L’Union Pour la Méditerranée : L'idée d’un « fêlé »

L’Union Pour la Méditerranée : L'idée d’un « fêlé »

Tous les pays de la Méditerranée regroupés au Grand Palais. Les Israéliens pas loin des Palestiniens, les Marocains près des Algériens. Le fait de réunir tous ces hommes est déjà quasiment un exploit, au coeur duquel on trouve un « fêlé », Henri Guaino, conseiller de Nicolas Sarkozy. Pourtant tout le monde n’a pas joué le jeu, c’est le moins que l’on puisse écrire. « Bakchich » s’y colle. L’Union de la Méditerranée commence avec la nomination d’Henri Guaino au Plan… en 1995. Déjà, il a l’idée de regrouper tous les pays de la Méditerranée dans une organisation. Le projet s’épuise très vite. Pour d’autres raisons Jospin vire Guaino du Plan. C’en est fini de la fameuse idée, jusqu’au discours de Nicolas Sarkozy, du 7 février 2007. L’auteur est Henri Guaino. « La Méditerranée est pour nous tous,… un souvenir d’enfance où se mélangent des dieux de l’Egypte et de la Grèce, des chevaliers des Croisades ». Sarkozy soutient l’idée. C’est parti et très mal parti. Arc-boutés sur leurs valeurs européennes les diplomates et la presse l’attendent au tournant.

Un projet "mal engagé"

Le projet est volontairement flou. Henri Guaino n’a pas d’idées définitives. Il a seulement une envie, une vision. Il propose de réunir les Etats de la Méditerranée autour d’un projet commun. Lequel ? Il n’en sait rien. « On verra bien », dit-il conscient des difficultés qui l’attendent. « Une chose est sûre, il faut les réunir ». En route mauvaise troupe… Dès l’arrivée de Sarkozy à l’Elysée les diplomates français traînent les pieds, quand ils ne minent pas le projet. Depuis la fin de l’empire colonial en France, la valeur montante c’est l’Europe, exit la Méditerranée. Un sujet d’historien, bien trop compliqué pour un diplomate. L’Europe est l’unique idée d’une caste qui n’est pas particulièrement connue pour son originalité, ni sa créativité. Au Quai, on n’aime pas ce « marginal » (une insulte dans le langage diplomatique) qui a l’oreille du Président, ou au moins un bout de lobe… Ils ne sont préoccupés que par la présidence française de l’Europe. Un fonctionnaire indiscret a confié à Bakchich que le Quai croyait la mission impossible. « On pensait que le Maroc ne s’assiérait jamais à la même table que l’Algérie. Les Arabes n’accepteraient pas la présence d’Israël ». Evidemment, personne ne veut collaborer à un projet voué à l’échec. Le panache est une valeur de Coëtquidan, pas du concours d’Orient. Toutes les techniques sont bonnes pour sabrer le projet. Les diplomates font monter leur ministre au créneau. Au début de l’année, le secrétaire d’État aux Affaires européennes confie au Figaro que le projet de Nicolas Sarkozy lui semble mal engagé. Les sites Internet du Quai participent. En janvier 2008 ils reprennent ainsi une interview de l’ambassadeur Alain Le Roy qui est sommé par une question de nier la fin de l’Union de la Méditerranée. La politique de sape est efficace. Les médias doutent. Le Monde ouvre ses colonnes à tous les détracteurs. Le 18 juin, Daniel Vernet y va du « risque assumé de l’échec ». Le 2 juillet, Edgar Pisani signe « L’erreur méditerranéenne ». Les Echos tirent à boulets rouges sur le projet jusqu’à ce que l’Union soit réintégrée dans « le giron européen ».

Kadhafi devient un allié respectable

Pendant toute cette période, les diplomates français ont deux alliés de poids : les Allemands et Kadhafi. Mais Berlin ne veut plus d’un projet qui décentre l’Europe vers le sud. Question d’équilibre officiellement. Surtout, elle voit mal comment la France, le mauvais élève de l’Europe, a le culot prendre des initiatives sans elle, voire contre elle. L’Allemagne n’est pas seule à trouver ce projet louche, même le partenaire des premières heures s’en mêle. Au grand bonheur des médias qui font la chasse aux détracteurs. Kadhafi refuse l’Union. Paf ! Deux articles dans le Monde qui analysent son point de vue. Exit le dictateur, vive le penseur. Ces résistants trouvent des alliés chez les « antisarkoystes » de marché. L’hebdomadaire Marianne est évidemment sur la brèche. Avec la nuance qui le caractérise, une de ses journalistes n’hésite pas. Dans un titre tout en nuance : « Le naufrage de l’Union pour la Méditerranée », voilà notre hebdomadaire du vendredi qui défend l’Europe… Allez comprendre. Contre cette déferlante, les supporters du projet sont peu nombreux. Le mari d’Elisabeth Guigou, Jean-Louis Guigou y croit. Il le fait savoir à plusieurs reprises, avec entre autres un article dans les Echos. « Union méditerranéenne : un pari gagnable ». Il compare la démarche des soutiens à l’UPM « à la démarche des pères de l’Europe ». La référence est belle, le titre est un peu moins volontariste.

