ABD EL-KADER mystique et résistant : L'homme de la synthèse

« Il y a 200 ans naissait en Algérie l’Emir Abd el-Kader… L’itinéraire de l’homme qui tenu tête à l’armée française durant 17 ans (1830-1847) épouse l’histoire compliquée de l’Algérie et de la France, de l’Orient et de l’Occident », rappelait ce matin Benjamin Stora dans sa chronique sur France-culture consacrée au bicentenaire du héros de la résistance à la colonisation française, l'émir Abd el-Kader (1808-1883). A l’occasion de cet anniversaire, la ville de Pau où il fut emprisonné avait rendu au cours d’un colloque international un hommage à l’homme qui le premier avait posé les premières pierres d'un Etat moderne algérien, avant d'être défait par Bugeaud et emmené en captivité en France. Voici, retracé par la commissaire de la rencontre, le portrait et l’itinéraire de celui que Stora nomme « l’homme de la synthèse »…

« Ne demandez jamais quelle est l'origine d'un homme, interrogez plutôt sa vie, ses actes, son courage, ses qualités et vous saurez qui il est ». (Emir Abd el-Kader).

Artisan incontestable de l'histoire, l'Emir Abd el-Kader, né en Algérie en 1808, a mené pendant 17 ans une résistance héroïque contre la conquête coloniale française et mis en place l'unité algérienne moderne. Reconnu par ceux qui l'ont combattu, non seulement pour ses qualités de militaire et de stratège mais aussi pour sa grandeur morale et son humanisme, l'Emir dépose les armes en 1847 et opte pour l'exil. Il est retenu prisonnier en France où son comportement chevaleresque, sa noblesse d'esprit et sa curiosité intellectuelle conquièrent les coeurs. De nombreuses personnalités échangent avec cet homme d'une exceptionnelle ouverture, témoin privilégié des mutations et des innovations du XIX° siècle.Libéré en 1852 par Napoléon III, Abd el-Kader quitte la France à destination de la Turquie, puis de la Syrie, honoré et apprécié par ses anciens ennemis. Il protégera les Chrétiens menacés par les révoltes druzes, ce qui lui vaudra l'admiration et le reconnaissance de l'Europe, et il consacrera l'essentiel de son séjour à Damas à la méditation et l'enseignement spirituel. L'Emir choisit de reposer dans cette ville, aux côtés de l'un des plus grands maîtres de la mystique musulmane, Ibn Arabî.Tout à la fois homme d'action et de méditation, de tradition et de progrès, de raison et de foi, l'Emir Abd el-Kader fut un véritable trait d'union entre l'Orient et l'Occident. Au-delà des circonstances historiques, son message en faveur d'un dialogue fécond entre les cultures et ses qualités universelles restent aujourd'hui d'une grande actualité.

L'Algérie au début du XIX° siècle « Tandis que nos formes gouvernementales les plus savantes sont faussées scandaleusement par l'atteinte de nos mauvaises moeurs, ici, tout au contraire, des institutions religieuses, des coutumes inviolables, corrigent admirablement l'insuffisance du rouage politique ». (Général Daumas : Moeurs et coutumes d'Algérie.) En 1830, quand les troupes de Louis-Philippe commencent à l'occuper, l'Algérie, dont les côtes constituent alors un véritable enjeu international pour les échanges par voie maritime, est gouvernée par les Ottomans qui occupent la plus part des grandes villes. La population estimée à trois millions d'habitants, est essentiellement regroupée au sein de tribus de cultivateurs et de pasteurs. Leurs traditions sont riches, leur artisanat florissant ; leur commerce repose sur les produits du sol, agrumes, huile et céréales, et des troupeaux – chevaux, chameaux, moutons et boeufs. Leur système social, qui distingue notamment la noblesse d'origine (chorfa), la noblesse militaire (djouad) et la noblesse religieuse (mrabtin), forme un ensemble complet et complexe qui suscite l'admiration des observateurs français. Grâce aux zaouias, la société algérienne dispose d'un système éducatif performant qui scolarise la quasi totalité de la population.Cette région est également animée par la passion des chevaux, de la chasse – à la gazelle, à l'autruche, au lion...- et d'un goût général pour la poésie.

