L'enterrement des harragas tourne à l'émeute

Tiaret a vécu hier au rythme d’une macabre nouvelle qui s’est répandue telle une traînée de poudre. Tout Tiaret n’avait d’ouïe que pour ses jeunes victimes repêchées en mer. Elles sont sept, dont les familles respectives ont identifié les corps au niveau de l’hôpital de Mohgon (Oran). Beaucoup de citoyens avaient commencé spontanément à affluer vers les domiciles mortuaires pour présenter leurs condoléances aux familles éprouvées, avons-nous constaté sur place. Les jeunes harraga partis durant la nuit de jeudi à vendredi derniers résidaient tous dans le périmètre situé entre les localités de Tiaret (cité Volani et Préfabriqué), Biban-Mesbah, ferme Djellouli Missoum et le lieudit Araar. Ils avaient des liens d’amitié, voire de parenté entre eux. Les corps rapatriés à Tiaret sont ceux de Zoubeidi Mustapha, les cousins Hocine et Khaled, Ghenaï Saad, Bouhelassa Benaouda, en l’absence du corps du jeune Bouchadjra, porté disparu. Le drame a été exacerbé par l’arrivée à Tiaret de Djamel Ould Abbès, attendu de pied ferme par au moins cinq cents jeunes, en majorité ceux ayant tenté la « harga ». 169 d’entre eux avaient été préalablement inscrits sur une liste de jeunes devant discuter de leurs problèmes avec le ministre. Ce ne fut pas une sinécure pour Ould Abbès qui avait passé de mauvais moments à convaincre la foule excitée qui exigeait de la considération. Le ministre qui dut monter sur une chaise pour tenter de calmer une foule en délire a été obligé de rebrousser chemin face à la ténacité des jeunes auxquels se sont mêlées des femmes, pour certaines d’entre elles veuves. Une fois dans la salle, c’est une explosion de colère difficilement contenue. Certains ex-harraga n’y ont pas été par quatre chemins pour décrire la situation de mal-vivre, de hogra, en demandant des solutions radicales à même de stopper l’hémorragie. « Je suis venu vous écouter et décider de ce qui pourra être réglé à court terme, voire dans l’urgence pour certains cas », a été l’une des réponses du ministre. Dans une salle chauffée à blanc, les jeunes ont étalé sans fioritures leurs problèmes, pas ceux fatalement ressassés dans des discours lénifiants jusque-là débités sur la question. Après un difficile tour de micro que les jeunes s’arrachaient pour exposer les problèmes, Ould Abbès avait compris qu’il fallait lâcher du lest en annonçant une série de mesures sur le tas, comme par exemple la prise en charge de certains malades et de leurs parents, leur inscription au titre de nouveaux programmes, promesses d’aides, révision de dossiers dûment déposés et tutti quanti. Le tout était de calmer les esprits et susciter l’espoir parmi une jeunesse qui continue de nourrir le scepticisme. On aura un moment compris qu’en dépit du drame réel que vit la jeunesse algérienne, le membre du gouvernement ne s’empêchait pas de lorgner la « ouhda thalitha », celle pour laquelle fut déployé un immense portrait du Président sur le fronton de la direction de l’action sociale. Les jeunes, quelque peu apaisés mais non confortés dans leurs choix vitaux, ceux devant leur assurer une vie décente loin de la bureaucratie et de la hogra, réelle ou supposée, ne décolèrent pas et pour cause, les nombreux problèmes de la jeunesse méritent des actions d’envergure et non de colmatage…

A. Khalid (El-Watan)

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Commentaires (21) | Réagir ?

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amir

arretez de prendre les algériens pour des imbéciles, la situation est"alarmante" (le moins que l'on puisse dire), libérez le peuple, donnez lui son du (répartition des richesses, ca vous inspire monsieur le président, honorer votre poste, , , eh ben oui on vous dicte ce qu'il faut faire Monsieur le président, sachez que vous n'etes pas Dieu (heureusement d'ailleurs), , , bref je trace mon chemin, pour les jeunes franchement je ne sais quoi vous dire, à part vous souhaitez une vie meilleure, salam

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Abder

"C'est dans le vide de la pensée que s'inscrit le mal. "

Hannah Arendt

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