Algérie - France : le passé permanent et le commerce

Algérie - France : le  passé permanent  et le commerce

Chaque fois qu’un événement surgit entre l’Algérie et la France, chacun convoque sa mémoire et comme nous sommes les héritiers de mémoires contradictoires, il est dans l’ordre des choses que les réactions respectives soient marquées de cette conflictuelle densité. L’expérience historique des réconciliations entre les nations enseigne cependant que les Etats portent l’essentiel de la responsabilité dans la définition des formes et et la mise en place des outils : une volonté sincère, des objectifs partagés et un calendrier rigoureux et concerté.
Ainsi, le Président Bouteflika, prenant un risque calculé de politique intérieure, s’est rendu à Verdun en juin 2000 et à la célébration des festivivités du débarquement de Provence en Août 2004. Des gestes très forts, en début de mandats, auxquels on peut ajouter ces dernières années des contrats politiques en matière d’acquisition d’équipements ou encore l'engagement dans la sécurité d’approvisionnement de la France en gaz naturel par des contrats à long terme. Cette attitude, qui peut paraitre en décalage avec le discours politique en Algérie, renseigne autant sur la réalité du poids de la France en politique intérieure algérienne que sur le pragmatisme des dirigeants algériens résolus à ne pas rester les otages d’un passé permanent.
Ceci n’est pas nouveau, tous les chefs d’Etat qui se sont succédés depuis l’indépendance ont cherché avec beaucoup de réalisme et des fortunes diverses à normaliser les relations avec la France.

En France, les efforts du président Chirac pour un Traité d’amitié et les déclarations courageuses, en mai 2005, de l’Ambassadeur Hubert Colin de Verdière sur les massacres du 8 mai 1945 ont marqué des moments d’espoir dans la refondation annoncée des rapports entre les deux pays.

Aujourd'hui, Il est difficile de croire qu’en France quelques nostalgiques rapatriés pèsent si lourdement au point de faire adopter des lois scélérates ou d’infléchir une relation stratégique régionale de la France, à moins d’admettre que ces excités reflètent le sentiment dominant dans la classe politique française, dans les institutions et dans les médias. Si tel est il n’y a rien d’autre à attendre que des déclarations de circonstance d’une génération de politiques qui n’ont pourtant pas servi pendant la guerre d’Algérie. Ils devront pourtant admettre que cette entreprise de déligitimation d’un des fondements de son Histoire est un des motifs d'une radicalisation lente mais certaine de l’opinion publique algérienne sur la question de la mémoire.

Mais peut-on valablement imaginer les relations algéro-françaises autrement qu’avec cette charge émotionnelle soutenue par une guerre de 130 ans et une colonie de peuplement ? Est–il venu le temps où le devoir de vérité doit s’imposer pour parachever la thérapie du peuple algérien contre les traumatismes subis ? Si la volonté politique est présente sincère et soutenue, il est possible et dans l'intérêt des des deux pays de construire ensemble l’avenir. Le reste n’est que commerce sous toutes ses formes.

Abdelaziz Rahabi
Ancien Ministre

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abdelhak benyoucef

Le colonel algérien Mohamed Samraoui, ex-numéro deux du Département du renseignement et de la sécurité (DRS), revient sur les allégations de l'émir du GIA Abdelhak Layada concernant le Maroc.

ALM : M. Samraoui, dans un entretien publié récemment par le quotidien algérien El Khabar, Abdelhak Layada prétend encore une fois que le Maroc soutenait les actions du GIA. De ce fait, il dément avoir été arrêté au Maroc et qu'il était hébergé au Palais royal. Quel est votre commentaire ?

Mohammed Samraoui : Les lecteurs du quotidien El Khabar -et les Algériens d'une manière générale- ne sont pas dupes, ils savent parfaitement que le sieur Layada est en train d'affabuler.

Son arrestation au Maroc en 1993 a suscité une grande panique au sein du cercle des décideurs algériens, à tel point que le général Smain Lamari s'était déplacé à Rabat pour négocier secrètement son extradition. Devant le refus de Driss Basri d'accéder à sa doléance, le général Khaled Nezzar, ministre de la Défense de l'époque et homme fort du régime (il était membre du Haut Comité de l'Etat, une structure fictive qui possédait les attributions de la Présidence de la République), a sollicité une entrevue avec feu Hassan II et a finalement réussi à récupérer Abdelhak Layada avant qu'il ne passe aux aveux.

D'ailleurs au cours du même entretien, l'ex-chef du GIA évoquait ses rapports avec les généraux Khaled Nezzar et Brahim Fodil Chérif, que dire de plus si ce n'est qu'ils appartiennent tous à la même catégorie : des criminels en uniforme pour les uns et des criminels en qamis pour les autres. Cette sortie médiatique d'un terroriste qui revendique pleinement ses actes criminels démontre une fois de plus la manipulation orchestrée par les décideurs qui se servent des islamistes en tant qu' épouvantail qu'ils agitent pour faire peur aux forces démocratiques.

