L’Algérie et la guerre du gaz Gazprom-Europe

    L’Algérie et la guerre du gaz Gazprom-Europe

L’Europe s’interroge : « Risquons-nous de manquer de gaz ? Jusqu'à quel point sommes-nous dépendants de la Russie ? Le point sur ce qu'il faut savoir pour comprendre la "guerre du gaz". » En fait, le conflit entre l'Ukraine et la Russie, que Moscou présente volontiers comme un différend purement commercial, est en fait clairement un bras de fer politique.

Si la crise était purement commerciale et se limitait à des questions de prix et de capacités d'approvisionnement, elle serait déjà réglée depuis longtemps. Mais, quoi qu'en dise la Russie, c'est avant tout une crise politique, faite surtout de gesticulations et d'intimidation. La Russie y trouve le moyen d'afficher son emprise sur une Ukraine qui lui échappe depuis la Révolution orange, et au-delà, de rappeler aux Européens qu'elle doit être considérée comme un partenaire à ne pas négliger et qu'il vaut mieux ne pas froisser. Cette diplomatie du gaz a besoin d'effets visibles et immédiats. D'où le choix de brusquer les discussions avec l'Ukraine en plein mois de décembre. D'où la baisse de pression déjà perceptible dans certains gazoducs européens. Cette baisse est purement technique, puisqu'elle provient d'un litige mineur dans la guerre du gaz entre Kiev et Moscou, portant sur le gaz excédentaire destiné à maintenir la pression dans les tuyaux, et qui n'est pas concrètement livré.

L'Europe attend Sonatrach

L'Europe a tenté de longue date de stabiliser ses relations avec la Russie dans le domaine de l'énergie. Notamment par le biais d'accords juridiquement contraignants. Une Charte européenne de l'énergie a ainsi été signée en 1991, visant à promouvoir la coopération industrielle est-ouest en prévoyant des garanties juridiques dans des domaines tels que les investissements, le transit et le commerce. En clair : il s'agissait d'assurer la sécurité de l'approvisionnement européen. La Russie ne l'a jamais ratifiée.

Parallèlement, un objectif européen a été de limiter la dépendance vis-à-vis de la Russie. En accroissant par exemple le recours à d'autres pays producteurs (la part du gaz russe dans les importations européennes a ainsi diminué drastiquement, puisqu'elle était de 75% il y a dix ans), en limitant la hausse de la consommation intérieure, ou en développant le recours aux énergies renouvelables.

C’est là qu’intervient l’Algérie : dans la réduction de la dépendance énergétique de l'Europe vis-à-vis de la Russie.

L'Europe importe moins des deux-cinquièmes de son gaz de Russie, environ un tiers de l'Algérie, un quart de Norvège, et une faible part provient du Moyen-Orient. Les gisements de la mer du Nord et des Pays-Bas ne produisent qu'une part marginale et décroissante.

Alger veut plus : le groupe algérien Sonatrach annonce qu’il va augmenter de 30 % sa production de gaz naturel liquéfié (GNL) d’ici 2015. la Sonatrach envisage d’exporter 85 milliards de m3 de gaz naturel en 2010 et 100 milliards de m3 à l’horizon 2015.

Dans la carte des exportations de GNL algérien, l’Europe capte 70%, l’Asie 13%, l’Amérique du nord 10% et l’Amérique du sud 7% (Sonatrach)

Sonatrach, qui vise le titre de premier fournisseur mondial de GNL, va augmenter ses capacités de production de gaz naturel liquéfié (GNL) grâce à l'entrée en service de deux nouvelles usines de GNL.

La première usine située à Skikda d'une capacité de 4,5 millions de tonnes par an entrera en fonction en novembre 2011, la seconde basée à Arzew près d'Oran, d'une capacité de 4,7 millions de tonnes, sera livrée en novembre 2012.

L’Algérie, projette à travers la Sonatrach, d’exporter 85 milliards de m3 de gaz naturel en 2010 et 100 milliards de m3 à l’horizon 2015.

Accord cadre Sonatrach-GDF Suez

Cette ambition est notamment corrélée par l’accord programme conclu avec Gaz de France/Suez, premier importateur européen de GNL.

Il reconduit jusqu'en 2019 les contrats d'approvisionnement, qui devaient arriver à échéance en 2013. Ces contrats représentent aujourd’hui un montant total annuel de 2,5 Md€.

Une manière de se prémunir des aléas de la conjoncture est de signer des accords longs : les contrats courent facilement sur 20 à 25 ans. Pour les fournisseurs comme le russe Gazprom ou l'algérien Sonatrach, ces accords sont une assurance de retour sur investissement (la construction et l'entretien des infrastructures gazières étant particulièrement coûteux). Pour les acheteurs européens, c'est une assurance d'être livrés sur le long terme. A condition que ces accords soient respectés.

Wahab D. – Le MatinDz

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Commentaires (5) | Réagir ?

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Naïla ZEROUK

La Russie sait trés bien ce qu'elle fait. Quand à l'Ukraine, demanez aux Ukrainiens ce qu'ils pensent réellement de la Révolution Orange! De leur Président, totalement acquis aux théses européennes en général et à celle des Etats Unis en particulier! C'est la déchéance totale que ce peuple vit. Enfin, au moins M. Medevedev, secondé par M. Poutine redonnent à la Russie sa véritable placedans en tant que puissance, tant sur le plan politique que celui économique; et ILS N'ONT PAS DE MINISTRE AMERICAIN DU GAZ ET DU PETROLE RUSSES (No Coment!).

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mami

T'zagat, moi qui croyait que la chute du pétrole allait réduire le nombre de rapaces qui sont au pouvoir. Eh ben non, il y a encre une autre malédiction.... le gaz. Les rapaces vont se multiplier encore, de quoi se trouver" N " mandats et tuer l'espoir du peuple de voir un peu de matière grise au pouvoir. A moins d'un séisme....

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