Pourquoi le FCE soutient la planche à billets

La planche a billets arrange les affaires des magnats de marchés publics comme Ali Haddad.
La planche a billets arrange les affaires des magnats de marchés publics comme Ali Haddad.

De nombreux projets sont à l’arrêt en Algérie pour faute de paiement. Le Trésor n’a plus de liquidité, les entreprises notamment privées n’arrivent plus à prendre en charge la gestion courante de leurs affaires.

L’idée de rechercher les moyens de financement dans une fiscalité juste en traquant les fausses déclarations semble définitivement enterrée avec le limogeage de l’ancienne équipe gouvernementale. Cette solution de facilité d’aller imprimer de l’argent pour le mettre à la disposition de l’économie pour relancer les activités arrange les patrons qui ont applaudi en premier, mais pour combien de temps et pour quels projets s’agit-il ?

Ce sont des édifices à caractère culturel, éducatif et sociaux. En d’autres termes des logements, des sièges de sociétés et leur extension, des œuvres d’art, des bibliothèques, des extensions universitaires des écoles etc. ils n’ont aucune vocation productive pour équilibrer l’équation célèbre d’Irving Fischer. Si l’on augmente la masse monétaire, c’est dans l’espoir d’une contrepartie en biens pour éviter les dérives inflationnistes et les dysfonctionnements économiques. Que va produire une école, un logement, ou une bibliothèque diserte et encore plus une route gratuite ? Rien, à l’exception d’une accalmie sociale tout à fait provisoire.

C'est un artifice pour recycler l’argent sale des grosses fortunes dans le circuit informel. Il faut donc appeler un chat un chat.

Conventionnel ou pas, la planche à billets est un procédé mécanique qui permet de créer de la monnaie papier afin de palier au déficit budgétaire. Pourquoi ? Parce que les gestionnaires n’ont pas réussi à trouver d’autres moyens pour des raisons diverses, entre autres l’austérité qui est le plus impopulaire d’entre eux. Maintenant il est tout à fait fallacieux de lire dans le communiqué du Conseil des ministres que d’autres pays ont essayé cette méthode avec succès en citant l’exemple du Japon, des USA et celui du Brésil.

Comment peut-on comparer des économies matures dont la planche à billets sert un circuit économique réel appelé à produire une contrepartie avec celle de l’Algérie à 40% informel ?

C’est peut-être une façon de passer la pilule à travers une propagande mais reste loin de la réalité. Pourquoi ne parle-t-on pas du ravage qu’a faite la planche à billets dans les pays similaire comme le Venezuela ou le Nigeria ? Cette propagande n’est pas une nouveauté en Algérie.

On se rappelle début des année 1990, le gouvernement de feu Réda Malek a préféré utiliser le terme "reprofilage" de la dette extérieure au lieu de "rééchelonnement", terme qui était mal perçu par la société. Pourtant, les économistes savaient pertinemment qu’on n’aspirait pas à changer de profil de la dette mais on était en cessation de paiement, incapable de payer ses intérêts. Une année après, les citoyens ont assisté à un vrai désastre économique : fermeture des entreprises, licenciement collectif, suicide etc.

Ce n’est pas non plus la première fois que l’Algérie a recourt à la planche à billets. Le début des années 1970, période de la mise en place du tissu économique algérien pour parachever le processus de son indépendance économique par ce qu’on appelé à l’époque une industrie industrialisante. Ces projets demandaient du temps pour être productifs. Il fallait donc avoir recours à la planche à billets, car le montage de ce tissu industriel nécessitait un endettement interne et externe. Il a suffit de réorienter l’économie nationale pour tout foutre en l’air. Conséquence : cet ensemble de complexes industriels comme Sonacom, et bien d’autres n’ont même pas eu le temps de récupérer les investissements consentis.

Aujourd’hui, ils sont à terre. Il faut dire que par la révision de loi sur le crédit et la monnaie, le pouvoir renonce définitivement au changement de son train de vie.

Le pouvoir avoue ainsi son impuissance d’avoir une emprise sur la société par une dépense sans frein.

Il encourage de cette manière un espèce de capitalisme par connivence du nouvel argent dont parle Cantillon pour permettre à l’oligarchie de tirer profit. Les billets ainsi imprimés, profitent d’abord à ceux qui ont bien placés pour recevoir et investir peut être même ailleurs qu’en Algérie.

Rabah Reghis, Economiste pétrolier

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Commentaires (17) | Réagir ?

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algerie

merci

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