Les extraits jugés "antisémites" par Mme Toumi (Première partie)

Les extraits jugés "antisémites"  par Mme Toumi (Première partie)

Pages 110-111-112

Alors, elles sont seules… Seules et déterminées. Ici, elles habitent un pays de cimetières et elles ont vu payer le prix de la lumière... Ces femmes, de mères en filles, ont appris dignes, seules, à pleurer le fils et le mari et personne n’a plus assez de deuils pour leurs coeurs !
Comme le dit Benjamin Constant, les peuples qui n’ont plus de voix n’en ont pas moins de la mémoire.
Sans doute existe-t-il chez de larges catégories de la société, des raisons de ne pas partager la colère de ces mères. La plupart opposent le souci de ne pas ajouter aux désarrois les polémiques improductives. Soit.
Après tout, les juristes ont peut-être raison de nous mettre en garde contre nos furieuses passions : ces tueurs qu’on élargit ont quand même fait l’objet d’un référendum et d’une loi. Et les intégristes, dans leur infinie hypocrisie, se sont toujours servis de nos impulsivités pour racheter leurs âmes. C’est dans ces moments que le Diable, selon Jacques Vergès, qui eut à le défendre souvent, « se met à souffrir d’une solitude insupportable qui le place du côté de l’humanité ». Bien.
Le propos, c’est entendu, n’est donc pas de savoir si le pouvoir a commis un impardonnable péché en relâchant les tueurs intégristes avant l’expiration de leur peine.
Faut-il pour autant s’abandonner à cette bienveillante béatitude devant l’immonde profanation de la mémoire ? Maîtriser sa colère dispense-t-il, dans ces terribles moments, de s’impliquer, aux côtés des familles victimes du terrorisme, dans un combat urgent qui se profile à la faveur de cette « réconciliation nationale » et dont l’enjeu n’est rien moins que le projet national ? Car si l’on déduira avec Maître Brahimi qu’il serait suicidaire pour les démocrates de « se situer sur un terrain de non-droit , il le serait tout autant, pour nous tous, de nous en tenir au stérile statut de “démocrate observateur” ravi que le droit suive son cours ».
Le droit, c’est connu, ne s’use que si l’on ne s’en sert pas. Combien de criminels ont été, longtemps, bien longtemps après leurs forfaits, rattrapés par leur passé ? Klaus Barbie pour des crimes commis en 1942, Paul Touvier jugé en 1973 pour avoir fusillé des Français en 1944, Papon condamné en 1999 pour ses raf les de 1942… « Le temps efface beaucoup de choses mais pas tout », avait alors dit le Président Pompidou.
Le droit s’arroge toujours un droit d’inventaire dans le passé des criminels.
Layada et ses gangs doivent-ils échapper à la règle par le fait de notre apathie ? Faut-il être nécessairement juif, victime de la Shoah, pour enfin disposer du droit d’accuser son bourreau de crime contre l’humanité ?
Nos juristes dévoués à la cause anti-intégriste ont un devoir d’encadrement de ces familles endeuillées par les terroristes islamistes et dont les commanditaires, Layada, Kertali, Hattab, Benhadj et Abassi, sont au moins aussi coupables que Papon pour la rafle du Vél’d’Hiv, que Touvier pour la fusillade de Rillieux-La-Pape ou que Klaus Barbie pour les déportés d’Auschwitz. La présidente de l’association Djazaïrouna a mille fois raison de brandir le recours aux juridictions internationales si la justice des Frères Ali Gator venait à persister dans sa duplicité : il est temps que les crimes des islamistes soient traités comme des crimes contre l’humanité.
Quant aux outrages de mémoires, oeuvres souterraines de révisionnistes enfouis dans une littérature de la compromission, il faut bien en faire notre affaire ! Passe que des éditorialistes, sublimés par le qamis de Benhadj, le désignent sous le sobriquet, qu’ils pensent f latteur, de Savonarole : ils oublient que le prédicateur italien, adversaire des arts et des lettres, a fini excommunié puis abandonné par le peuple avant de mourir pendu puis brûlé.

Papon ? Il n’est jamais très loin.
J’écoute un de mes amis politiciens, parmi les plus boutef likistes des démocrates de mon pays, chaud partisan de la réconciliation nationale et accessoirement opposant politique, plaider sa propre cause avec des accents touchants : « Nous avons certes soutenu la Charte de la réconciliation nationale, mais pas pour que la défaite militaire du terrorisme se transforme en victoire politique de l’islamisme comme on le constate aujourd’hui. »
De Papon à Bousquet, tous les grands collaborateurs du régime hitlérien ont eu cette même réplique dérisoire et désespérée pour atténuer les effets tragiques de leur complicité : « Oui nous avons bien livré des juifs aux nazis, mais on ne savait pas qu’ils étaient destinés aux fours crématoires. »
On peut donc conclure à la décharge de notre ami opposant et de tous les comparses occasionnels de la réconciliation nationale qu’ils « ne savaient pas. » Ils « ne savaient pas » qu’ils avaient accompagné une marche vers l’abdication de la République, ils « ne savaient pas » que les islamistes allaient revenir en force grâce à la Charte, ils « ne savaient pas » que Rabah Kebir allait rentrer au pays après les délais pour exiger publiquement la création d’un nouveau FIS et ils « ne savaient pas » que Kaiser Moulay, selon le propre aveu du chef islamiste, lui avait déjà donné son feu vert. Ils « ne savaient pas » que le référendum du 29 septembre 2005, auquel ils ont applaudi, s’intégrait dans un plan global, machiavélique, qui leur échappait, qu’il était l’acte légal par lequel allait
s’opérer la capitulation, la date de la renaissance de l’islamisme politique après quinze années de résistance, de larmes et de douleurs Ils « ne savaient pas »…
Ils n’ont fait qu’aider au transport des explosifs, ils ignoraient le sinistre usage qui en allait être fait et ils n’ont pas appuyé sur le détonateur.
Faut-il alors quand même considérer qu’ils portent une grosse part de responsabilité dans le probable retour du FIS ? Hélas ! oui. Ils ont failli, en tant que démocrates, dans la conduite morale de la politique, c’est-à-dire dans ce qui nous différencie des opportunistes et des islamistes : l’attachement à des principes républicains inoxydables.

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Commentaires (21) | Réagir ?

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citoyenne

A lire ces extraits de votre livre Mr Benchicou, j'ai eu mal au cœur et l'âme. C'est malheureusement la pure vérité, la vérité libre d'un homme libre; de tout les hommes libres.

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cartonvert

Helas! La victoire militaire n'est pas suffisante! Q'attendons nous de la mediocrite? un projet de societe "Talibanesque"? certes! C'est aussi l'amalgame entre islamisme et moralite qui cree une certaine veneration au sein des corompus du pouvoir.

Le combat des "temperes" devient illusoire puisque les marges son gagnes par deux extremes!

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