L'Education à l'action et la méditation « L'encre des savants est plus précieuse que le sang des martyrs » (Hadîth : dit du Prophète) Abd el-Kader est né à la Guetna de l'oued el-Hammam prés de Mascara, le 6 septembre 1808. De son père, Mahieddine, moqaddem de la confrérie quadiriyya, homme de grande renommée, aimé et respecté, il reçoit une éducation qui conjugue la formation religieuse, morale et intellectuelle à l'adresse et l'endurance physique. Sa mère, Lalla Zorha, qui restera à ses côtés tout au long de sa vie, lui transmet les premières valeurs traditionnelles et lui communique sa grande noblesse d'âme. Il complète cette éducation auprès de maîtres éminents à Arzew et à Oran. Il apprend les sciences religieuses, la langue et la littérature arabe, les mathématiques, l'astronomie, l'histoire et la philosophie. Platon, Aristote, Al-Ghazali, Ibn Rushd et Ibn Khaldun lui sont familiers. L'engagement de l'Emir : « Je n'ai point fait les évènements, ce sont eux qui m'ont fait ». (Abd el-Kader). En 1830, quand les principales villes côtières tombent aux mains des troupes françaises, Abd el-Kader qui a à peine 20 ans, participe à la résistance populaire et se distingue par sa bravoure. Son père Mahieddine, d'abord choisi pour établir l'unité et conduire la résistance, se désiste au profit de son fils. Les qualités d'Abd el-Kader le désignent le 27 novembre 1832, les tribus de l'Oranie lui prêtent serment – mubaya'a − et il devient Emir, titre qui lui confère un pouvoir temporel et une autorité spirituelle. Elu pour résister aux forces françaises, il conduit pendant plus de 15 ans une lutte presque incessante contre l'occupant. Ses hommes, avec une fidélité sans failles, le suivront dans tous les combats, jusqu'à la fin, jusqu'à l'exil.

Chevalier magnanime « Appelez les uns après les autres les prisonniers d'Abd el-Kader, leur réponse sera unanime d'enthousiasme et d'admiration ». (E. de Civry : Napoléon III et Abd el-Kader) Le comportement chevaleresque, la grandeur morale et l'humanité de l'Emir Abd el-Kader sont reconnus par ceux-là mêmes qui le combattent. Il institue un règlement humanitaire pour le traitement des prisonniers dont sa mère, en personne, s'occupe avec une très grande sollicitude. Sa renommée s'étend chaque jour un peu plus.Le colonel de Géry, reconnaissant la magnanimité d'Abd el-Kader, confie à Mgr Dupuch, évêque d'Alger : « Nous sommes obligés de cacher, autant que nous le pouvons, ces choses à nos soldats car s'ils le soupçonnaient, jamais ils ne combattraient avec autant d'acharnement ».

La captivité « Je ne demande ni grâce ni faveur, je demande l'exécution des engagements pris envers moi ». (Abd el-Kader) La Ville de Pau est fière de participer au bicentenaire de la naissance d'Abd- el- Kader, sans doute l'un de ses hôtes les plus brillants. Certes l'émir est venu à Pau en tant que prisonnier, mais se souvenir de cet homme au caractère exceptionnel, descendant du Prophète, grand initié, chef religieux, humaniste oecuménique et tolérant, philosophe, immense poète mystique et chef de guerre malgré-lui, revient à méditer sur la destinée humaine, sur la naissance des nations, le colonialisme et le devenir même des civilisations. Cet homme au destin hors ligne, fondateur de la nation Algérienne, a quarante ans quand il arrive à Pau, le 29 avril 1848. Dans la diligence qui le conduit de Sète en Béarn, l'émir a ces mots pathétiques : « Je vois ces plaines verdoyantes, ces vergers, ces forêts, ces fleuves et ces rivières ; tant d'abondance ! Quel besoin ont les Français d'occuper mon Pays, de sable et de rochers ? ». Durant toute sa captivité à Pau, du 29 avril au 3 novembre 1848, le grand guerrier ne bougera pas de ses appartements d'un château fraîchement rénové, refusant la promenade et ne quittant sa chère Smala que le soir pour aller dormir dans le donjon Fébus. « Je suis en deuil et un Arabe en deuil ne quitte pas sa tente ; je suis en deuil de ma Liberté, je ne quitterai donc pas ma chambre ». L'image romanesque du grand chef vaincu, du patriote inflexible, attire les curieux en quête d'un frisson romanesque. A Pau, Abd el-Kader ne refuse pas les visites, bien au contraire. Au cours de ces entretiens, il ne cesse de rappeler à la France son manque de parole et d'en souligner la gravité. Très vite, l'image du chef de guerre exotique cède le pas à celle d'un hôte aimé, révéré.Au moment de partir pour Amboise, entouré d'amis palois émus aux larmes, l'émir se retourne et déclare : « En quittant Pau, je laisse un morceau de mon coeur ». Un siècle et demi après les faits, la trace de l'Emir reste pourtant indélébile. J'en veux pour preuve les petites tombes de ses enfants et neveux, morts et enterrés à Pau, toujours entretenues et fleuries par des mains mystérieuses. « Enfin, le 3 novembre 1848, l'Emir quitte Pau pour Bordeaux. Au moment de partir, devant la foule triste des Palois, il trouve encore le moyen de faire plusieurs gestes de charité qui saisirent la population : que ce soit des aumônes au curé pour les pauvres ou des dons à d'anciens soldats d'Afrique ou à des ouvriers qui avaient été attentifs aux malheurs des prisonniers ». (Bruno Etienne, Abd el-Kader, Isthme des isthmes.).

