Avec Abdelaziz Bouteflika, le mépris de la Constitution est une règle

Abdelaziz Bouteflika n'a eu aucun respect pour la Constitution
Abdelaziz Bouteflika n'a eu aucun respect pour la Constitution

À quoi sert une constitution dans une République travestie comme la nôtre où la force prime sur le droit ? À rien.

Par Mohamed Benchicou

Une constitution est faite pour être respectée comme texte fondamental de la Nation. Dans un État de droit, elle est au-dessus des humeurs, des caprices de puissants, des jeux de cour, des calculs politiciens, des arrogances de gouvernants.

Dans un État débridé comme le nôtre, où le chef du moment érige son tempérament en mode de gouvernance, elle n’est qu’un banal document sans utilité qu’on peut ignorer, piétiner ou, au mieux, mépriser. Elle ne protège pas la République parce qu’elle-même n’a pas de protecteurs : la Constitution a besoin d’hommes élevés dans la culture de l’alternance, de la démocratie, du droit. Entre les mains d’hommes mûris dans la mentalité de la force, elle est impuissante. La preuve par Bouteflika lui-même !

À son arrivée au pouvoir en 1999, il trouve un pays différent de celui qu’il avait laissé en 1979. La Constitution, élaborée en 1976, avait changé en 1989 puis en 1996 et prescrit désormais le multipartisme, la liberté de presse, l’alternance au pouvoir : l’article 74 limite le nombre de mandats présidentiels à deux. Le FLN n’était plus seul "représentant du peuple".

Il est scandalisé et s’écrie en septembre 1999 devant Jean-Pierre Elkabbach sur Europe 1 : "J’ai laissé le pouvoir de Franco, je retrouve celui de la reine d’Angleterre !" Toute sa stratégie, durant seize ans, s’est fondée sur un objectif unique : le rétablissement des conditions politiques du pouvoir absolu. Sur Europe 1 toujours, il annonce la couleur : "Il me faut récupérer d’abord mes attributions constitutionnelles qui ont été dispersées à partir de 1989, il faut que je reprenne mon rôle présidentiel" (Europe 1 le 7 septembre 1999). Par "attributions constitutionnelles", il entend celles de la Constitution de 1976, évidemment ! Il projette de revenir à 1976, effacer les avancées démocratiques qui ont suivi octobre 1988, se réapproprier les leviers de commande, restaurer l’État autocratique dans lequel il a mûri.

Il ne reconnaît pas la Constitution de 1996 qui régissait alors la Nation. Il va superbement la fouler aux pieds. La Constitution algérienne a été, durant 17 ans, une serpillière. Oui, une simple serpillière.

L’article 6 stipule que "Le peuple est la source de tout pouvoir" ? Pas pour Bouteflika pour qui c’est le clan d’Oujda, le groupe militaro-politique qui s’est emparé par la force du pouvoir à l’indépendance, en 1962, qui reste la source de tout pouvoir. Le clan fondateur du pouvoir, en somme. Bouteflika revendique la place qui lui revenait non pas en tant que président élu par le peuple, mais en qualité d’héritier de Boumediène dans le cadre du clan d’Oujda, seul propriétaire de l’Algérie. Pour Bouteflika, on n’arrive pas au pouvoir par le mécanisme de l’élection mais par celui de la succession !

Le général Nezzar raconte dans son livre "Bouteflika, un homme, un bilan" (Éditions Apic, septembre 2003), comment Bouteflika l’avait rudement apostrophé : "Boumediène m’a désigné comme son successeur par une lettre testament qu’il a laissée avant sa mort. Cette lettre se trouvait à un moment donné entre les mains d’Abdelmadjid Allahoum. Qu’est devenue cette lettre ? Je voudrais bien le savoir, car je l’ai vue cette lettre !" Au diable l’article 7 de la Constitution qui dit que "Le pouvoir constituant appartient au peuple" et que "le peuple exerce sa souveraineté par l’intermédiaire des institutions qu’il se donne".

