Genève et les droits de l’homme au Maghreb : une farce entre copains…

Genève et les droits de l’homme au Maghreb : une farce entre copains…

L’examen de la situation des droits de l’homme dans le monde, du moins au Maghreb, tourne à la farce à Genève, aux travaux du Conseil des droits de l’homme de l’ONU.

L’examen périodique universel (EPU), ce nouvel examen des droits de l’homme pour tous les membres de l’ONU, et auquel est soumise l’Algérie, s’avère être un exercice « entre copains.»

En réalité, le Conseil des droits de l’homme est en train de subir de plein fouet le dérapage tant redouté pour son tout nouveau mécanisme l’EPU: les Etats, amenés à s’évaluer entre eux, ont intérêt à se ménager les uns les autres. Par ailleurs, comme le précise un diplomate occidental, les règles du jeu sont dictées par les rapports bilatéraux entre les pays.

La France s’est ainsi montrée extrêmement complaisante envers la Tunisie, se bornant à évoquer les droits des enfants et évitant soigneusement les questions qui froissent comme la torture, la censure de la presse et de l’internet ou d’autres violations.

Ainsi, parmi les premiers pays à être soumis à l’EPU, la Tunisie est, en effet, accusée d’avoir dicté les questions posées par les autres membres de l’institution onusienne. Antoine Madelin, de la Fédération internationale des ligues des droits de l’homme (FIDH), ne trouvait pas de mots assez durs durant la conférence de presse donnée pour qualifier la "mascarade" qui s’est déroulé mardi au Conseil des droits de l’homme à Genève: "Nous avons été choqués d’entendre le Japon saluer la Tunisie comme modèle de démocratie. Comment peut-on parler de démocratie dans un pays où le président a été élu à 96,4% ? Nous avons été tout aussi choqués d’entendre l’Indonésie féliciter ce même gouvernement pour sa liberté d’expression et son indépendance judiciaire. Cela alors que la Tunisie vient de se faire épingler sur ces points par le Comité sur les droits de l’homme à New York!"

Complaisance

Troisième de la liste à passer son EPU, après le Bahreïn et l’Equateur, la Tunisie, aurait, selon plusieurs sources diplomatiques, cherché à "biaiser" le processus. Après un rapport délivré par le ministre tunisien de la justice et des droits de l’homme, Béchir Tekkari, les Etats membres ont pu soumettre leurs questions et recommandations.

Selon Antoine Madelin, "La plupart des ambassadeurs se sont montrés extrêmement complaisants. Nous avons alors appris que la mission tunisienne à Genève avait téléphoné aux délégations pour télécommander leurs propos durant cet examen. Plusieurs ambassadeurs nous ont expliqué qu’ils avaient intérêt à ne pas se faire d’ennemis vu qu’ils allaient, eux aussi, être évalués"

Présente à la conférence de presse, la journaliste et opposante Sihem ben Seddrin du Conseil national pour les libertés en Tunisie (l’association est interdite au pays), arrive de New York où elle a suivi les sessions du Comité des droits de l’homme:"Les débats et les recommandations sur la Tunisie émis là-bas par les experts du Comité sont aux antipodes de ce qu’on a entendu à Genève. J’ai l’impression qu’on ne parle pas du même pays".

Antoine Madelin note toutefois: "Mais derrière ces procédés choquants, nous avons aussi découvert que des pays, comme la Corée du Sud, le Mexique, le Ghana, l’Angola, et beaucoup de délégations occidentales et latino-américaines, ont fait preuve d’une très grande rigueur en posant les vraies questions".

La Roumanie s’est ainsi basée sur les recommandations du Comité de la torture pour demander si le gouvernement tunisien envisageait de réviser son code pénal afin de s’assurer que la torture ne soit pas utilisée dans les interrogatoires. D’autres ont questionné sur les critères selon lesquels les contenus internet étaient bloqués ou les procédures d’enregistrement des associations. A la lumière des premiers balbutiements de ce tout nouveau mécanisme, peut-on éviter les pièges de la complaisance? Selon les défenseurs de libertés, tout espoir n’est pas perdu. Pour cela, les Etats doivent se baser sur les recommandations des experts de l’ONU.

L.M. (Source : Rue89)

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Commentaires (10) | Réagir ?

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ahmed

Chapeau steve Meziane, bien que Tu n'as de meziane que steve, je suis d'accord avec toi, mais faud ajouter, l'independance de la KABYLIE, meurtrie depuis 1962, le M'ZAB vis sous la Hogra depuis 1962, les TOUAREG vivent dans l'indifference totale depuis 62, les CHAOUIA vivent depuis la nuit des temps dans les grottes. ET CE N'EST PAS LA FAUTE AU NATIONS UNIES.

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BRAHIM

QUI S ATTENDAIT A DECOUVRIR LA VRAIE REALITE DE L IRAK DE SADDAM, ?choques par les hordes qui pillaient les maisons et les offices, qui volaient tout court. la misere, le sous developpement cache sous la propagande des savants, de la puissance, des parades, mais une fois le mensonge disparu, la realite fut crueele:des gens en sandalles, pieds nues, des femmes voilees comme en afganistan, on dirait l analphabetisme du pakistan, les clans, les vieilles croyances, ou le baath, moderne et laic. que du vent. vous avez vu les generaux qui paradaient avant avec leurs galons et tenues les plus modernes. tout de suite apres, en kachabia et chech. tout s ecroule, sauf le peuple, le peuple d en bas qui a pris la releve et a surpris tout le monde. c est un monstre qui gronde, qui vient de je ne sais d ou, qui a effraye tout le monde et personne n a su meme pas le comprendre. c est la meme chose partout, on achete les elites et on maquille de modernite, justice, parlement, institutions, mais tout cela que du vent, au dessous gronde une autre realite non encadree, ni apprehendee, folle, car longtemps reprimee, du gaz a gogo comprime, longtemps frustre de s echapper... il explose. l homme, l individu, les droits ca se merite. le hadih dit nous n avons que les leaders que nous meritons. alors assumons !

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