Pour mémoire, je dois rappeler que Layada avait assisté en août 2007 à l'enterrement du général Smain Lamari. Connaissez-vous des victimes qui pleurent leurs bourreaux? Autre question qui mérite d'être soulevée : d'où vient la fortune de Layada à Baraki alors qu'il était en 1993 un minable tôlier ? Tout commentaire serait superflu.

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mourad

Lisez ces declarations parues au journal "Le Jour d'Algerie" d'un egorgeur d'enfants et vous verrez qui sont les patriotes et qui sont les harkis" aujourdh'hui.

Dites moi ou sont ils ?

Graves révélations de Abdelhak Layada

«La France nous aidait à fomenter un coup d’Etat»

«Nous préparions un coup d’Etat pour renverser le gouvernement en 24 heures avec l’aide de la France. Ce coup d’Etat allait marcher mais a échoué avec le décès de Mohamed Boudiaf.

La conjoncture était favorable et l’Etat était très faible à l’époque». Ce sont de graves révélations qui ont été faites hier par Abdelhak Layada, premier «émir» national des groupes islamiques armés (GIA) quant au «rôle de la France» dans le terrorisme en Algérie. Cet élément-clé dans l’affaire des 7 moines de Tibhirine, assassinés en 1996 par les GIA, dirigés à l’époque, par Djamel Zitouni, réitère ses propos selon lesquels ce sont ces groupes armés qui ont assassiné ces religieux, en donnant cette fois d’autres informations de nature à s’interroger sur le rôle joué par des puissances étrangères dans le soutien au terrorisme en Algérie. C’était déjà dans les années 1990 lorsque Abdelhak Layada dirigeait les GIA. «Nous préparions un coup d’Etat pour renverser le gouvernement en 24 heures avec l’aide de la France. Ce coup d’Etat a échoué avec le décès de Mohamed Boudiaf. La conjoncture était favorable et l’Etat était très faible à l’époque», révéle-t-il. «Il était question d’un coup d’Etat unique en son genre au plan mondial», ajoute-t-il. Les révélations de Abdelhak Layada ne s’arrêtent pas là. «Nous recevions (à l’époque) des armes de France et avions une publication baptisée ‘’Le Critère’’ qu’on publiait et diffusait à raison de 500 exemplaires en France, au su et au vu des autorités de ce pays», lance-t-il pour signifier que les GIA trouvaient toutes les facilités ainsi qu’une liberté de mouvement et de l’aide de la part de la France. «Ce n’est qu’après les attentats du 11 septembre 2001 que les choses ont changé. La France aidait les GIA tant que le terrorisme ne touchait que l’Algérie et a changé son attitude parce qu’elle venait d’être touchée à son tour», selon Abdelhak Layada. «Que les autorités françaises expliquent les motifs de l’organisation du déplacement d’islamistes de ce pays vers le Burkina Faso puis leur retour vers la France», enchaîne-t-il.

«La DST m’a censuré»

Le premier «émir» national des GIA a, par ailleurs, qualifié de «mensonges» les propos du général à la retraite, François Buchwalter, imputant le décès des 7 moines de Tibhirine à une «bavure» de l’armée algérienne. «Ce sont les GIA de Djamel Zitouni qui ont assassiné ces 7 moines», lance-t-il. «Avant-hier, sur la chaîne de télévision France 24, je me suis exprimé sur l’affaire des 7 moines. A un moment, la communication a été interrompue. Mon téléphone portable ne fonctionnait plus et je suivais l’animateur de cette chaîne de télévision qui disait que cette communication a été interrompue et qu’il tentait de me joindre en vain. J’ai été censuré par le DST (direction de la surveillance du territoire, services secrets français) », ajoute Abdelhak Layada. Les GIA, rappelle-t-on, revendiquaient la libération de Abdelhak Layada, alors en prison, en contrepartie de la libération des 7 moines de Tibhirine.

A notre question de savoir qui était «Abdullah», intermédiaire en 1996 entre les GIA et la direction générale des relations extérieures (services secrets français) dans les négociations dans l’affaire des 7 moines, Abdelhak Layada dira que celui-ci avait deux frères qui travaillaient à l’ambassade de France, dont un comme fleuriste.

Abdelhak Layada s’exprimait hier dans un point de presse animé à Alger et dans lequel il a appelé le président de la République à «intervenir pour la réussite de la charte nationale pour la paix et la réconciliation nationale».

Il est à noter que Abdelhak Layada a été «émir» national des GIA jusqu’à 1994. Il a été arrêté au Maroc et extradé quelques années plus tard vers l’Algérie où il a été incarcéré avant de bénéficier des dispositions de la charte nationale pour la paix et la réconciliation nationale et libéré en 2006.

Par M. Abi

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