L'homme d'une 3è guerre mondiale ? Comment John McCain voit le monde

L'homme d'une 3è guerre mondiale ? Comment John McCain voit le monde

Quelle politique étrangère mènera-t-il s’il est élu ? Personne n’en sait rien. Car il a souvent changé d’opinion, notamment au sujet de l’Irak. Le regard de Newsweek.

“Nous devons écouter le point de vue des pays démocratiques alliés”, martela McCain. Puis, alors que cela n’était pas prévu dans le texte de son discours, il répéta, comme pour s’exhorter lui-même : “Nous devons écouter.” Cette formule constituait le point fort du premier grand discours de politique étrangère de McCain. Grâce à elle, le candidat républicain déclarait à l’Amérique et au reste du monde que, s’il était élu, on en reviendrait enfin à ce que Jefferson appelait “le respect des opinions de l’humanité”. McCain semblait dire qu’il était le seul candidat capable de raccommoder les relations internationales de l’Amérique.

Il n’est donc guère surprenant que les responsables de la campagne de McCain ne ­cessent d’invoquer la coopération internationale. “Il a des relations extrêmement proches avec de nombreux Européens et avec des dirigeants d’autres parties du monde, y compris en Asie et au Moyen-Orient”, souligne son conseiller Rich Williamson, avant d’ajouter qu’il a su entretenir sa stature internationale “en se rendant chaque année à la Conférence de Munich sur la sécurité”.

L'incident munichois

Tout cela semble rassurant. Il n’y a qu’un seul problème : John McCain n’a pas toujours agi en conformité avec l’image d’homme d’Etat avisé qu’il veut donner. Alors même qu’il ­assistait à la Conférence de Munich en 2006, le sénateur de l’Arizona a fourni un exemple de ce que l’on appelle désormais les “moments McCain”. Au cours d’une réunion avec Frank-Walter ­Steinmeier, le ministre des Affaires étrangères allemand, McCain explosa littéralement, ­estimant que son interlocuteur n’était pas assez ferme à l’égard du régime biélorusse. McCain “commença à s’agiter sur son siège”, raconte un ancien haut diplomate qui assistait à cette réunion : “Il a dit : ‘Je ne suis pas venu à Munich pour entendre ce genre de conneries !’” Le vieil ami de McCain Joe Lieberman, le sénateur indépendant du Connecticut, intervint. “Lieberman, qui le connaît par cœur, a posé sa main sur son bras et lui a dit d’un ton apaisant : ‘John, je crois qu’il y a eu un problème de traduction.’ Mais il n’y avait aucune erreur de traduction ; l’incident était uniquement dû au tempérament explosif de McCain.”

Bien sûr, cela ne déclencha pas une crise grave et les Allemands firent rapidement savoir que tout était pardonné. Mais la saillie munichoise de McCain n’est pas un incident isolé. Le sénateur de l’Arizona est connu depuis longtemps pour les coups de colère dont il gratifie tous ceux qui le contrarient : ses collègues du Sénat, ses interlocuteurs étrangers, et même ceux qui menaient les interrogatoires au Hanoi ­Hilton [nom donné par dérision à la geôle dans laquelle étaient enfermés les prisonniers américains pendant la guerre du Vietnam et où John McCain a passé cinq ans]. Et, depuis quelque temps, Joe Lieberman semble se donner pour tâche de contrôler les sautes d’humeur du candidat.McCain est un homme difficile à cerner. Il y a, d’une part, McCain le pragmatique, l’homme astucieux, au courant des affaires du monde et déterminé à se fonder sur les faits et non sur l’idéologie. Un homme prêt à défier son propre parti et à faire des compromis, y compris avec des sénateurs démocrates comme Ted Kennedy (pour la régularisation de certaines catégories d’immigrants illégaux) ou John Kerry (pour la normalisation des relations américano-vietnamiennes). Et il y a, d’autre part, McCain le fanatique, uniquement préoccupé de faire triompher sa cause, volant parfois dans les plumes de ses détracteurs, prêt à s’aliéner ses partisans et, au besoin, à se battre seul.

Parfois ces deux McCain se fondent l’un dans l’autre pour faire de lui une personnalité forte et résolue au changement, ce que les Américains semblent aujourd’hui souhaiter. C’est par exemple McCain l’expert militaire avisé qui, après avoir étudié l’insurrection irakienne naissante, à l’automne 2003, a conclu qu’il fallait augmenter le nombre des troupes américaines. McCain a été le premier à Washington à demander l’envoi de renforts en Irak. Mais ce n’est que quatre ans plus tard qu’il a rallié le Congrès et le président à son point de vue.