L'Emir honoré « Je viens vous annoncer votre mise en liberté (...), vous avez été l'ennemi de la France mais je n'en rends pas moins justice à votre courage, à votre caractère, à votre résignation dans le malheur ; c'est pourquoi je tiens à l'honneur de faire cesser votre captivité, ayant pleine foi dans votre parole ». (le Prince Louis-Napoléon) En octobre 1852, l'Emir Abd el-Kader est libéré par le Prince Louis-Napoléon. Il est alors reçu par les plus grandes personnalités politiques, militaires et religieuses. Sous les ovations populaires, il parcourt Paris et, témoignant de sa curiosité naturelle et de son esprit d'ouverture, il se rend à la Madeleine, à l'Opéra, Notre-Dame, les Invalides et à Versailles. Il veut tout voir, se fait tout expliquer, curieux de ce que l'Europe peut alors produire sur le plan technique ou intellectuel. Cette visite est suivie d'un long périple de plus de dix jours le menant à Châlons, Lyon, Avignon et Marseille, villes qui sont l'occasion de rencontres et de grandioses réceptions. Partout les foules l'acclament, lui et les siens. « Ce matin j'ai vu les foudres de l'artillerie, maintenant voici devant moi les canons de la pensée. J'ai vu les armes capables de détruire les murailles et les remparts des villes ; aujourd'hui je vois les machines avec lesquelles ont peut combattre les rois et renverser les gouvernements, sans qu'ils s'en aperçoivent ». Propos de l'Emir tenus lors de sa visite de l'Imprimerie Impériale, après celle des Invalides.

L'exil en terre d'Islam « En temps de guerre, j'expose généreusement ma vie, et pourtant, en temps de paix, le salut de mon âme est ce qui m'importe le plus ». (Abd el-Kader.) Après un temps passé en Turquie, l'Emir s'installe à Damas où un grand nombre d'Algériens le rejoignent. Dès lors, il consacre sa vie à la méditation, à la lecture, à l'enseignement spirituel qu'il donne tous les jours. « Il se lève deux heures avant l'aube et s'adonne à la prière, à la méditation religieuse jusqu'au lever du soleil. Il se rend alors à la mosquée. Après avoir passé une demi-heure en dévotions publiques, il rentre chez lui, prend une rapide collation, puis travaille dans sa bibliothèque jusqu'à midi. L'appel du muezzin l'appelle une nouvelle fois à la mosquée, où sa classe est déjà rassemblée, attendant son arrivée. Il prend un siège, ouvre le livre choisi comme base de discussion, et lit à haute voix ; constamment interrompu par des demandes d'explications qu'il donne en ouvrant ces trésors multiples d'études laborieuses, d'investigations et de recherches qu'il a accumulées tout au long de son existence agitée. La séance dure trois heures...après quoi il se retire pour se reposer ». (C.H. Churchill, La vie d'Abd el-Kader, 1867.) En 1860, face aux évènements qui ensanglantent Damas, Abd el-Kader se signale, intervenant personnellement, en sauvant au péril de sa vie et des siens, des milliers de Chrétiens menacés par la révolte druze. Le monde entier lui manifeste sa reconnaissance.

