Un cancrelat parle aux cancrelats du Matin.Par Si Mohammed Baghdadi

Un cancrelat parle aux cancrelats du Matin.Par Si Mohammed Baghdadi

Je n'avais pas lu la lettre adressée par Yasmina Khadra au secrétaire général du FLN.
Grace à la rédaction du Matin, j'ai pu le faire.
A la première lecture, la lettre paraît flamboyante et vibrante d'indignation. Dans un premier mouvement, elle a du entraîner l'adhésion de la plupart d'entre nous.

Mais, il faut relire, sans faire d'injuste procès d'intention à son auteur ; et surtout, ne pas se poser la pernicieuse question – comme on le fait souvent en politique - de savoir à qui cela profite ? Pour ma part, je m'en tiens, à l'attaque justifiée contre, non pas, comme l'ont dit certains, « une ambulance », mais contre le porteur de la voix de son maître, ne nous y trompons pas, ont précisé certains internautes. Et pourquoi pas, comme le futur leader d'une république islamique sous la férule des saoudiens ; comme Ouyahia, son alter ego, de l'alliance présidentielle.

Dans le même temps, je me dis que nul n'a le droit de faire des ronds de jambes littéraires sur la misère des autres, et encore moins sur le désenchantement et la détresse supposées de nos enfants. Pour qui connaît nos jeunes de prés, pour qui leur parle et les écoute, la vérité est simple : ils sont loin de se chosifier sous l'effet de l'ennui. Non, l'ennui ne les chosifie pas. Bien au contraire, ils enragent, fulminent et veulent tout culbuter.
Tout les stimule : l' ennui et l'injustice, la malvie et le mépris.
Alors, en attendant, ils vivent, écrivent, composent et chantent du rap comme Dadou Finomen ou les jeunes du club des poètes de Souk Ahras, font de la musique comme les enfants de Timimoune, Béchar ou Kenadsa, dessinent et peignent comme les élèves de Karim Sergoua, photographient et exposent comme les jeunes de Flash Art, font du théâtre comme les comédiens de Fethi, inventent des contes qui parlent de leurs droits bafoués, de leurs droits à défendre et créent de nouveaux systèmes informatiques, technologiques et scientifiques.
Posture matador
En relisant la lettre de Yasmina Khadra, j'ai trouvé que Mohamed Mousselhoul avait adopté la posture du matador qui se met en scène pour se donner à voir. C'est normal, pour un auteur traduit en plus de trente langues. Nous en sommes sincèrement très fiers. Mais en voulant trop en faire, cela finit pas sonner creux, quelque part, et l'auteur, a donné l'impression, à tort ou à raison, pour beaucoup d'internautes, de s'être trompé de cible.
Car il ne suffit pas d'écrire, aussi juste que cela puisse paraitre, que « tout algérien qui meurt de malvie est un crime ».
Il aurait été plus juste, plus utile - parce que nous en sommes encore au stade où le libelle nous sert non seulement d'exutoire, mais aussi d'échappatoire déculpabilisant – de poser les vraies questions. Les internautes du Matin l'ont fait à leur manière : qui sont, en cas de malvie, les vrais criminels ?
Ou plus loin : « tout cerveau qui s'exile est un assassinat ». Qui sont les assassins ? Parce qu'il faut aller jusqu'au bout de sa rhétorique, sinon elle sonne creux et devient inopérante.
Et enfin, « Tout espoir qui s'éteint est une trahison et tout aveu d'impuissance de la part d'un décideur est une catastrophe. ». C'est beau et juste tout à la fois. Mais on peut tout aussi bien se dire, au-delà de la valse des mots et des idées, que la malvie et l'exil, le maquis et le suicide, la harga et le kamikazat, et le reste qui tient de l'indicible, ne sont rien d'autre que l'expression de l'espoir et de la confiance trahis. De toutes les démissions, confortées par la culture de la rente, signant, avec le sang des enfants d'octobre 88 et d'avril 2001, toutes les impostures, toutes les déraisons et toutes les promesses trahies.
Les jeunes de Oued Djer et d'ailleurs…
Dans cette perspective, je veux encore une fois parler, par excès de naïveté comme on me l'a si fraternellement et si justement reproché, des jeunes de Oued Djer et d'ailleurs. Du plaidoyer élevé en leur faveur auprès du Président, de notre République Démocratique et Populaire, afin que leurs droits soient tout simplement respectés ; et non plus foulés au pied par des commis de l'état aux ordres du plus fort du moment, si souvent oublieux que la roue de la fortune est si capricieuse, qu'un jour, ils seront broyés à leur tour. Par la vie ou la mort qui ne pardonne à quiconque !
Ces jeunes se sont formés et ont cru qu'ils allaient être utiles à leur commune travailler pour son développement et agir pour une meilleure entente entre citoyens, élus et dministrateurs. Comme les jeunes de Kedara, Raffour, Mechedalla, Tiaret et d'ailleurs y ont cru tout autant.
Au cours d'un séminaire, tenu du 21 au 23 octobre 2007, sous la présidence du Chef de l'Etat, walis, cadres de la nation et représentants de la société civile, ont proposés 107 actions urgentes et d'autres à plus ou moins long terme. Belkadem qui présidait, le 23 octobre 2007, en présence du chef de l'état, la dernière séance de ce séminaire de dupes, ne peut plus dire « faites nous des propositions ». C'est à lui de nous dire ce qui a été fait des 107 propositions, et non pas nous retourner la balle, lorsqu'elle trop chaude pour lui et le ministre de la justice, content de remplir un vide juridique, alors qu'il fallait remplir un vide de projet société, où les jeunes de notre pays auraient la place qui leur revient.
Dernièrement, et publiquement, devant un ministre de la république Algérienne démocratique et populaire, le wali de Blida s'est engagé à rétablir les jeunes de Oued Djer dans leurs droits et à poursuivre l'expérience qui aurait été tellement bénéfique pour toutes les communes de la wilaya de Blida. Toutes les jeunes filles et jeunes gens de Oued Djer, tellement éprouvés lors de la décennie noire, y en cru. Je lisais l'espoir dans leurs yeux dans chacune de leurs paroles et de leurs actions sur le terrain.
Ils attendent toujours.
L'attente est tout aussi corrosive que l'espoir dévoyé, les promesses frelatées et non tenues par les commandeurs en place. Tous les espoirs déçus et les promesses non tenues vont faire naître, comme en octobre 88 et avril 2001, révoltes et insurrections qui feront mal, demain, à faire les comptes de la réconciliation, les comptes de la Nation.
En un certain temps, le Général Giap parlait de mauvais élèves. Nous pouvons en dire autant, aujourd'hui, du système qui nous gouverne.
Alors que 23 millions de jeunes filles et de jeunes gens souhaiteraient qu'ils soient les meilleurs élèves du monde.
Est-ce si difficile de vivre en toute démocratie et citoyenneté, en un si beau et si noble pays ? Est-ce si difficile d'offrir aux jeunes filles et jeunes gens de mon pays, de ton pays, l'envie de vivre et travailler ensemble, créer et innover, sur le sol de leurs ancêtres,
de nouvelles manières de vivre ensemble ?
Et de participer à l'aventure du nouveau monde qui se dessine devant eux, et de dire à « Farida » du blog, que « si même plus rien ne te retient à demeurer ici, ils seront nombreux à t'accueillir ailleurs, au Brésil, qui va abriter le prochain Forum Social Mondial, en Méditerranée où une Assemblée des Citoyens va prochainement se créer, et ailleurs, en ce vaste monde dont nous sommes tous citoyens. »
Car tous les cancrelats sont citoyens du monde au même titre que toutes les mouches du coche, faux deal oblige !