Aussi a-t-il régné dans la pleine conscience d’avoir récupéré son bien, un bien qui lui revenait depuis 1979. C’est ce qu’il faut comprendre quand il dit sur Europe 1 devant Jean-Pierre Elkabach.2 : "J’aurais pu prétendre au pouvoir à la mort de Boumediène, mais la réalité est qu’il y a eu un coup d’État à blanc et l’armée a imposé un candidat".

Il savait alors qu’il ne rendrait jamais plus le pouvoir. Et chante, chante, belle Constitution de 1996 et ton article 14 qui stipule naïvement que "La durée du mandat présidentiel est de cinq ans" et que "le président de la République est rééligible une seule fois".

Tout ce que nous avons vécu en 17 ans de pouvoir de Bouteflika découle de là. Le mépris de la Constitution va devenir une règle.

M. B.

(À suivre)

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Commentaires (14) | Réagir ?

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moh arwal

IIs ont peur des algériens émigrés vivant en occident plus diplomés. alors, ils balisent le terrain de la gouvernance pour éviter qu'ils fassent de l'ombre a leurs chiots de fils tchichi à qui, ils veulent leguer le pays comme si c 'était leur proprété familliale.

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Jafnouhou

Les concepteurs de la révision de la Constitution trahissent l’Emigration.

-L’article 51 consacrera de facto et implicitement la déchéance massive des binationaux : on vous tolère mais on ne vous aime pas. Restez où vous êtes, ne venez pas nous déranger dans notre « monarchie, province spirituelle du Maroc ». On y fait ce qu’on veut. Népotisme ? Ploutocratie ? Corruption ? Mafia ? Fraudes électorales institutionnalisées ? Vengeance de Boutef sur le peuple algérien qui ne l’a pas appelé en 79 ? Causez toujours. Avec vos idées de « démocratie » vous risquez de nous priver de tout : de l’Algérie et de toutes ses richesses. Vous restituerez tout au peuple. Ça on n’en veut pas. Nous préférons la corruption à la compétence. C’est nous qui dirigeons, c’est nous qui décidons qui est algérien et qui ne l’est pas. Pas de référendum, nous dans notre arrière-boutique des pseudo-députés larbins, dociles et fidèles comme des cabots pour faire passer NOS lois. Mais si vous insistez pour un référendum il y an aura un. Avec au moins 85% de oui. Vous pourrez toujours dénoncer la fraude. Ça vous fera une belle jambe. Mais NOTRE Constitution passera plus facilement qu’un arrêté municipal.

-Pendant la Révolution, l’émigration de France a participé de façon vitale à la lutte pour l’indépendance : la « 7ème Wilaya » n’est pas une vue de l’esprit. La Fédération de France du FLN a été la colonne vertébrale de la lutte armée. Elle a contribué par ses hommes et ses femmes et avec son argent au combat et à l’accumulation du « Trésor du FLN » sachant parfaitement que l’argent est le nerf de la guerre. Voir tous les nombreux ouvrages à ce sujet. C’était autre chose que l’épisode burlesque de Tartarin d’ Oujda au fantomatique Front du Mali. L’émigration post-indépendance a également participé au développement du pays. Ses enfants, binationaux parce qu’ils en ont le droit, sont désormais exclus de la communauté nationale, et sont mués en collectivité interlope.

-Comment des individus dont la nationalité algérienne est contestable, et pour d’autres t la binationalité et même la tri est avérée, membres voyous du clan d’Oujda et de Tunis se permettent de distribuer les certificats de nationalité et de patriotisme à qui ils veulent, et se mettre en travers de la route de 7, 5 millions d’émigrés ? Consulter sur Internet la FIDA ou AIDA en anglais.

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moh arwal

Merçi d' avoir emboiter le pas ils faut combattre ces idées discriminatoires, ils veulen juste dresser une barrière a l'émigration pour réserver la succession aux postes de gouverance a leur porgeniture. Pour celà, ils inventent des lois celerates parcequ'ils ont peur que les enfants d'émigrés qui ont de solides connaissances technologiques acquises en occident fassent de l'ombre à leurs mioches tchi tchi

Quand on veut tuer son chien, on dit qu’il a la rage.

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