L’intellectuel « Le Kalam – la plume – depuis qu'il a été taillé a pour esclave le sabre depuis qu'il a été effilé » (Abd el-Kader) D'une grande curiosité intellectuelle, l'Emir Abd el-Kader a une passion pour l'étude, qu'il considère comme un moyen sûr d'avancer sur le chemin de la perfection individuelle. Sensible à la transmission de la connaissance, il voue un intérêt tout particulier aux livres, notamment à la recherche et à la conservation des manuscrits.Philosophe et poète, considéré par ses contemporains comme l'un des esprits les plus cultivés, Abd el-Kader laisse ses écrits, pour la plupart inédits, qui révèlent une pensée nourrie de la connaissance des textes classiques. Dans sa Risala, adressée à la Société asiatique et connue sous le titre « Lettre aux Français ou Rappel à l'Intelligent, avis à l'Indifférent », Abd el-Kader livre son approche de certains sujets fondamentaux : civilisations, écritures, connaissances...S'adressant à un public de savants pour la plupart gagnés à la pensée positiviste, l'Emir attire l'attention sur la complémentarité de la foi et de la raison. Il considère notamment que les sciences et les techniques ne sont pas incompatibles avec le fait religieux. Tout à la fois ouvert aux idées nouvelles et fidèles à la tradition, il estime que l'homme doit s'adapter à la modernité sans perdre son âme.A considérer le volume de sa correspondance, force est de constater que son itinéraire intellectuel reste encore à découvrir.

Le philosophe « Gardez-vous de ne faire partie que l'une des deux espèces d'hommes, le rationaliste et le croyant, soyez les deux ».( Abd-el-Kader.) Penseur puissant et original, Abd- el-Kader s’avère par la profondeur de ses analyses, la rigueur de son raisonnement, la hauteur de son éthique, un philosophe et un métaphysicien subtil doublé d'un logicien infaillible qui manie, avec aisance, l'art de la maïeutique.« Si celui qui veut connaître la vérité venait me trouver, je le conduirais sans peine sur cette voie, non en le poussant à adopter mes idées mais en la lui faisant apparaître, de telle sorte qu'il ne puisse pas ne pas la reconnaître ». (Abd el-Kader.). Examinant, entre autres questions philosophiques, celle de l'homme, l'Emir place celui-ci au plus haut de l'échelle de la Création: végétal par sa croissance, minéral par son corps, l'homme qui tient aussi de l'animalité, s'en différencie par des facultés qui lui sont propres: 'Dieu voulant honorer l'homme, l'a distingué par l'esprit et la raison'. Selon Abd el-Kader, de toutes les sciences acquises par un effort intellectuel soutenu, la plus haute entre toutes, la plus indispensable à l'homme, est la quête de cette connaissance de Dieu qui mène vers la lecture sacrée du grand livre qu'est la création.Face à la question du déterminisme et de la liberté, l'Emir refuse tout fatalisme en affirmant que « Dieu a voulu que les hommes agissent librement ». Contre l'intolérance et le fanatisme, il proclame la supériorité du rationalisme et invite à na pas se conformer à une imitation servile. En Sage lucide et clairvoyant, Abd- el-Kader nous met surtout en garde contre « une science sans conscience ».

