ses déchets. Le nucléaire n’a aucun avenir ; le solaire détrônera toutes les autres sources d’énergie. Avec l’énergie solaire point de pollution, point de taxes sur l’émission de carbone, point de réchauffement climatique, point de fonte des glaciers, point d'inondations, point de pollution des mers, des plages et des océans par les pétroliers et reconstitution de la couche d’ozone protectrice de la terre : en un mot une vie écologique.

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