SOS Policières !

Hier, comme tous les 8 mars, les femmes en ont eu pour leur statut de… femme. Roses, parfum et, bien sûr, leur demi-journée annuelle. Mais pas seulement, cette fois-ci. Elles ont eu droit aussi à de grandes promesses du chef de l’État. Ou du candidat à sa propre succession, c’est selon. Elles vont donc pouvoir être directrices centrales, directrices d’entreprise publique, ambassadeurs ou walis, alors qu’une loi organique à venir devrait leur permettre d’être plus nombreuses au Parlement. C’est censé, peut-être, nous faire oublier qu’à la veille de ce 8 mars 2009, une école de police a lancé la formation d’une brigade d’intervention féminine appelée à… réprimer toute manifestation non autorisée que des femmes auraient à initier.
C’est dire que la promotion des droits des femmes reste, quelle que soit la sincérité des promesses et engagements officiels, tributaire de l’environnement politique national. Donc du projet politique que le gouvernement veut mettre en œuvre. Un projet d’ouverture de la société sur la modernité, avec les réformes en profondeur que cela implique, ou un projet qui, invoquant nos “spécificités culturelles”, va maintenir la société prisonnière des dogmes qui, pour la plupart, ont contribué à forger le statut de sous-citoyenne qui est aujourd’hui celui de la femme.
Car enfin, c’est bien l’absence de projet politique émancipateur de la collectivité nationale qui a permis l’émergence de l’obscurantisme comme “alternative” au système en place. Et cela, comme l’admet le président de la République lui-même, a eu pour effet de fermer aux femmes les rares espaces publics qui leur étaient accessibles. Une régression que l’augmentation du nombre de femmes dans les institutions, par le truchement des quotas, ne suffira sans doute pas à enrayer. En l’absence d’un cadre politique qui se donne pour socle l’universalité, seul à même d’étouffer les thèses rétrogrades qui travaillent encore la société, des femmes pourront être des… cadres politiques. Et d’autres des policières chargées de réprimer les femmes.

S. C. (Liberté)

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Commentaires (3) | Réagir ?

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Ben

L’auteur développe une analyse pertinente concernant la promotion du statut de la femme mais demeure timide pour ne pas écorcher ceux qui détiennent les clés de cette promotion. Certes, il ne suffit pas de décisions politiques pour que la femme algérienne trouve sa place dans notre société c’est-à-dire l’égale de l’home dans les droits et les devoirs, mais il faut commencer par là comme préalable. Et c’est là que la responsabilité de Bouteflika est entièrement engagée. A ce sujet, ses décisions prises jusqu'à date, demeurent en deçà de celles prises par ses homologues maghrébins. Il a fallu Atatürk pour mettre la Turquie sur les rails de la modernité. Il a fallu Bourguiba pour donner à la femme tunisienne le statut le plus moderne et éloigner du même coup l’obscurantisme. Il fallait Chadli et Bouteflika pour faire le travail inverse en Algérie.

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Ghanima

S'il n'y avait pas quelque part égarement et complicité avec les violeurs et les assassins d'hier, s'il n'y avait pas tromperie sur la marchandise proposée comment se peut-il que nos femmes d'aujourdhui puissent supporter un candidat qui n'a ni femme ni enfant ? Comment se peut -il qu'elles soutiennent aujourdhui le candidat allié et protecteur de leurs ennemis et leurs bourreaux d'hier ? Serait-ce le syndrome de Stockolm qui ferait son effet chez nous ou l'amnésie d'Alzheimer qui se déclarerait avant terme?

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