Si Mohammed Baghdadi
25.01.09

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Commentaires (15) | Réagir ?

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ranawaki

Mais que se passe-il ?

tout le monde en veut a Y. Khadra.

Khadra est un ecrivain et non un

politique.. alors lachez lui les basquettes !!!

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mouloud

Je viens de lire la lettre de Mr Mousselhoul disponible su la toile et je l'ai trouvée non seulement flamboyante mais empreinte de beaucoup de courage et de lucidité. Je ne pense pas qu'une autre personnalité aurait eut le courage d'écrire une telle lettre tout en étant en poste. Quand au fait qu'elle a été adressée a L'enturbanné de Belkhadem veut tout dire, je m'explique :Belkadem et le porte voix de la présidence, porte voix du parti qu'il a confisqué, porte voix de l'islamisme, et surtout le porte voix de la médiocrité et la traitrise, a travers lui Me Mousselhoul s'est adressé a une majeure partie du pouvoir il es est le meilleur spécimen et le meilleur représentant. Si Mr Mousselhoul est aussi célèbre dans le monde aujourd'hui c'est justement par son courage dans l'institution militaire a laquelle il appartenu et a laquelle il a refusé le conformisme qu'on exigeai de lui il a préférer le risque et l'aventure a la léthargie qu'on lui proposait exilé au Mexique et ensuite en France s'il est reconnu aujourd'hui il ne do rien au pouvoir et ces sbires. Touché depuis longtemps par la détresse de son peuple qu'il ne cesse de narrer dans ses œuvres il reste pour les Algériens un Ambassadeur digne conscient et debout. Que ceux qui l'envient d'être au firmament par sa force et son intelligence se taisent

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