Emeutes sociales : Le cri de colère d’un peuple accablé

 Emeutes sociales : Le cri de colère d’un peuple accablé

Par Hassane Zerrouky Finalement, ces émeutes qui secouent le pays sont bien le signe d’un grave malaise social que le pouvoir ne veut pas admettre. Faute d’intermédiation sociale, du fait du verrouillage du champ politique et de l’interdiction des manifestations publiques, les émeutes sont devenues l’un des seuls recours des citoyens pour contraindre le pouvoir à ouvrir les yeux sur la gravité de la situation sociale. En effet, quand le seul interlocuteur reconnu par le pouvoir n’est autre qu’une UGTA dont la seule fonction est d’essayer, sans d’ailleurs y parvenir tellement elle est décrédibilisée, de jouer les pompiers pour éteindre le feu ; quand les syndicats autonomes sont exclus du dialogue social ; quand la société civile est bâillonnée, il ne reste aux citoyens que la rue pour se faire entendre. Qui plus est, ces émeutes montrent surtout la faillite des partis au pouvoir et des institutions qu’ils contrôlent à la suite d’élections marquées par une abstention historique (plus de 70%). Car si ces institutions étaient élues démocratiquement, sur la base de vrais programmes dont ces partis seraient comptables en fin de mandat, les citoyens réagiraient comme le font les citoyens des pays développés, à savoir les sanctionner par les urnes. Comme les Algériens ne sont pas dupes, qu’ils savent que les jeux sont pipés par avance, qu’ils n’ont pas affaire à de vrais élus en mesure de répondre à leurs attentes sociales mais à des institutions où le clientélisme et la corruption sont la règle, alors ils le font savoir à leur manière, à savoir brutalement.

Toujours est-il, en dépit de la surdité des gouvernants, que ces émeutes à répétition touchent pratiquement tout le territoire national : pas une semaine ne passe sans que l’on apprenne que telle ou telle localité a été le théâtre d’une colère populaire. Pour l’heure, le musellement des partis démocrates, de la société civile et des canaux d’expression démocratique, arrange le pouvoir. Pour ce dernier, une émeute inorganisée parce que spontanée, est sans doute plus facile à gérer : quelques coups de matraque et de jets de gaz lacrymogènes, sur fonds de condamnation à des peines de prison de un à six mois de prison des « fauteurs de troubles », paraissent lui suffire comme réponse. L’essentiel, pour lui, est que le mécontentement social ne prenne pas une forme organisée pouvant déboucher sur une action politique de grande ampleur. Il n’en reste pas moins, comme l’ont montré les émeutes d’octobre 1988, qu’il n’est pas exclu que la colère de la rue, localisée pour l’heure à telle ou telle localité ou région du pays, finissent par gagner le pays, se transformant en torrent balayant tout sur son passage.

Et ce ne sont pas les commissions constituées à la hâte envoyées pour calmer les esprits qui règleront le problème. Car au fond, ces émeutes signifient que le pouvoir a échoué à régler des problèmes arrivés à maturité. Le chômage qui frappe les jeunes, la pauvreté qui touche un Algérien sur trois, la flambée des prix qui lamine le pouvoir d’achat de ceux qui travaillent, sur fond de creusement des inégalités sociales, sont bien les symptômes de l’absence d’une politique en mesure de satisfaire les attentes des Algériens. D’autant que ces derniers ne demandent pas la lune : ils veulent seulement bénéficier des fruits d’une croissance financière qui ne profite pas à la majorité.

H.Z

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Commentaires (8) | Réagir ?

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moh

pour le "ghachi" que nous sommes, ces psudos responsables, ne sont que des sous fifres, des chargés de mission (au même titre que leurs congénères des pays arabes) aux services de leurs maîtres; les puissances qui pompent nos richesses. Ils ne peuvent rien faire, sinon réprimer nos libertés et nous affamer encore plus. Autrement ils seront punis par le T. P. I, qui guettent leur moindre incartade. ils seront accusés par ce dernier de vol et de détournement de l'argent du peuple. Et les preuves ne manquent pas. Elles sont aux mains de leurs mentors, en suisse, en france, aux USA, en Grande Bretagne et qui sait peut-être en Israel même.

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WAHAB

Messieurs les Algériens aimant sincérement leur pays et leur peuple sachez que les (ir) responsables qui s'octroyent des titres entre eux, font tout pour plaire aux "décideurs actuels" et non pour le confort minimum du peuple (chomage, malvie, hogra, injustice...). Tout ce que le pouvoir usurpé cherche à faire croire au bon peuple que le monde entier est jaloux de l'Algérie et veut pousser les régions algeriennes les unes après les autres à se soulever, à se rebeller contre les bons musulmams pratiquants et purs que sont nos (ir) responsables. Avec tous les milliards, ne peuvent-ils pas créer de nouvelles villes, de nouveaux postes de travail, un canal avec l'eau de mer pour faire revivre le SAHARA algérien et les Algériens en leur procurant du travail, de quoi vivre (au lieu de survivre comme actuellement) ? peut être' qu'ils sont trop occupé à amasser des fortunes sur le dos du peuple affamé, désorienté (tag ala mantag, la débrouiille quoi!?), pour survivre alors que leur fortune se trouve en France (il y a de la place pour les fortunes du monde mais pas sa misere), en Angleterre, en Allemagne, aux USA, aux Canada. Le jour viendra où l'ivraie sera balayé par le vent de la verité, de la vraie responsabilité (servir son pays, son peuple et non s'en servir comme actuellement) !!!! L'HISTOIRE RETIENDRA QUE LES SIX MOIS DE BOUDIAF ONT ETE PLUS BENEFIQUE POUR LA PAYS ET POUR LES JEUNES ALGERIENS (PLUS D'ESPOIR) QUE LES 15 ANS DE chadli et messadia !? QUE LES 15 ANS DE boumedienne et atailia !? QUE LES 15 OU 20 ANS (PEUT ETRE PLUS) de boutef, belkha dem et de sa mafia.

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