Madjid Boutemeur, physicien au CERN : "J'aspire au prix Nobel"

Madjid Boutemeur
Madjid Boutemeur

Madjid Boutemeur est professeur des universités, docteur en physique nucléaire et physique des particules. Il fait partie de l’élite mondiale des chercheurs en ce domaine et il se dit sûr de décrocher le prix Nobel. Il travaille sur le "Grand collisionneur de hadrons" (LHC), le plus puissant accélérateur de particules du monde, implanté à la frontière franco-suisse, et plus particulièrement sur le "Solénoïde compact pour muons" (CMS), détecteur polyvalent installé sur l’anneau du LHC. Nous l’avons rencontré au centre culturel de Raffour où il a animé une conférence publique. Il nous parle ici de son expérience scientifiques, de son passé et de ses objectifs.

Le Matindz : Professeur, quel a été votre parcours jusqu’à votre entrée à l’université de Grenoble ?

Madjid Boutemeur : D’abord, je remercie l’association Tusna d’avoir organisé cette conférence. Je suis né en 1962 à Tazmalt. Iwaquren, mon village dans les hauteurs de Djurdjura a été bombardé par l’armée française durant l’opération Jumelles en 1957. Nous y sommes revenus en 1964. J’ai commencé mes études primaires à l’âge de 4 ans, j’ai été le seul à cet âge-là puisque j’accompagnais seulement ma sœur à l’école et on m’a validé ces deux années lorsque j’ai eu 6 ans. J’ai continué mes études moyennes au CEM Amrouche Mouloud puis au lycée polyvalent de Bouira. J’ai décroché mon BAC en 1980 avec une moyenne générale de 17 et un 20/20 en mathématiques. J’ai entamé mes études universitaires à Tizi-Ouzou, où j’ai eu la chance d’obtenir une bourse. J’ai enfin été recommandé à l’université de Grenoble.

Le Matindz : Qu’est-ce qui a motivé votre décision de rejoindre le CERN ?

Mon excellent parcours universitaire à Grenoble m’a permis d’obtenir une thèse de collaboration avec le CERN. Avec cette thèse, j’ai été candidat au prix Nobel en 1987 et j’ai failli l’avoir. J’ai soutenu ensuite une autre thèse à l’université de Yale aux USA où j’ai établi le record du monde de la polarisation des spins dans les très basses températures.

L’accumulation de mes succès m’a ouvert les portes des grandes universités mondiales, comme le Canada où j’ai travaillé pendant cinq années avec l’université de Montréal et le gouvernement à partir de septembre 1991.

Le Matindz : Pouvez-vous nous dire c’est quoi le CERN ?

Le Conseil Européen de la Recherche Nucléaire est le plus grand centre de physique des particules du monde avec 21 pays membres et sept États et organisations observateurs. L’Algérie fait partie des États participants à des programmes du CERN avec 28 autres États dont la Chine et l’Afrique du sud. C’est le lieu de naissance de l’informatique, de la science moderne, la physique médicale et même actuellement des recherches sont menées sur le prolongement de la vie humaine !

Le CERN emploie 2400 personnes environ dont la moitié des physiciens du monde.

Le Matindz : En quoi consiste précisément votre responsabilité et votre grade scientifique, ainsi que votre rôle au LHC ?

Je suis actuellement professeur des universités, première classe en France, le plus haut grade académique. J’ai été nommé par le président de la République française Jacques Chirac. Je suis aussi conseiller scientifique du gouvernement de Bavière en Allemagne, c’est-à-dire que je suis appelé à répondre aux besoins du gouvernement en cas de problème énergétique. J’ai à mon actif 650 publications scientifiques de classe A. S’agissant de mon rôle dans le LHC, je suis responsable des équipes de calcul dans les quatre principales expériences (CMS, LHCb, ALICE et ATLAS).

Le Matindz : Le prix Nobel figure parmi vos objectifs futurs alors ?

Ce n’est pas un objectif, c’est seulement une jouissance personnelle. J’ai tellement d’idées performante, je suis sûr qu’une ou deux seront récompensées un jour ou l’autre par ce titre. Et je le dit dès maintenant : "Je vais avoir le prix Nobel".

Le Matindz : En dehors de votre travail, quelles sont vos passions quotidiennes ?

J’aime bien la chasse, depuis mon enfance et aussi le sport. Je fais de l’Aïkido avec les Japonais. Actuellement je suis 3e dan dans la spécialité du sabre en bois.

