Le Sultan Insouciant ou Alloula ressuscité

Ancien membre de la troupe algérienne « El Ajouad », fondée en hommage à Alloula, Azzedine Hakka, est un jeune auteur, metteur en scène courageux. Etabli depuis quelques années en France, il s’installe en indépendant en créant sa compagnie « Chouia Théâtre » (1), et se présente comme le fil spirituel d’Abdelkader Alloula. « Mon message est simple : je veux démontrer que l’Algérie a aussi sa propre culture à partager en France, en Chine, en Australie et ailleurs. Alloula a travaillé de 1969 à 1994, pour nous laisser un héritage qu’il serait dramatique de délaisser, alors je veux reprendre le flambeau et continuer d’exploiter l’art de ce grand homme de théâtre ».Une sacrée mission de sauvegarde ! D’autant plus, que Azzedine Hakka est un grand ambitieux, puisqu’il veut séduire un public parisien avec un théâtre traditionnel fortement ancré dans le vernaculaire algérien.

Sa troisième pièce, « Le sultan Insouciant », est actuellement en représentation pour plusieurs dates au Théâtre Aire-Falguière, une petite salle intimiste parisienne. « Le sultan insouciant » est un théâtre expérimental d’un genre nouveau. Outre l’incontournable El Goual, Azzedine Hakka explore une nouvelle piste dans la mise en scène : reproduire l’ambiance « d’El halka », le cercle, dans une salle. Un véritable travail de décomposition des codes du théâtre classique, puisqu’il renverse la tendance en transportant le jeu de la rue sur les planches, en veillant toutefois à conserver l’esprit du jeu de la rue. Quatre contes arabes, rapportés et traduits au Français par Boubaker Ayadi, sont présentés. Trois comédiennes, des françaises, accompagnées par un joueur d’Oud et un guitariste, montent sur scène en passant par le public.

La représentation s’ouvre en musique pendant que les comédiennes offrent du thé aux spectateurs en préambule, avant de raconter un conte, dans un jeu polyvalent, tantôt comme narratrices, tantôt comme des personnages de l’histoire. Le décor est cependant sommaire, juste un petit trône posé au milieu de la scène. Ainsi, le metteur en scène tente de créer une atmosphère comparable à «El Fordja », sorte de communion entre El Goual et les spectateurs, qu’on rencontre dans El Halka.

Pari gagné ? On est tenté de dire oui, mais subsistent néanmoins quelques imperfections corrigeables. D’abord, le public, français, qui doit s’imprégner davantage de ce genre de théâtre particulier. Ensuite l’approximation dans l’interprétation des comédiennes, dont il est honnête de saluer au passage la prouesse d’avoir réussi à s’approprier des chansons en arabe, malgré l’handicape de la langue. In fine, on peut dire que le Sultan Insouciant est un bon moment de théâtre, appelé certes à être retouché par endroits, mais qui ne lasse pas en l’état. Une tournée en France est prévue en plus de quelques représentations à Tunis et au Canada. De quoi permettre au spectacle de mûrir et de prendre de l’épaisseur. Ce qui n’est pas une sinécure, mais Azzedine Hakka semble avoir du potentiel pour relever le challenge.

On peut lui faire confiance, lui qui a cette qualité sans laquelle il est difficile de réussir : la foi dans ce qu’il fait.

Fayçal Anseur.

1- www.ciechouiatheatre.com

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Commentaires (7) | Réagir ?

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Service comptabilité

merci pour les informations

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Bereksi

Pour ma part, je pense qu'il est vain de débattre sur les auteurs du massacre perpétré en Algérie. Ce que nous pouvons faire à l'heure actuelle c'est d'ouvrir grand nos yeux et d'essayer de nous battre avec notre plume et le travail acharné. Ce que je peux dire c'est que la vérité ne sera jamais dévoilée. on essaye tous de comprendre et d'interpréter mais sans la moindre certitude.

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