Accusé d'avoir tué Matoub Lounès, Malik Medjnoun réapprend à vivre

Malik Madjnoun avec Malika Matoub et sa mère Na Aldjia, soeur et mère de Lounès Matoub.
Malik Madjnoun avec Malika Matoub et sa mère Na Aldjia, soeur et mère de Lounès Matoub.

Malik Medjnoun est l’un des deux accusés dans l’affaire de l’assassinat du célèbre chanteur engagé Kabyle, Matoub Lounès. Après que Hakim Chenoui, principal accusé dans l’affaire, se soit repenti le 17 septembre 1999, Malik Medjnoun a été arrêté, à Tizi-Ouzou puis conduit à un centre de rétention à Alger, dit centre "Antar", où il a été placé en détention secrète pendant des mois sans jugement. Plusieurs ONG ont dénoncé sa détention arbitraire et ont appelé à sa libération, mais il fallait attendre jusqu’au mercredi 2 mai 2012 pour qu’il quitte la prison. Après 11 ans de détention provisoire. Un cas unique dans le monde et dans les annales de la justice. Après sa sortie de prison, il a refusé de donner des entretiens aux médias algériens et étrangers et il a préféré se retirer. Malik Medjnoun livre ses impressions pour la première fois au Matindz, un journal francophone algérien.

Le Matindz : Une question que tout le monde se pose. Pourquoi on a choisi Malik Medjnoun comme accusé dans l’affaire Matoub Lounès ?

Malik Medjnoun : Figurez-vous que c’est la question qui me taraude. La seule explication est que j’étais proche des milieux islamistes et que je suis natif des Ath Douala. Donc j’étais un candidat idéal pour l’accusation.

Vous étiez où le jour de l’assassinat de Lounès ?

Le jour de l’assassinat de Lounès j’étais dans un restaurant, très populaire à Tizi-Ouzou entrain d’aider des amis. Ces derniers ont témoigné le jour du procès mais leur témoignage n'a pas été pris en considération.

Pourriez-vous nous parler de votre arrestation et détention ?

Ce n’est pas une arrestation, mais plutôt un kidnapping. Je me suis retrouvé dans un centre de détention secret à Alger pendant plus de 7 mois avec tortures, sévices et humiliations.

On vous a proposé de sortir dans le cadre de la réconciliation nationale et vous avez refusé ?

Soit-disant, d’après des magistrats j’ouvrais droit à des dispositions de la charte de réconciliation nationale, puisque je n’étais pas jugé alors que j’avais à l’époque 6 ans de mandat de dépôt et toute l’instruction a été faite, et même on a annulé un non-lieu du juge d’instruction.

J’ai envoyé des correspondances à toutes les autorités compétentes leur disant que je voulais un procès équitable qui prouvera mon innocence, mais on a voulu que je passe six autres années de mandat de dépôt.

Après douze ans de détention qu’avez-vous fait juste après votre sortie de la prison ?

Après ma sortie de la prison donc, je devrais regagner les Ath Douala, et ça c'était ma réponse aux officiers qui ont juré que je ne mettrais plus les pieds à Ath Douala. Donc je suis allé à Ath Douala où j’ai déposé une gerbe de fleurs sur la tombe de Matoub Lounès. Et je circule toujours à Béni Douala la tête haute, car les Ath Douala c’est chez moi, et les habitants d’Ath Douala savent bien qui est Malik Medjnoun.

Que devient Malik Medjnoun aujourd’hui ?

J’essaie de vivre et d’oublier.

Il semble que vous-avez une bonne relation avec la famille Matoub ?

Oui, tout à fait. La famille de Matoub Lounès m’a toujours soutenu, en particulier sa mère Na Aldjia à qui je souhaite un prompt rétablissement et sa sœur Malika. Et c’est pour cela que je souhaite que les fans de Matoub Lounès soient tous derrières ces deux femmes courageuses dans leur combat pour la vérité et la justice dans l’affaire de l'assassinat de Lounès.

Que représente pour vous Matoub Lounès ?

Matoub Lounès n’est pas seulement une idole ou un artiste mais un militant engagé pour la cause et l’identité amazighe, un militant des droits de l’Homme et toutes les causes justes. Paix à son âme. Lounès est ce militant courageux et infatigable qui est mort digne pour ses idéaux au moment où des hommes se vendaient et s’achetaient comme des petits pains.

Entretien réalisé par Madjid Serrah

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Commentaires (6) | Réagir ?

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Matoub Lounes

Merci pour cette entretien Matindz et Malik MEdjnoun. Comment voulez-vous avancer dans cette affaire historique lorsque l'on prend même pas la peine de considérer les témoins. Triste réalité quand des témoins cruciaux ne sont pas pris en considération.

Le soutien des Ath Douala face à Malik Medjnoun redonne le "sourire" malgré ces faits injustifier.....

Je suis très attristé et souhaite le meilleur pour Malik !

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elvez Elbaz

L'ambigu djamel dine benchenouf, qui de son grand écart médiatique oesophagien, est arrivé à s implanter chez le média islamopanarabiste, de MADANI fils, de l'ex FIS, ALMAGHARIBIA qui émet de londres, a, d'une maniere insidieuse essayé de récuoperer le "combat "de la famille matoub.

Invitons la soeur du chantre identitaire kabyle à lui relater les "tenants et aboutissants" de l'assassinat de lounes matoub, il lui a tendu, un piége, heureusement, dans lequel elle n'est pas tombé, en la questionnant SUR LE LIEN ENTRE LE COMBAT de la famille de matoub et le MAK ?!!!

Quel amalgame, quelle mauvaise fois de la part de ce "kabylophobe"!!.

Donner la parole à la soeur de matoub qui souffre dans sa chair la perte de ce grand homme kabyle, une soeur fragilisee par un combat fastidieux pour connaître "la vérité" et l'entrainer vers autre chose n, sciemment, est vraiment une imposture!

Dénoncer ces "malintentionnés médiatiques" est déjà les démasquer un peu... !

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