Le Matindz : Pour finir, quel serait le message que vous voulez transmettre aux lecteurs ?

J’aimerais bien que les choses changent en Algérie. En 2015, les professeurs universitaires en Algérie s’efforcent toujours de faire apparaître leurs capacités envers les étudiants. Les étudiants sont victimes du complexe de l’enseignant universitaire algérien. Il faut redonner aux étudiants confiance en eux pour qu’ils fassent ce qu’ils veulent faire en matière scientifique. Il faut essayer de les pousser de l’avant. Avec les nouvelles technologies, tout est accessible.

Pour les jeunes, il faut faire revivre l’initiative du jeune, qui est presque absente actuellement. Ne soyez pas des proies faciles aux doctrines qui ne vous appartiennent pas. Libérez les esprits dans vos familles. Il faut faire avancer vos projets sans attendre aucune aide de personne, et même de l’État. Soyez les meneurs de votre vie, rien est impossible tant que vous êtes jeune. Et merci à vous.

Entretien réalisé par Hamdani Amarouche

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Commentaires (18) | Réagir ?

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klouzazna klouzazna

Voici un travail qui mérite le Nobel... rapporté dans le site sciencedaily. com

Physicists develop ultrasensitive nanomechanical biosensor

Date: June 9, 2015

Source: Moscow Institute of Physics and Technology

Summary: Two young researchers have developed an ultracompact highly sensitive nanomechanical sensor for analyzing the chemical composition of substances and detecting biological objects, such as viral disease markers, which appear when the immune system responds to incurable or hard-to-cure diseases, including HIV, hepatitis, herpes, and many others. The sensor will enable doctors to identify tumor markers, whose presence in the body signals the emergence and growth of cancerous tumors.

Two young researchers working at the MIPT Laboratory of Nanooptics and Plasmonics, Dmitry Fedyanin and Yury Stebunov, have developed an ultracompact highly sensitive nanomechanical sensor for analyzing the chemical composition of substances and detecting biological objects, such as viral disease markers, which appear when the immune system responds to incurable or hard-to-cure diseases, including HIV, hepatitis, herpes, and many others. The sensor will enable doctors to identify tumor markers, whose presence in the body signals the emergence and growth of cancerous tumors.

The sensitivity of the new device is best characterized by one key feature: according to its developers, the sensor can track changes of just a few kilodaltons in the mass of a cantilever in real time. One Dalton is roughly the mass of a proton or neutron, and several thousand Daltons are the mass of individual proteins and DNA molecules. So the new optical sensor will allow for diagnosing diseases long before they can be detected by any other method, which will pave the way for a new-generation of diagnostics.

The device, described in an article published in the journal Scientific Reports, is an optical or, more precisely, optomechanical chip. "We've been following the progress made in the development of micro- and nanomechanical biosensors for quite a while now and can say that no one has been able to introduce a simple and scalable technology for parallel monitoring that would be ready to use outside a laboratory. So our goal was not only to achieve the high sensitivity of the sensor and make it compact, but also make it scalabile and compatibile with standard microelectronics technologies, " the researchers said.

Unlike similar devices, the new sensor has no complex junctions and can be produced through a standard CMOS process technology used in microelectronics. The sensor doesn't have a single circuit, and its design is very simple. It consists of two parts: a photonic (or plasmonic) nanowave guide to control the optical signal, and a cantilever hanging over the waveguide.

A cantilever, or beam, is a long and thin strip of microscopic dimensions (5 micrometers long, 1 micrometer wide and 90 nanometers thick), connected tightly to a chip. To get an idea how it works, imagine you press one end of a ruler tightly to the edge of a table and allow the other end to hang freely in the air. If you touch the latter with your other hand and then take your hand away, the ruler will start making mechanical oscillations at a certain frequency. That's how the cantilever works. The difference between the oscillations of the ruler and the cantilever is only the frequency, which depends on the materials and geometry: while the ruler oscillates at several tens of hertz, the frequency of the cantilever's oscillations is measured in megahertz. In other words, it makes a few million oscillations per second!

There are two optical signals going through the waveguide during oscillations: the first one sets the cantilever in motion, and the second one allows for reading the signal containing information about the movement. The inhomogeneous electromagnetic field of the control signal's optical mode transmits a dipole moment to the cantilever, impacting the dipole at the same time so that the cantilever starts to oscillate.

