Election en Iran : Mahmoud Ahmadinejad donné vainqueur

Le président sortant, Mahmoud Ahmadinejad, a toutes les chances d'être déclaré officiellement vainqueur, samedi 13 juin, de l'élection présidentielle iranienne qui s'est tenue la veille, avec une passion, une hargne et une participation (plus de 75 %) rarement égalées. Très tôt samedi, avec près de 90 % des votes dépouillés, M. Ahmadinejad était crédité de 64,88 % par le président de la commission électorale au ministère de l'intérieur. Un score écrasant, bien peu en rapport avec tous les calculs prévisionnels effectués jusque-là et les déclarations au sortir des urnes.

Celui qui, au long de la campagne, était devenu son plus sérieux rival, l'ex-premier ministre Mir Hossein Moussavi, soutenu par ce qui semblait être une "vague verte" (symbole de la campagne) réformatrice, qui avait rassemblé de nombreux jeunes et des femmes, n'obtiendrait qu'un peu plus de 30 %. Les deux autres candidats, le réformateur Mehdi Karoubi, ex-président du Parlement, et le conservateur modéré Mohsen Rezai, ex-chef historique des Gardiens de la révolution, feraient juste de la figuration avec moins de 2 % chacun.

"La différence entre le nombre de votes obtenu par Ahmadinejad et celui recueilli par ses rivaux est telle que tout doute sur sa victoire sera interprété comme une forme d'humour par l'opinion publique", a déclaré aussitôt le directeur de campagne de M. Ahmadinejad, Mojtaba Samareh Hachémi.

Sans attendre la proclamation officielle des résultats, M. Moussavi qui, dès vendredi après-midi, sur la foi des enquêtes d'opinion, avait lui aussi revendiqué la victoire, a dénoncé avec force une "manipulation" massive du scrutin et de nombreuses violations. Dans un communiqué lu à la presse, M. Moussavi, dont l'électorat réside surtout dans les centres urbains, a affirmé que ses partisans avaient "constaté dans certaines villes comme Chiraz, Ispahan et Téhéran, un manque de bulletins de vote". "Nos représentants ont été écartés lors du dépouillement et certains de nos QG attaqués. Je poursuivrai, avec le soutien du peuple, les personnes à l'origine de ces actes illégaux", a-t-il ajouté.

DÉBORDEMENTS INQUIÉTANTS

De fait, les débordements inquiétants n'ont pas manqué. Selon le récit de témoins joints par téléphone à Téhéran, vers 17 h 30 heure locale, vendredi, un des deux quartiers généraux de campagne de Mir Hossein Moussavi, celui qui était animé par l'ex-président réformateur Mohammad Khatami à Qetarieh, au nord de Téhéran, a été attaqué par des miliciens bassidjis, fervents soutiens de M. Ahmadinejad et des membres des forces de sécurité. Ils ont détruit les ordinateurs à coups de bâton et dispersé les militants avec des gaz lacrymogènes et des bombes au poivre. Sur place, Abdullah Ramazanzadeh, ancien porte-parole de M. Khatami, a exigé un document officiel aux policiers qui fermaient les locaux et posaient des scellés.

Dans la soirée, quatre journaux auraient été fermés : Donya Ehtessad, Asr-e Ehtessad, Farhang-e Ashti et Qalam-e Sabz, dont le directeur n'est autre que Mir Hossein Moussavi. Plusieurs sites Internet ont aussi été fermés, dont Qalam, le site du candidat Moussavi, et l'envoi de SMS entravé.

Une attaque similaire a eu lieu vers 1h30, samedi matin, au siège du centre d'information de la campagne Moussavi, qui sert aussi de salle de rédaction pour son agence de presse Qalam News et son site, rue Zartocht. Des bassidjis ont détruit les ordinateurs, puis des scellés, là aussi, ont été posés. Les dizaines de partisans de M.Moussavi qui se trouvaient là ont été dispersés violemment. "C'est un coup d'Etat", ont-ils estimé.

Vers 3 heures du matin, on pouvait observer des bassidjis motorisés, dévalant les rues de Téhéran, agitant des drapeaux iraniens et criant "Moussavi, bye bye,", pour se moquer du slogan "Ahmadi, bye bye" que des centaines de milliers de Téhéranais ont entonné chaque soir de la campagne. Des dizaines de convois des forces de l'ordre d'une quarantaine de véhicules chacun, escortés par des escouades de bassidjis à moto, avaient envahi les grands axes de la capitale. La tension était palpable.

LE MONDE

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Commentaires (8) | Réagir ?

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muhand

L'Iran n'est pas un pays arabe donc difficile, voire impossible à corrompre contrairement aux pays arabes où les pouvoirs s'achètent pour une poignée de Dollars pour peu qu’on les laisse s’accrocher au pouvoir. De plus, L’Iran est une puissance émergeante qui fait peur à ceux qui se prennent pour les maitres du monde. Comme je l’ai souvent dit, au nom de quelle sacro-sainte logique par exemple on interdirait à l’Iran ou à un autre pays de développer l’arme nucléaire quand d’autres l’on déjà fait ? C’est ce rapport de force qui pousse donc l’occident à réagir quand tout simplement des nations ne veulent plus être sous la coupe d’un quelconque état et c’est cela qui pousse les capitales occidentales à réagir fermement envers des pays qui refusent de se soumettre à l’ordre établi. L’Iran où l’élection présidentielle a eu lieu et où Ahmadinejad a été réélu n’arrange guère les intérêts des pays occidentaux, alors il faut tenter de déstabiliser le pays en pouvant la population à la révolte. (N’oublions pas que le candidat malheureux dans cette élection (Moussavi) a été premier). Donc si Sarkozy s’est empressé de dénoncer la fraude en disant que cette dernière est aussi massive que la manifestation, c’est tout simplement un excès de zèle dont il aime bien s’abreuver. Il n’est pas à son premier dérapage d’ailleurs. Quant à son silence devant le score Brejnévien de Bouteflika, tout en le félicitant pour sa réélection, il n’en dit pas mot sur la fraude et cela peut aisément se comprendre. Tant que l’Algérie restera une vache à traire, l’Elysée restera muet. Les échanges de communiqués (à la limite de l’insulte) entre Paris et Alger ne sont que de la poudre aux yeux, les deux capitales s’entendent à merveille sur tous les sujets, Normal je dirais puisque c’est les amis d’hier que la France a placé au pouvoir à l’indépendance.

PS; Ne comprenez pas que je soutiens Ahmadinejed, non je veux juste que les occidentaux foutent pas la paix au reste du monde et qu’ils arrêtent de financer les régimes corrompus.

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Tahar Icar

Je l'ai dis et le redis tout ce qui n'arrange pas les interets des occidentaux, sera critiqué par ces derniers par les biais des leurs diplomates ainsi que leurs torchons (journaux), comme ils ont critiqué Chavez, Poutine et maintenant Mahmoud Ahmadinenajed.

Alors qu'on n'a rien dit au sujet de la mascarade qui a eu lieu chez nous d'ailleur le premier qui a félicter Fakhamatou est un president d'une republque Democratique berceau des droits de l'homme.. etc tout le barratin quoi. (Meme si qlques articles sont parus critiquant timidement le regime).

Occuppons nous de nos ognons et qu, on le veuille ou non, l'iran est les seul pays Musulman qui possede une technologie de pointe et des hommes qui ne se plient pas aux exigences des occidentaux, chose qui dérrange enormément certains.

Amicalements.

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