Le poète Lui, l'homme fauve du désert. Lui, le sultan né sous les palmes. Le compagnon des lions roux. Le hadj farouche aux yeux calmes. L'Emir pensif, féroce et doux.Victor Hugo Animé par le souffle poétique et l'esprit qui l'inspire, l'Emir Abd el-Kader transmet dans une verve poétique singulière, cette voix intérieure qui l'habite. Il célèbre alors l'amitié et l'amour, le courage et la gloire, le culte du cheval, l'amour de la vie bédouine et du terroir... La prise de la citadelle de Tlemcen le marque au point qu'il immortalise sa victoire par un hymne qu'il dédie à sa beauté : « Tlemcen te tend les bras pour t'offrir un baiser. Réponds à l'appel de sa voix. Elle a pour toi levé le voile. Entre et que sa fraîcheur soit à ton coeur une douce rosée (...). Sans cesse, elle défendit sa perfection contre l'assaillant (...). Combien de soupirants convoitèrent la beauté que tu contemples ? ». Son attrait pour les grands espaces et la nature se fait entendre dans un éloge devenu depuis célèbre : « Ô toi qui prends la défense du citadin. Et qui condamne l'amour du bédouin pour ses horizons sans limites. Est-ce la légèreté que tu reproches à nos tentes ?. Si tu savais les secrets du désert, tu penserais comme moi (...). Si tu t'étais éveillé au milieu du Sahara. Si tes pieds avaient foulé ce tapi de sable. Parsemé de fleurs semblables à des perles (...). Tu aurais respiré ce souffle embaumé qui double la vie, Car il n'a pas passé sur l'impureté des villes ». Cependant c'est au cheval, ce « buveur d'air plus rapide que l'éclair », qu'Abd el-Kader va consacrer ses plus belles pages : « Quand nos chevaux se précipitent en avant. Ils ressemblent aux étoiles filantes. Lancées par des anges contre les démons. Ce sont des aigles montés par des lions féroces ». Recevant l'inspiration poétique comme une grâce divine et méditant la création, l'Emir va se faire, dans le dernier tiers de sa vie, le porte parole de cette Connaissance de l'Unicité de l'être –wahdat al wujûd – et livrer dans ses poèmes métaphysiques, la description de la réalisation suprême de l'homme, dans l'union avec le Principe Premier, qui seul, finalement demeure.

L'homme et la modernité « A celui qui dédaigne le contemporain et pense que le pas est dû aux anciens, dis : cet ancien a été nouveau et ce nouveau deviendra ancien ». ( Abd el-Kader) Esprit libéral et précurseur, Abd el-Kader est animé par une foi enthousiaste dans l'avenir et le progrès de l'humanité. Témoignant en permanence d'un intérêt tout particulier pour les innovations techniques, il adhère au projet de construction du Canal de Suez. Il défend avec conviction cette initiative porteuse d'une modernisation vitale pour cette région et symbole de trait d'union qui relie l'Orient et l'Occident.« Aucune personne intelligente ne peut mettre en doute que votre oeuvre ne soit, en même temps, d'une utilité générale dont les avantages rejailliront sur la plupart des habitants de la terre, d'une extrémité à l'autre. Nous prions le Très-Haut de vous en faciliter l'achèvement et de réaliser la jonction des eaux ». (Lettre adressée à Ferdinand de Lesseps.)« Lors de sa visite à l'Exposition universelle de 1867, voyant fonctionner sous ses yeux ces innombrables machines qui centuplaient, avec une admirable perfection, le travail de l'homme, il dit : ce lieu est le palais de l'intelligence animé par le souffle de Dieu ». (A. Bellemare, Abd el-Kader, sa vie politique et militaire, 1883.).

Maître spirituel « L'homme est un comme miroir. Le miroir ne reflète l'image du réel que lorsqu'il est net ». (Abd el-Kader) Rattaché par son père et par ses maîtres successifs, à une tradition vivante, Abd -el-Kader présente dès son plus jeune âge, des dispositions spirituelles, affermies par une éducation dans un milieu d'étude et de piété.Son itinéraire spirituel – dans la vois soufie ou voie du juste milieu – est celui de l'extatique, tiré hors de sa conscience ordinaire et habité de visions inspirées. Sa quête d'absolu révèle l'âme d'un être qui répond, par son combat intérieur, à l'appel du Divin. Il atteint alors l'état de 'ubudiya – état de servitude de l'amoureux de Dieu - qui résulte de l'appel du « Seigneur d'où tout émane et vers qui tout revient ». Dans ses méditations regroupées dans le Livre des haltes – Kitab al –mawâqif - et ses poèmes métaphysiques, on retrouve les thèmes chers à Ibn Arabî : l'unnité divine et le rattachement amoureux, du pur amour et de l'adoration parfaite comme expression de l'Amour in Divinis.

Geneviève Simon-Khedis

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Commentaires (45) | Réagir ?

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algerie

merci

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algerie

Just beautiful thank you

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