“Je ne suis pas colérique, je me laisse juste emporter par la passion !”

Mais le candidat républicain a également soutenu, et ce depuis le début, les appels au renversement de Saddam Hussein et s’est toujours montré un fervent partisan de la guerre en Irak. S’agissant de l’Iran, certains craignent que l’approche rigide du candidat – en dépit de sa position affichée : vouloir s’en tenir à une pression diplomatique contre Téhéran – ne conduise aux hostilités. “La première chose à laquelle on pourrait s’attendre de la part d’un ancien combattant comme McCain, et surtout de quelqu’un qui a vécu une expérience aussi dure que la sienne, c’est une plus grande prudence”, souligne Winslow Wheeler, un spécialiste de la défense qui a pu observer McCain pendant des années.

McCain est conscient de ce qu’il a appelé dans son autobiographie, publiée en 2002, son tempérament “légendaire”. “Je suis combatif, il ne sert à rien de le nier”, écrivait-il dans son livre, intitulé Worth the Fighting for [Un combat digne d’être mené]. Tout en affirmant que les gens avaient tendance à exagérer ses colères, il reconnaissait que celles-ci “lui avaient fait commettre certaines des erreurs les plus graves de sa carrière”. Pourtant, ce ne sont pas seulement les colères de McCain qui inquiètent ses détracteurs, c’est aussi l’absolue conviction d’avoir raison qui accompagne celles-ci. Au cours de son premier mandat de sénateur, en 1986, McCain en a eu tellement assez d’entendre les gens se plaindre de ses explosions qu’un jour, d’une voix de tonnerre, il assena à ses conseillers : “Je ne suis pas colérique ! C’est juste que je me laisse emporter par la passion !” Au Sénat, McCain est connu pour se lever de son banc et sortir lorsqu’il n’apprécie pas ce qu’il entend. “Quand vous êtes président, vous n’avez tout simplement pas la possibilité de sortir quand ça vous chante. Vous avez des obligations”, fait observer un employé démocrate du Sénat. McCain nie pour sa part être jamais sorti du Sénat sous prétexte qu’il aurait désapprouvé ce qu’il entendait. Il souligne au contraire qu’il a toujours “participé calmement à de longues heures de négociation, en toute bonne foi, et avec le plus grand respect pour les personnes exprimant des avis contraires”. Mais il ajoute : “Je réagis avec passion sur les problèmes importants, et le jour où je ne ressentirai plus cette passion, tel un vieux soldat, je rentrerai chez moi pour retrouver mon rocking-chair.” Même ses adversaires les plus virulents ne vont pas jusqu’à suggérer que McCain, dont le caractère et la santé mentale ont été mis à rude épreuve par quelques-unes des tortures les plus barbares qu’un être humain puisse endurer, soit quelqu’un d’instable.

Obsédé par l'Irak

Quels combats serait susceptible de mener McCain s’il était élu président ? En tant qu’ancien du Vietnam marqué par l’échec de cette guerre, McCain a souvent exprimé, concernant l’usage de la force, des jugements pleins de prudence. En 1983, alors qu’il siégeait au Congrès, il appela au retrait des marines de Beyrouth. Il vota également, en 1993, contre l’intervention en Haïti, et pour la suppression des crédits destinés à la mission “Black Hawk Down” en Somalie. Il se montra d’abord extrêmement méfiant à la perspective d’une offensive terrestre contre l’Irak en 1991, avant de voter pour. Puis McCain a commencé à être plus agressif, après le succès de la première guerre du Golfe. Il en est venu peu à peu à élargir sa conception de la mission incombant à l’Amérique. A la fin des années 1990, il appuya fermement la guerre aérienne au Kosovo et, avec des néoconservateurs comme Paul Wolfowitz et Richard Perle, signa la lettre du “Project for a New American Century” ­[Projet pour un nouveau siècle américain, un think tank néoconservateur fondé en 1997 à ­Washington], qui appelait au renversement de Saddam Hussein. Une décennie plus tard, après les attentats du 11 septembre 2001, McCain montra encore plus d’ardeur que George W. Bush à s’attaquer à Saddam Hussein en pleine guerre contre Al-Qaida, déclarant dès le début de 2002 que l’Irak constituait “le prochain front”. Depuis, il a déclaré qu’il était d’accord avec Oussama Ben Laden pour dire que l’Irak était le champ de bataille principal de la guerre contre le terrorisme. McCain sait que le succès ou l’échec de sa candidature dépendra de la façon dont l’opinion publique américaine appréhende la guerre en Irak et celle contre le terrorisme. “La façon dont les gens jugent la situation en Irak aura un impact direct sur la façon dont ils me voient, a-t-il déclaré. D’une certaine manière, cela échappe à mon contrôle.”