Le projet d’un « fêlé »

Il faut dire que Henri Guaino se prête aux caricatures. Les qualificatifs qui lui collent à la peau sont nombreux et rarement élogieux. Le Nouvel Obs cite Charles Pasqua, son ancien patron : « C’est un fondu. Il finira au cabanon », paroles d’expert. Car tout le monde a un avis sur Guaino, les petits, les grands et les médiocres. Parmi ces derniers citons BHL. Qui après l’avoir traité de « raciste », n’a pas pu s’empêcher de le qualifier de « fêlé ». L’homme est marginal dans le jeu politique : anti-européen, antibureaucratique et antilibéral et de droite. Il ne peut donc avoir beaucoup d’amis. Comme en plus il a un caractère ombrageux, il sait se faire des ennemis. Devenu l’idéologue de Sarko en mai 2007 à l’Elysée, Guaino s’attire tous les jugements négatifs. Mais les choses s’intensifient dés que l’Union prend forme. De nombreux journalistes y vont de leurs petites phrases. La répétition doit fragiliser le projet. Toute la presse bien pensante s’y rue. Le journal du Dimanche : « L’homme qui en fait trop ». Le très libéral et europhile Jean Quatremer de Libération mitraille. Les hommes politiques ne sont pas en reste. Si Jean-Pierre Jouyet est obligé de prendre des gants dans l’article du Figaro, les « eurobéats » sont moins nuancés. L’ex-ministre des affaires européennes Alain Lamassoure n’hésite pas : « Il y a un problème Henri Guaino », VGE met les formes, mais n’en pense pas moins. L’opposition n’est évidemment pas en reste, le beau Pierre Moscovici suit donc le mouvement : « J’en ai ras le bol d’Henri Guaino ».

Le « fêlé » qui murmure à l’oreille de Sarkozy, dont le « projet est mal engagé », n’a-t-il pas comme défauts supplémentaires d’être eurosceptique et de rêver d’autres choses que de parts de marché ?

Bakchich info

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Commentaires (4) | Réagir ?

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laeticia

Les vrais arènes de combats ne sont pas connus des laches;les parcours des hommes responsables ne peuvent etre résumés dans une reaction à un article de presse médiocre ou bien fait. Cela dit les cours de justices, les palais présidentiels et autres chancelleries en savent quelque choses, les bourreaux aussi c'est à dire les services spéciaux. Avant d'ouvrir son BEC va falloir se rapprocher du concerné. Sinon j'ai appris jeune à laisser les canidés avec leurs tonalités particulieres et je dois dire qu'un casting pour un film pornographique à la 42 st manhattan ou à la rue st denis paris est meilleur que le projet accouché aux forceps par Sarkosy meme remis en cause pa

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juba

monsieur guaino est tout sauf quelq'un qui pourras apporte de bien a la mederranne, il est dans la droite ligne de la polituqe arabe de la france sans tenir compte ni des droit de lhomme ni des peuples opprime dans ces pays pour la plupart despotique. je me souviens de discours de sarkozy a constantine, "j'etait choque" ecrit par guaino ou il a declare l'algerie est exculusivement arabo musulmne sur la cpaitlae numide cirta. et tous ca c'st parce que il savait tres bien que bouteflika est un arabiste convaincu anti berbere et anti kabyle de longue duree. contrairement a l'autre discours raciste aussi qui a fit scandale sur l'afrique ou il a declare que l'homme afrcain n'est pas suffisament rentree dans l'hsitoire où il a fait reagir tout le monde de BHL a tous les africians... le discours de constatine n'a fait reagir personne et c'est evident. les berberes les kabyles ne pese rien devant le petrole le gaz les 23 pays arabe de golf. voila la politique sakoziste teinte dune politque guainonte

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