The sinusoidally modulated control signal makes the cantilever oscillate at an amplitude of up to 20 nanometers. The oscillations determine the parameters of the second signal, the output power of which depends on the cantilever's position.

The highly localized optical modes of nanowave guides, which create a strong electric field intensity gradient, are key to inducing cantilever oscillations. Because the changes of the electromagnetic field in such systems are measured in tens of nanometers, researchers use the term "nanophotonics" -- so the prefix "nano" is not used here just as a fad! Without the nanoscale waveguide and the cantilever, the chip simply wouldn't work. Abig cantilever cannot be made to oscillate by freely propagating light, and the effects of chemical changes to its surface on the oscillation frequency would be less noticeable..

Cantilever oscillations make it possible to determine the chemical composition of the environment in which the chip is placed. That's because the frequency of mechanical vibrations depends not only on the materials' dimensions and properties, but also on the mass of the oscillatory system, which changes during a chemical reaction between the cantilever and the environment. By placing different reagents on the cantilever, researchers make it react with specific substances or even biological objects. If you place antibodies to certain viruses on the cantilever, it'll capture the viral particles in the analyzed environment. Oscillations will occur at a lower or higher amplitude depending on the virus or the layer of chemically reactive substances on the cantilever, and the electromagnetic wave passing through the waveguide will be dispersed by the cantilever differently, which can be seen in the changes of the intensity of the readout signal.

Calculations done by the researchers showed that the new sensor will combine high sensitivity with a comparative ease of production and miniature dimensions, allowing it to be used in all portable devices, such as smartphones, wearable electronics, etc. One chip, several millimeters in size, will be able to accommodate several thousand such sensors, configured to detect different particles or molecules. The price, thanks to the simplicity of the design, will most likely depend on the number of sensors, being much more affordable than its competitors.

Story Source:

The above story is based on materials provided by Moscow Institute of Physics and Technology. Note: Materials may be edited for content and length.

Journal Reference:

Dmitry Yu. Fedyanin, Yury V. Stebunov. All-nanophotonic NEMS biosensor on a chip. Scientific Reports, 2015; 5: 10968 DOI: 10. 1038/srep10968

Cite This Page:

Moscow Institute of Physics and Technology. "Physicists develop ultrasensitive nanomechanical biosensor. " ScienceDaily. ScienceDaily, 9 June 2015.

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klouzazna klouzazna

Les grandes découvertes scientifques ayant été récompensées par un prix Nobel sont souvent réalsées sur la base d'idées simples mais pratiques et choisies sur la base de leur utilité technologique, de leurs impacts sur le quotiden et des applications à en tirer... dans le monde des TIC ou de tout autre domaine...

A la différence de la pastèque et de la pomme de terre, la science ne se comptabilise en termes de quantité... mais en termes de qualité !!!

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Aksil ilunisen

Effectivement, mais je ne vois pas ou est le rapport avec ce chercheur. A ma connaissance, il en parle pas pomme de terre et pasteque.

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haroun hamel

qu'est ce qui vous choque, c'est sa simplicité 'veste bleu de chine certainement l'anticher) assis dans un local d'association culturelle ou c'est sa réussite qui vous reste en travers de la gorge. C'est certainement son optimisme qui la propulsé aux postes qu'il a occupé dans divers pays.

il y'a un dicton de chez nous qui dit" anad ouala tehsed"

Alors au lieu de recopier les articles de revues scientifiques qui font l'éloge de recherches faites par des russes, on voudrait bien savoir quelle est votre contribution à vous pour faire avancer la science?

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Massinissa Umerri

Pas seulement - La majorite' des prix, dans les sciences dites dures, c'est pour avoir pousse' d'un cran le savoir - lequel savoir fait avancer tant de domaines. Particulierement en Mathematiques (ce que la physique des particules est. L'avancement d'un Mathematicien d'un millimetre, fait avancer toute l'humanite' et les autres sciences des anne'es lumieres et pour l'eternite' - car le savoir mathematique n'est soumis a aucune condition, sinon la verite' - meme pas la realite', qui elle peut changer. Le rapport entre la circonference d'un cercle et son diametre, est eternelle, c. a. d. meme apres que tout soit avale' dans un trou noir, les dieux et je ne sais quoi avec... Ce monsieur, comme tous les mathematiciens, ont le privilege de nager dans un espace vraiment ferme' et restraint, sans portes ni cloture.

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