“McCain est fortement influencé par son expérience vietnamienne”

Même si le bilan de McCain sur la question du recours à la force est mitigé, son équipe sait qu’il a un problème d’image. C’est pourquoi les premières phrases du discours qu’il a prononcé à Los Angeles en avril visaient à dissiper les soupçons faisant de lui un va-t-en-guerre. “Je déteste la guerre, a insisté McCain. Lorsque des pays cherchent à résoudre leurs différends par la force, il en résulte mille tragédies. Et, quels que soient les gains que les pays en tireront, les anciens combattants, eux, se souviendront avant tout des pertes occasionnées.”
Cette dernière phrase montre que l’expérience vietnamienne de McCain continue à le façonner. “Sa position sur l’Irak est fortement influencée par son expérience vietnamienne”, souligne l’ex-sénateur démocrate Gary Hart. “Pour lui, ne pas perdre est un enjeu émotionnel. Comme d’autres vétérans, il estime que nous aurions pu gagner la guerre du Vietnam, mais que les politiciens ont cédé aux pressions de l’opinion et décidé prématurément que nous devions nous retirer.”
Cependant, s’il y a une question qui hante de manière encore plus vive la candidature de McCain, c’est bien celle de l’engagement du pays dans une nouvelle guerre contre l’Iran. McCain a déclaré qu’il continuerait “à épuiser toutes les autres options avant de mettre en danger la vie de jeunes Américains”, mais il a ajouté : “Nous ne pouvons nous permettre de laisser l’Iran acquérir des armes nucléaires.” Joe Lieberman affirme que McCain est précisément l’homme qui évitera à l’Amérique d’entrer en guerre. “Il fera tout son possible pour éviter une confrontation militaire avec l’Iran, insiste-t-il. Il existe un vieil adage : le meilleur moyen de préserver la paix est de préparer la guerre.” McCain estime que les effectifs de l’armée de terre américaine et des marines devraient être augmentés de plus de 100 000 hommes, mais il comprend également que la lutte globale contre les terroristes et les Etats qui les soutiennent requiert, outre les opérations militaires, une aide multiforme, et nécessite de gagner “les cœurs et les esprits”. “Dans ce combat, les bourses d’études seront plus importantes que les bombes intelligentes”, a-t-il déclaré lors de son discours à Los Angeles. S’il devient un jour président, auxquelles aura-t-il recours en priorité ?

Michael Hirsh
Newsweek

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Commentaires (20) | Réagir ?

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farouk bougandoura

dans le cerveau de cette homme il y a une toile d'araignée VIDE car l'araignée n'étant pas con à compris qu'il n'y avait rien à bouffer la dedans et elle est partie y a tres tres longtemps.

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skhilos

on peut aimer les etats unis ou les hair ce qu'ils ne faut pas faire c'est negliger sa force et son influence sans limite sur le monde, si les pays du monde sont chacuns comme une bougeie l'amerique est une lampe electrique 100wat elle seule alors combien il ne faut de bougie pour contrecarrer l'influence des etats unis sur absolument tous les continents. le phenomene americain est devenu une necessité pour le monde comme l'eau et l'oxygene immaginons que par une cause quelquonque les etats unis unis est rayer de la carte les consequences sur l'economie, et l'equilibre mondiale sont semblable a une chutte de grand meteorite sur le monde personelement je n'aime pas les etats unis du fait de sa politique exterieur hypocrite et devastatrice pour beaucoups de peuple tel les palestiniens, irakien, cubains, japonais, etc....... mais je sais que les etats unis

sont aujordhui les seules garants de la paix dans le monde c'est une paix selective et partiale mais c'est mieux que rien, on ne peut aujordhui qu'essayer de limiter l'influence des etats unis dans le mondes en creant des espaces sur des criteres ethnique religieux ou geographique en attendant bien sur qu'une autre puisssance fait le contrepoid.

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