Algérie : Comment Bouteflika « bluffe » ses visiteurs

Algérie : Comment Bouteflika « bluffe » ses visiteurs

Pour épater ses hôtes et donner l’impression d’être un érudit, Abdelaziz Bouteflika se fait préparer des fiches de livres qu’il n’a pas lus mais dont il puise des citations qu’il sort dans la conversation. Selon le journal en ligne « toutsurlalgerie.com », le président vient de s’adjoindre à cet effet, les services d’une jeune et brillante diplômée d’une prestigieuse école française. Attachée à la présidence, celle-ci est principalement chargée…de lui préparer des notes sur des ouvrages des grands auteurs classiques et des essais à la mode.

Et pour le président, ces petites fiches cartonnées qui regorgent de citations historiques servent à nourrir ses conversations avec ses homologues et à garnir ses discours.
« De quoi apparaître en homme lettré qui sied à sa fonction. Ou comment gagner de la hauteur de vue, s’inspirer des leçons du passé, le tout grâce…à la lectrice miracle. », conclut « toutsurlalgerie.com ».
Cette imposture est l’une de celles qu’avait déjà évoquées le livre de Mohamed Benchicou « Bouteflika une imposture algérienne » dont nous proposons cet extrait tout à fait adéquat.

« Le niveau intellectuel de l’esbroufe »

Son manque de confiance qui lui fait prendre ses allures de prophète et verser dans le bavardage, le président algérien le doit aussi au complexe de l’autodidacte.

Bouteflika n’a pas terminé ses études secondaires, et de n’avoir jamais eu son bac ni entamé d’études universitaires lui est resté une frustration vivace qu’il s’est ingénié à vouloir constamment étouffer sous des dehors d’érudit aux bavardages déroutants.

C’est ce savoir-là qui épatera, quarante ans plus tard, des généraux à l’érudition très relative. Ils les a subjugués par le seul pouvoir qu’ils n’avaient pas : le pouvoir des mots.

