Quand Ouyahia parle de liberté de la presse Par Hassane Zerrouky

Quand Ouyahia parle de liberté de la presse  Par Hassane Zerrouky

Ahmed Ouyahia est un type bien. L’objectif de la pénalisation des délits de presse, a-t-il déclaré sans rire, « n’est nullement de réprimer les journalistes » mais de les inciter à « se professionnaliser ». Ajoutant que la dépénalisation viendra « tôt ou tard ». Celui qui, en tant que ministre de la Justice, a obtempéré aux injonctions d’Abdelaziz Bouteflika, pour faire adopter en 2001 les amendements durcissant les peines envers les journalistes, assurant au passage que la liberté d’expression sera garantie, a sans doute le sens de l’humour ! N’est-ce pas lui – c’était vers la fin de l’été 1998 – qui avait pris et assumé la responsabilité de suspendre plusieurs journaux dont le Matin, au motif qu’ils ne s’étaient pas acquitté de leurs dettes envers les imprimeries d’Etat ! Pour ceux qui ne se souviennent pas – de temps à autre il faut rappeler les faits- la presse, notamment le Matin avait fait campagne en faveur de l’universitaire constantinois, Ali Bensaad, militant démocrate connu, victime d’une cabale politico-judiciaire. L’universitaire avait été condamné à mort en 1998 pour appartenance au GIA par le tribunal de Constantine ! Rien de moins ! . En fait, lors d’un meeting de Rédha Malek à Constantine, Ali Benssad avait eu le tort de critiquer le général Betchine, alors homme fort du pouvoir. Au final, grâce à la campagne de la presse, dont le Matin, qui avait dévoilé les dessous de l’affaire, Bensaad a été innocenté et avait pu regagner le pays. S’était greffé sur cette affaire, le scandale provoqué par le ministre de la Justice, Adami – passons sur les détails – qui avait éclaboussé le régime et qui avait provoqué sa démission du gouvernement. Pour ces deux faits, surtout le premier, le pouvoir n’avait pas pardonné cette « incartade » à la presse. La suite ? Deux mois de suspension des principaux journaux. Le motif, comme indiqué plus haut : non paiement de leurs dettes aux imprimeries !

Dès lors quand on entend aujourd’hui Ahmed Ouyahia parler de « professionnalisation » de la presse, le message est clair. Décodé : cela signifie une presse dite « responsable », des journalistes de cour, pour ne pas dire des « cireurs de bottes » aux tenants de l’Algérie d’en haut. Ce genre de journalisme que Mohamed Benchicou a eu raison d’épingler dans son intervention à Casablanca (voir l’article).

Le problème est qu’au vu de la situation explosive au plan social et incertaine au plan sécuritaire, il ne sert à rien de masquer la réalité. Faire comme si de rien n’était quand des jeunes affirment à un journal qu’ils attendent l’été pour tenter l’aventure en Europe en traversant la mer au mépris de leur vie, quand après Gdyel (Oranie), Chlef, c’est Ksar el Boukhari (Médéa) qui est à son tour le théâtre d’émeutes sociales, quand on vient à banaliser la mort de deux officiers de l’armée tués dans l’exercice de leur fonction ( le combat antiterroriste), nous sommes en présence d’une politique à courte vue. Car ce pouvoir, s’il en a la volonté, devrait au contraire permettre une libéralisation totale de la liberté d’expression. Certes, il ne faut pas rêver. On n’en est pas là.

Mais, pour paraphraser Ahmed Ouyahia, il est permis de penser que cette liberté de la presse « viendra tôt ou tard ».

H.Z

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Commentaires (27) | Réagir ?

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omar cheriet

Formidable j adore les gens qui affirment des banalites du genre vous ne savez pas tout sur un tel ou bien sur efflan ou efflaann et bien affranchissez nous, donnez nous l information ou les informations je sens qu on a du scoop.....

Treve de plaisanterie, je rejoins tout à fait Mohand mokher lorsqu il dit qu en Algerie il n y a pas de presse d investigation, car sinon comment expliquer des declarations de type "de source sure, ou de source bien informée" on recoupe l information ou pas mais onne peut mettre ce genre de declaration quand on se dit journaliste....

Je voudrai terminer par un commentaire sur le dernier liftage chez les walis, tout le monde a compris le but de l operation, mais il est tout à fait triste qu un wali dont le departement connait des evenements comme à Ain defla soit promu... cela me renvoie aux nominations version fakhamatou;

Comme nous avons parmi nous des gens au courant de bien de choses : je vais poser une devinette quelqu 'un peut me dire pourquoi les Ambassadeurs d'Algerie au venezuela et en Colombie n ont jamais ete touches par le mouvement.... Pour rappel le dernier mouvement a été effectue en septembre 2005 je sais c est inoui dans les annales mais il en est ainsi avec Fakhamatou....

Allez à bientot en esperant que quelqu un puisse trouver la réponse à mon interrogation...

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Walid Sdak

Maintenant je sais que Ouyahia a quand même des fans. Chapeau bas, monsieur omar cheriet, mais je suis sûr que tu ignores beaucoup de choses sur sur lui sinon tu ne parlerais pas comme ça. Il faut de tout pour faire un monde. Cordialement !

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