On fait quoi, là, pour Boualem Sansal ?

On fait quoi, là, pour Boualem Sansal ?

En poste, ce matin devant l’ordinateur. Je voulais vous raconter les rencontres MEET (voir blogs précédents) de Saint-Nazaire, tous ces écrivains et le public réunis dans un lieu étrange et magnifique – la base sous-marine –, dire les éclats de voix, de rires, les voyages insensés dans des œuvres… Mais là, ce matin, je n’entends plus que la voix de Boualem Sansal, je ne vois plus que son sourire, un peu triste. Je regarde cette photo prise devant un mur du blockaus, et ses paroles resurgissent.
Timidement, à voix douce, puis chargée de colère, mais toujours retenue, Boualem Sansal a parlé de l’Algérie. Ses livres interdits chez lui, les menaces de mort, les pressions (son épouse a dû démissionner de son poste de professeur), les amis, collègues qui tournent le dos, les extrémistes qui sèment la terreur… La solitude, l’effroi… Et nous tous, public, tétanisés.
Son désir de rester. Alger, c’est chez lui. Son désir de partir, parce que trop c’est trop, que ce n'est pas humain…
C'est où un autre chez lui ? La France ?
Et là, nous, on fait quoi ?
On fait quoi pour aider Boualem Sansal ?
On l’écoute, on lui sourit, on l’embrasse.
Mais les signes d’amitié, de solidarité, ont quel pouvoir face à la terreur ?
Les livres ont quel pouvoir face à la terreur ?
Me voilà toute retournée, comme tout le monde hier à Saint-Nazaire…
MEET croisait ce week-end l’histoire ou la géographie, thématique de haute actualité.
Histoire + géographie = la guerre.
MEET publie cinq ouvrages (www.meet.asso.fr). A nous lecteurs de faire vivre encore ces rencontres, ces échanges, ces cris, ces espoirs.
Nous l’avions en direct, cette guerre sournoise que mènent les obscurantistes. Avec Boualem Sansal, bien sûr, et avec d’autres, les David Albahari, Mathias Enard, Vassili Golovanov, Chenjerai Hove, Wilfried N’Sondé…
Lidia Jorge, pile électrique tout sourire, dit que la littérature ne va pas changer le monde, hein, mais que sans elle, il serait bien plus nauséabond, notre monde.
Oui.
Mais on fait quoi, là, pour aider Boualem Sansal ?
On donne le Goncourt (et c'est bien !) à Atiq Rahimi parce que, entre autres, dans beau roman, il s'insurge contre l'obscurantisme.
Mais on donne quoi à Boualem Sansal ? On lui donne quelle solidarité ? quel espoir ?
Je ne sais pas.
A tous (sauf les bandits & cie & les intégristes) je dis : Vaillance !

Martine Laval

TELERAMA

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Commentaires (9) | Réagir ?

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MAK

TIENS! JE VIENS DE TOMBER SUR LE COMMENTAIRE DE MR. AHALI WAMAR CONCERNANT L'INVITATION DE MR. SENSAL AU CCA/PARIS; C'EST UNE TRES BONNE IDEE ET CELA PERMETTRAIT DE PROUVER QUE MR. MOULESHOUL NE ROULE PAS POUR BOUTEF. AMEN.

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Kaci Ait Mellikeche

Je veux uniquement dire à Jugurtha que nous défendons tous la cause palestinienne et que ce n'est pas à travers une initiative différée qu'on peut condamner un écrivain de la trempe de Bouâlem Sansal. La même année, un évènement qui s'est passé en Algérie, et non en Palestine, a défrayé la chronique (le printemps noir), qu'as-tu fait toi le défenseur des causes justes?

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