« Il a, en effet, le niveau intellectuel de l’esbroufe, celui qui peut séduire dans l’instant, celui qui peut ébahir les
généraux par exemple, explique Sid-Ahmed Ghozali.
Evidemment, dans un pays où il y a des analphabètes, quelqu’un de son niveau qui a étudié l’arabe et le français, qui a le niveau de Bouteflika, apparaît comme quelqu’un de brillant… Mais il traîne le retard de son cursus scolaire. Il n’est même pas un autodidacte qui aurait consacré son temps à se former tout seul, à s’offrir un vrai bagage intellectuel. Lui n’a pas pris le temps de se former seul. Il a le niveau en arabe d’un bachelier amélioré à force de la pratique, mais cela reste le niveau d’un bachelier et c’est tout ! »
Dehbi a conversé de longues années avec lui et retient du personnage une certaine culture artificielle : « Je ne lui connais aucun domaine où il peut parler avec autorité. Chacun peut parler longtemps sur une matière qu’il connaît. Lui il peut parler peu sur toutes les matières. L’objectif de sa culture ce n’est pas la satisfaction personnelle, c’est indubitablement la soif de briller, de séduire… »
Le fait de s’être arrêté à l’année du bac et de n’avoir pas entamé d’études universitaires a développé chez Bouteflika un complexe qui n’a pas été sans effet dans sa façon de gouverner.
Cela l’a poussé notamment à écarter les collaborateurs dont le niveau intellectuel élevé l’empêchait de les dominer.
L’homme veille jalousement à sa renommée de faux lettré : il répète inlassablement des clichés. S’obstinant à épater journalistes et visiteurs, il s’étale en babillages d’autant plus infinis que l’homme ne maîtrisant pas les concepts, ignore la concision.
Bouteflika, à croire ses proches, ne lit pas. Et quand il lit, il lit « utile », pour épater. « On m’a dit un jour qu’il traversait une phase de curiosité envers le mysticisme, qu’il lisait sur “atassaouf”, se rappelle un de ses compagnons. J’ai tout de suite compris de quoi il en retournait : il se préparait à faire la tournée des zaouïas et il voulait les étonner en leur parlant de leurs grandes figures, de leur histoire et de leurs traditions. Il calcule tout
en fonction de son ego et du bénéfice du moment, même ses lectures. »
Abdelkader Dehbi appuie cette théorie et raconte une anecdote fort significative à ce propos : « Bouteflika a la culture d’un bon lecteur du Reader Digest doublée d’une bonne mémoire. Mais il déteste être pris en défaut. Un jour qu’il m’a demandé de le raccompagner je lui ai dit, parlant de ma voiture, que “la Rossinante est en panne”. Il n’a pas caché ignorer ce qu’est une Rossinante et j’ai dû lui expliquer que c’était le vieux cheval de Don Quichotte.
Il a accusé le coup et, quelques jours après, pour me rendre la monnaie de ma pièce, il me demande à brûle-pourpoint : “Tu sais qui est Bucéphale ?” Il a dû se renseigner entre-temps sur les chevaux célèbres et ça l’a déçu que je sache que Bucéphale était le cheval d'Alexandre le Grand. »
Bachir Boumaza, qui connaît l’homme depuis quarante ans, appuie : « Bouteflika n’est pas un homme de culture. C’est un personnage qui fait du mimétisme intellectuel et qui ne capitalise pas ses connaissances. »
Durant son long séjour à Genève, Bouteflika a encore une fois échoué dans son rêve de faire des études. L’universitaire et député suisse Jean Ziegler a tenté de le diriger pour une thèse, mais il a dû renoncer à sa généreuse entreprise. « Il n’avait rien à dire. »
Le président Bouteflika s’achètera quand même une distinction de docteur honoris causa de l’université de Séoul en décembre 2003 !
Bouteflika n’est pas préparé socialement ni intellectuellement à prendre des décisions de chef d’Etat. En parfait
autodidacte, il ne reconnaît pas le pouvoir de la science, du savoir.Un analphabète s’assume, sait ce qui le sépare de la connaissance,
pas un self-made-man inaccompli comme Bouteflika. Lui prétend savoir mieux que le rédacteur en chef de l’APS, mieux que le ministre, que le médecin et, peut-être mieux que le pilote qui le fait voyager à travers le monde. Ses carences intellectuelles l’empêchent de relativiser les choses, d’avoir le regard critique et humble d’un homme conscient de la gravité des choses. Bouteflika confond entre l’autorité que confère le pouvoir et l’autorité morale
que confère le savoir.Alors il méprise toutes les autorités autres que celle qui l’a porté au pouvoir. Et comme il ne maîtrise pas les concepts, il se répète à longueur de journée et se perd en longueurs verbales.

(Pages 210-212)

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Commentaires (51) | Réagir ?

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Amsim

Qu'est ce que cette histoire de fourrer le nez dans un journal qui renait difficilement de l'injustice. Courte mémoire !!! Voilà ce qu'est le profile de l'Algérien gavé de slogan depuis la sacrée indépendance. Si ces articles ne vont pas dans le sens dwe vos fantasmes, allez voir ailleurs, les journaux alimentés par la présidence et sous les ordres des cohortes opportunistes des cadres... qui nous torturent depuis leurs chaises rembourrées aux frais de la richesse noire (fatalitas !!). Ce président plait à une minorité qui a trouvé son compte moribond et ses intérêts étroits. Le comble est que même le sacré de ce pays a été instrumentalisé.... c'est quoi ce concept de "respect ou non respect", ce président nn'a jamais été élu........ le mal élu, le malheur du pays, il n'est pas venu seul, avec ses misères et ses maladies préhistoriques, il ne faut pas oublier que l'indépendance du pays n'a été perçu que par une minorité engagée et sincère, le gros a fini par s'aligner au fait accompli, alors cette majorité corompue finira par céder et enfin donner à ce pays chéri le temps de respirer l'air de la liberté. Vous insultez les média qui vous permettent de vous exprimer en toute quiétude et vous vous la bouclez quand il s'agit d'un média lourdeau, est-ce cela le sens du courage. À bon enteneur, Salam.

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kamel

Bonjour,

C est vrai que Bush ne brille pas par sa grande culture, mais l'administration americaine est petrie de competences et d'intelligence averee et c est cette admkinistration qui elabore la decision.

Chez nous par contre avec sa megalomanie, tout passe par lui.

Mais a vrai dire ce sont les militaires qui sont reponsables de cet etat de fait.

Et ca l'histoire ne leur pardonnera jamais.

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