Crise financière : histoire d'un tsunami qui a peut-être plombé l'Algérie

Crise financière : histoire d'un tsunami qui a peut-être plombé l'Algérie

Expliquer la crise financière actuelle prendrait beaucoup de place. Je vais essayer de synthétiser le problème en 10 points. Pardonnez moi de ne pas être exhaustif et d'utiliser un langage 'banalisé'(sans jargon):

1/. Arrivé au pouvoir Georges Bush a décidé de permettre à tous les américains d'être des propriétaire de leurs maisons. Alan Greespan, patron de la FED, pour faciliter la réalisation de cet objectif a fait baisser les taux d'intérêts en les amenant à un niveau très très bas (permettant par la même occasion aux USA de financer la guerre en Irak).

2/. Les institutions qui prêtent l'argent aux particuliers ont imaginé des 'astuces' pour aider les particuliers à acheter leurs maisons même s'ils n'ont pas la capacité de remboursement exigible: pendant les 2 premières années ils ne payent rien mais ensuite ils sont soumis à des taux variables. La demande étant très importante, l'immobilier a explosé: des centaines de milliards de dollars ont été investi pour y répondre: c'était le nouvel eldorado

3/. Afin de ventiler le risque (car on prêt alors l’argent sans être regardant aux capacités de remboursement des emprunteurs), les sociétés de crédit ont revendus les contrats (les liant aux propriétaires) à d'autres entités de crédits, d'assurances et à des brokers qui les ont ensuite revendus à d'autres. A chaque revente du contrat, le vendeur ou l'acheteur fait l'HYPOTHESE que le propriétaire PAYERA ou NE PAYERA PAS ses mensualités et/ou que l’assureur POURRA REMBOURSER ou NE PAS POUVOIR REMBOURSER en cas de problème. Dans les deux cas, il SPECULE sur un évènement futur.
Ces hypothèses ou spéculations sont inhérentes à des instruments complexes qu'il serait trop long d'expliquer et qui sont 'les produits dérivés' et notamment les CDS (Credit Debt Swap). En un mot, ces CDS permettent d'assurer un actif auprès d'un assureur dans le cas où cet actif a un problème. C’est le cas par exemple lorsqu’un prêteur a peur de ne pas être remboursé ou d’un prêteur qui craint de ne pas pouvoir effectuer le paiement de ses mensualités (il existe d’autres applications bien sûr). La seule différence avec l'assureur que vous connaissez, c'est qu'ici les assureurs N'ONT PAS FORCEMENT l'argent pour vous rembourser en cas de pépin. Si tout va bien, ils empochent la prime d’assurance que vous leur devez mais en cas de problème ils vont emprunter sur le marché pour vous rembourser. Vous devinez intuitivement l'énorme risque de ce business: s'ils n'ont pas d'argent pour vous rembourser ou ne peuvent pas emprunter, vous êtes mal et même très mal car vous perdez la prime que vous leur avez payé ET le problème de l'actif lui-même que vous ne pourrez pas résoudre. Un exemple classique : c’est ce qui est arrivé à l’Argentine qui avait souscrit un contrat d’assurance auprès d’un ‘assureur’ dans le cas où il ne pourrait pas rembourser au FMI ses dettes à échéance. Lorsqu’il fut dans l’impossibilité de rembourser, son ‘assureur’ fut en défaut de le faire à sa place. L’Argentine dût privatiser les joyaux de son industrie pour effectuer ses remboursements, lesquelles privatisations furent effectuées au rabais au profit des entreprises occidentales et aux bonnes âmes locales qui ont fait du lobby pour pousser leur gouvernement à signer. Vous comprenez pourquoi Belaid Abdesselem ne voulait pas signer le rééchelonnement de la dette algérienne avec le FMI tandis que certains ‘mokhs’ exigeaient qu’ils le fassent : l’Algérie perd ses meilleurs actifs et au passage les nationaux qui poussent à le faire s’en mettent plein les poches.
Dans notre cas, c'est ce qui est arrivé à Lehman Brothers, mais on n'y reviendra!

4/. Tant qu'il n'y a pas de problème (ou peu) ces brokers (intermédiaires : organismes de crédit et banques d'affaires) s'enrichissent puisqu'elles encaissent leurs primes gratuitement !
Et comme les taux d'intérêts continuaient d'être bas et qu'il n'y avait pas de problème ni pour les propriétaires, ni pour toute la chaîne de brokers, les agences de notation comme Standard & Poors et Moody's ont estimé que ces produits ETAIENT SANS RISQUE: ils leurs ont donné la note AAA (prononcer triple éye)

5/. Le AAA est une garantie. Les banques commerciales de par le monde occidental ont "acheté" ces produits et les ont packagé avec d'autres produits pour en faire ce qu'on appelle, en France par exemple, des Sicav (aux USA ce sont des obligations) "sûres" qu'elles ont ensuite vendus à leurs clients particuliers: vous et moi (encore que moi à Skikda je ne suis pas sûr de trouver des sicav). Le problème comme on le verra c’est que comme les produits sont "intégrés" à d’autres pour constituer des sicav, on ne peut plus les séparer quand il s’avèrent ‘toxiques’!

6/. Pour résumer, vous observez qu'on a un produit issu du crédit et des assurances et qui se devient, grâce aux agences de notation, un produit de type bancaire (sicav): cet enchevêtrement de différents secteurs est très important à retenir pour comprendre la suite...

7/. Les banques ne sont pas les seules à acheter ces 'produits' liés aux crédits: des pays divers se sont rués pour les acheter car ils étaient un placement sûr. Conseillés par des banques d'investissements qui sont 'juge et parties' comme Lehman Brothers, Merryl Lynch, JP Morgan, Goldman Sachs, etc ... tout le monde y va. Mais tous les pays n’ont pas le même niveau d’intelligence : certains le sont plus que d’autres ....

