A propos de Chafik Mesbah, de Bouteflika et de l’Armée TROISIEME PARTIE : LE CHOIX DE BOUTEFLIKA

A propos de Chafik Mesbah, de Bouteflika et de l’Armée  TROISIEME PARTIE : LE CHOIX DE BOUTEFLIKA

C’est l’occasion de revenir sur 1992, la responsabilité de l’Armée dans la réconciliation nationale et le choix de Bouteflika.

Je pense qu’il est temps de clamer que l’Armée a fomenté Janvier 1992 plus pour elle-même, pour la famille, que pour le « salut national ». Chafik Mesbah le dit en filigrane : « Ils craignaient que le FIS ne liquide même physiquement les chefs militaires… » Et 1992 ne s’appuyait sur aucun « projet démocratique. » Bien au contraire : on sait maintenant qu'une partie des généraux ont été les véritables inspirateurs de la réconciliation avec les islamistes, réconciliation conçue comme un pacte avec « la famille d’en face » et dont Chafik Mesbah avoue qu’elle « a généré une illusion trompeuse de situation dépassée avec l'idée que le terrorisme avait disparu » et occasionné des « dégâts causés sur le niveau de mobilisation des forces de l'ordre et leur degré de vigilance. » La première commission de dialogue avec les islamistes était, souvenons-nous en, dirigée par un général, le général Senhadji !

Cette « réconciliation » avec les islamistes sur le dos des Algériens était devenue pour le régime la seule ouverture stratégique pour, pensait-il, se maintenir au pouvoir. Il était pris entre deux feux : d'une part la société mécontente qui lui est hostile et, d'autre part, les coups de boutoir du terrorisme islamiste. Plutôt que de s'ouvrir à la société et de faire un front populaire large contre le terrorisme (ce qui aurait impliqué une réforme démocratique et, au bout, la remise en cause du système, donc un Carvalho ou un Melo Antunes), il a choisi de faire la paix avec les islamistes et contre sa propre société. Il voulut, par la « réconciliation entre Algériens » arrêter la guerre interminable que lui imposent les groupes armés islamistes et dont il a peur qu'elle ne finisse par le fragiliser puis par l'emporter.

Et Bouteflika a toujours partagé avec la partie dominante de la hiérarchie militaire, ce primordial réflexe de survie du système : plutôt surnager avec les islamistes que périr avec la démocratie.

Aussi la hiérarchie militaire a-t-elle appelé aux commandes, en 1994 puis en 1999, cet homme de « la famille » comme « interface » pratique pour traiter avec les islamistes. Il n'avait qu'un seul cahier de charge, une besogne qu’avait refusée Zéroual : assurer la survie du système au prix d’un pacte mafieux avec les islamistes. C’est ce que Bouteflika a appelé pompeusement « la couverture politique des accords avec l’AIS ». Et c’est cette même caste militaire qui a assuré sa réélection en 2004 pour achever la besogne capitularde : le référendum sur la « réconciliation » qui aura lieu en 2005. Alors, pour 2009, si la fraction du DRS et de la hiérarchie militaire qui craint « une insurrection populaire couplée à une offensive terroriste » en serait venue à voir la solution dans le départ du « cercle présidentiel », c’est sans doute que la faillite de Bouteflika a entraîné une accélération des risques d’instabilité pour le système, et que le président a « trahi le pacte ».

Bref, de futurs Antunes sont possibles : mais avec une institution rénovée, et qui aura fait son mea-culpa devant le peuple et devant l’histoire.

Mohamed Benchicou

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Commentaires (28) | Réagir ?

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Halimou d´Oran

Réponse à Mehdi : Selon votre post vous êtes islamiste (si je me trompe pardonnez moi) et vous réclamez au nom de la démocratie le droit d´exister ? Mais personne ne vous empêche cher monsieur de croire en ce que vous voulez ni de la quantité de votre croyance mais ce que Benchicou (et nous sommes un paquet) combat, c´est l´avènement d´une république islamique et là encore pas par la haine des croyants mais parce que une république islamique non seulement elle ne réglera rien mais elle multipliera les problèmes par 100. Un état islamique n´est même pas dans l´intérêt des islamistes sincères, alors n´ayez crainte croyez autant que vous le désirez mais pour vous tout seul ; tenez, moi par exemple je suis homosexuel et bouddhiste, imaginez que je veuille imposer l´homosexualité et le bouddhisme à tous et à toutes? Bon vous me direz, Vous comprenez ? Je ne demande pas qu´on m´aime ; je veux avoir le droit d´avoir la sexualité que je veux. Donc à chacun ses croyances et mode de vie et à tous une république laïque qui garantie toutes les libertés à tous. Je nous vois déjà, vous islamiste moi homosexuel battant le pavé des rues d´ Alger pour les libertés individuelles, ce n´est pas demain la veille ? C´est sûr, mais rêvons un peu ça nous fera oublier un instant notre cauchemar et la chaleur.

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Kabyliste

Bonsoir,

Depuis que les mots clans, système, pouvoir, et autre épithètes qui sont devenus banals dans la bouche de tout le monde, usés et abusés par tous les medias, les écrivains, les journalistes, les partis politique ; que j’attends que quelqu’un de bien informé vienne casser la langue de bois des FFS, des RCD, des Mouvement Citoyen de pacotille, etc. et nous dire QUI COMPOSE CE SYSTEME ? QUI SONT LES CLANS ? QUI LES COMPOSENT ? DES NOMS ! Ce ne sont tout de même pas des fantômes, non ? Nous voulons mettre des noms et des visages à ces gens qui ont détruit l’existence de tout un peuple, de plusieurs générations, de tout un pays. QUI SONT-ILS ? Nous en avons MARRE de la langue de bois. Nous voulons savoir à qui irons nous demandé des comptes quand le jour viendra (le jour viendra, je vous l’assure). Allez, courage. Qui sont les hommes de l’ombre ? Qui doit rendre des comptes pour cette incurie qui perdure depuis bien avant 1962 ?

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