Le procès de la star franco-algérienne du raï Cheb Mami, 42 ans, accusé de tentative d'avortement forcé sur son ex-compagne, a commencé avec l'examen de la personnalité du chanteur, présenté comme "influençable" et qui dit s'être senti "piégé par son entourage".

Peu après 10H00, Cheb Mami a fait son entrée dans la salle d'audience du tribunal correctionnel de Bobigny en banlieue parisienne, arborant une chemisette blanche. Le visage fermé, le chanteur a discuté avec ses conseils avec lesquels il a échangé quelques sourires de circonstance. Il a lancé sporadiquement des regards aux nombreux journalistes assis au fond de la salle.

Ecroué à la prison de la Santé à Paris depuis lundi après deux ans de fuite en Algérie, Mohamed Khelifati à l'état civil, Cheb Mami encourt dix ans de prison et 150.000 euros d'amende.

Le tribunal a d'abord procédé à un examen de la personnalité du chanteur.

D'après les témoignages de son entourage, l'interprète de "duSudauNord" est quelqu'un de "gentil, d'humain, qui n'avait pas la grosse tête, quelqu'un qui n'était pas people et discret sur sa vie privée".

Se frottant les yeux, Cheb Mami acquiesce: "oui j'ai toujours été discret dans ma vie privée", explique le chanteur à qui ses conseils ont adjoint un interprète parce qu'il n'a plus "parlé le français depuis longtemps".

S'ils se disent pour la plupart "surpris et étonnés" par les faits reprochés à celui qui est avec Cheb Khaled la figure de proue du raï, ses fréquentations conviennent qu'il "n'avait pas d'amis".

"Je ne fréquentais pas beaucoup de monde, je n'avais pas d'amis, oui ma famille en France c'était mon groupe de musique", approuve le Prince du raï, qui dit "manquer de confiance en lui".

Quand la juge évoque un "problème d'alcool", il répond: "Non jamais, je bois comme tous les autres et je buvais après les concerts pour me lâcher un peu", assure-t-il.

Il rejettera avec ironie des témoignages le liant au pouvoir en place en Algérie: "J'ai fait campagne pour aider les gens qui peuvent rendre le pays meilleur", dit-il.

D'après le rapport d'expertise, Cheb Mami est un homme "influençable et mal entouré", "par Abdelkader (Lallali, soupçonné d'être son homme de main, absent), c'est sûr", affirme le "Môme".

Cheb Mami, qui "ne présente aucun trouble de personnalité ,se sent piégé par son entourage", notamment par Camille, la victime dont le prénom a été changé à sa demande, et Maurice Lévy, son ex-manager et co-accusé.

Quand le tribunal revient sur sa fuite en Algérie, Cheb Mami explique: "ma famille me manquait, j'ai pété un plomb et je suis parti avec un passeport français périmé".

"Mais dans ma tête, j'ai toujours dit que je serai là le jour du jugement (...) j'ai fait une faute voilà", regrette-t-il.

D'après le chanteur, cette affaire a "compromis" sa carrière qui "est en stand-by. Je compose chez moi et je mets ça de côté", raconte celui qui s'est reconverti dans la spéculation immobilière en Algérie.

Il est notamment reproché à Cheb Mami des "violences" avec des circonstances aggravantes sur une photographe de presse de 43 ans, avec laquelle il entretenait une liaison.

En août 2005, Camille affirme avoir été amenée de force dans une villa à Alger après qu'elle eut annoncé sa grossesse au chanteur. Elle dit y avoir été droguée et séquestrée, affirmant que deux femmes et un homme ont tenté de lui faire un curetage. Elle a finalement donné naissance à une fillette aujourd'hui âgée de trois ans.

Les réquisitions sont prévues en fin de journée. Le jugement peut être rendu immédiatement ou mis en délibéré.

AFP