8/. Lorsque le nouveau patron de la FED, Ben Bernanke arrive - de connivence avec Bush qui, en bon pétro-texan, avait auparavant fait monter le baril à prés de 150 dollars grâce à ses discours guerriers qui ont fourni du grain à moudre aux réseaux de spéculateurs liés aux néocons - il décide d’augmenter les taux d'intérêts car il constate que la compétitivité des USA n'est pas forcément liée à un dollar faible et à des taux d'intérêt faibles. De fait, il fait ouvrir la boite de Pandore…
La suite vous la connaissez: les propriétaires n'arrivent pas à payer leurs crédits immobiliers, se retrouvent dehors (crise des subprimes), l’immobilier (40% du PIB américain) plonge et la valeur de tous les investissements se réduit dramatiquement. La bulle de l’immobilier éclate. Mais parmi les plus touchés se trouvent des institutions comme la Washington Mutual, assureur Numéro 1 aux USA, AIG, et Lehman Brothers qui a investit- en empruntant - pour plusieurs milliards de dollars dans l'immobilier en Californie pour finalement se retrouver avec des montagnes de béton dont le prix s'affaisse de jour en jour!

9/. Le Secrétaire au Trésor américain (Ministre des Finances) Henry Paulson, ancien DG de Goldman Sachs, laisse sciemment couler Lehman Brothers et pousse Merryl Lynch dans les bras de Bank of America pour éviter que la crise se propage aux banques commerciales qui, de par le monde, avaient rappelez-vous acheté ces fameux produits pour en faire des sicav. Ce faisant, il pense éviter ce qu'on appelle dans le jargon: le 'risque systémique', c'est à dire un risque qui se propage à différents secteurs reliés entre eux (point 6/.) – de par le monde - et à fortiori celui de la banque commerciale et donc de l'économie réelle puisque les entreprises vivent des emprunts à long terme des banques commerciales. Mais c'est presque trop tard car la crise financière actuelle a toutes les chances de ses propager et nous sommes peut être à la veille d'un tsunami financier dont les ravages sont à peine imaginables. Cela n'a rien avoir avec la Dépression qui était localisée aux USA. Ici c'est le revers de la mondialisation: les USA plongent dans le vide et emmènent avec eux tous les pays qui se sont raccrochés à eux. Ne survivront que ceux d’entre les plus coriaces (financièrement parlant). C'est pour ça qu'il y a actuellement un véritables 'sauve qui peut': les anglais, les français (dont les banques sont plombées mais n'osent pas le révéler), les allemands, les belges, etc: chacun essaie de sauver sa ‘tête’. Et à ce rythme même des institutions comme les FMI et la Banque Mondiale peuvent imploser car leurs principaux actionnaires (USA, France, Italie ..) sont des états qui vont faire face à un besoin énorme de liquidités pour sauver leurs banques et dans le cas où la crise se prolonge - ce qui est quasi-certain – leurs priorités iront vers la sauvegarde de leurs banques et de leurs entreprises plutôt que vers l’entretien de ces institutions..

10/. Plus haut je disais que tous les pays mettaient leur argent aux USA avec plus ou moins d'intelligence. Exemple: la Chine, la Russie, la Hollande, Singapour et d’autres ont placé pour prés de 1500 milliards de dollars dans deux institutions Freddie Mac et Fanny Mae. Ces deux là même en difficulté sont protégées de par leurs statuts car leur prises de risques ont été statutairement encouragés par l'Etat américain. Tous les pays qui ont placé leur argent chez elles peuvent être rassurés: Bush et Paulson ont rachetés leurs actifs 'toxiques' et les ont renfloué. Par contre ceux qui ont mis leur argent chez Merryl Lynch, Lehman Brothers, Citigroup, etc.. ceux là ne sont pas prêts de récupérer leurs mises .... Lehman Brothers USA par exemple a été racheté par Barclays sans les dettes, etc ...

Quant à l'Algérie, il faut demander à nos gouvernants – civils et militaires -où ils ont placé les réserves du pays… Personnellement, sachant leur malhonnêteté génétique alliée à une incompétence qu’ils n’osent plus cacher, ils cacheront la vérité en espérant que le baril du pétrole continue d’être au dessus de 100 dollars afin de reconstituer les avoirs perdus et venir dans 6 mois ou 1 an nous dire : eh ben voila les 130 milliards de réserves sont toujours là ! J’espère que des Algériens, des vrais, auront la possibilité de mettre en lumière leur supercherie …..

Sofiane

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Commentaires (44) | Réagir ?

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Minsitre imparfait

Ya elkhaoua arrétons de nous chamailler et revenons à la crise financière.

Kimm, vous devriez présenter vos excuses à Dehbi car même si votre point de vue est intéressant (et le sien aussi) vous avez été blessant. Allez un petit mot sympa cela sera bien....

Apparemmment la crise se développe à l'économie réelle comme le disait l'article de Sofiane et ce matin les américains songent carrément à tout nationaliser.. ça chauffe de plus en plus fort.. à suivre!

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Mourad_UK

Ya faiza, je ne travail pas au McDo, je suis Geologue dans une Oil Company et j’ai fais mon chemin tout seul. L’article en lui meme fut concocte par des Americains et donc anglosaxons mais traduit en francais, c’est donc votre remarque qui est plutot marrante... ?! Je vous propose de sortir un peu du bled et d’allez voir un peu le monde, ca ne vous fera que du bien au lieu de vous attaquer a ceux qui veulent prendre control de leurs vie, montrer de l’ambition et qui finissent par reussir sous d’autres cieux… Franchement c’est desolant de vous lire…

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