M. Sellal : "Réintégrons la wilaya de Khenchela dans la République" !

L'hôpital de Khenchela
L'hôpital de Khenchela

Le 3 février dernier, il y a donc plus de 2 mois et demi, l’Association algérienne de lutte contre la corruption (AACC) vous avait adressé un "Appel" intitulé "Faites quelque chose, la santé publique se meurt à Khenchela !".

Des responsables du Comité de wilaya du Syndicat algérien des paramédicaux (SAP) nous avaient contactés à propos des très graves dysfonctionnements qui hypothéquaient le devenir du secteur public de la santé dans cette wilaya. Ces "donneurs d’alerte" avaient subi, et continuent de subir, des représailles de la part de l’Exécutif de la wilaya, Exécutif "aidé" par des décisions de justice profondément injustes.

Monsieur le Premier ministre, le premier appel que nous vous avions lancé a eu un écho aussi inattendu qu’extraordinaire au sein de la population de Khenchela, population qui espérait que des mesures urgentes allaient être prises par votre gouvernement pour redresser la situation. L’IGF a été dépêchée sur les lieux, sans que l’on sache à ce jour quelles ont été ses conclusions. La Commission de discipline de la wilaya, présidée par le secrétaire général de la wilaya – à contrecœur -, a donné une suite favorable aux demandes de recours des paramédicaux injustement licenciés depuis plus de 20 mois, décision malheureusement non encore effectivement appliquée, les "victimes" de ces licenciements ayant même été traitées de "criminels" par le Secrétaire général de la wilaya dont la préoccupation essentielle était de trouver parmi eux le "coupable", celui qui aurait fait appel à notre association ! D’ailleurs, c’est ce même Secrétaire général de la wilaya que nous avons déjà mis en cause, comme nous vous l’indiquions dans notre premier appel dont voici un extrait : "Comment l’Exécutif de la wilaya a-t-il pu laisser faire sans réagir ? Nous croyons savoir que le Secrétaire général de la wilaya a une grande responsabilité à ce sujet." Fin de citation. A travers cette accusation que nous assumons, nous faisions notamment allusion à des violations du Code des marchés publics par ce même Secrétaire général de la wilaya de Khenchela, qui, en tant que président de la Commission de wilaya des marchés (en remplacement du wali) a notamment imposé la régularisation d’un marché aux membres de la Commission qu’il préside (ces membres ont eu tort d’avaliser ce marché, après l’avoir refusé 3 fois), régularisation en toute illégalité au moment où le projet avait atteint un taux de réalisation de 60 % ! Il s’agit du nouvel hôpital en chantier de Chéchar. Comment est-ce possible, et comment en est-on arrivé là : choisir le bureau d’études et l’entreprise de son choix, sans même le minimum du gré à gré réglementaire, et par la suite "détourner" toute une Commission pour lui faire entériner ce choix indélicat afin que les entreprises puissent être payées ! Plus grave, le wali a cautionné cette violation du Code des marchés publics.

Pris de panique, suite à la médiatisation de notre appel du 3 février 2013 et à l’annonce de l’arrivée de l’IGF, l’Exécutif de la wilaya et la direction de la santé se précipitèrent dans des opérations de rafistolage et de remise en état des structures de santé publique les plus délabrées : là aussi, nous disposons de documents photos pris sur les lieux par nos soins, documents terriblement accablants. Le comble de cette précipitation a été atteint, Monsieur le Premier ministre, par la construction et le rajout en grande urgence d’un étage entier, précédemment "oublié", au niveau du chantier d’extension de la polyclinique sise au chef-lieu de la commune de Mahmel (ex-Tazouguert), chantier en catastrophe, ce que le porte-parole de l’AACC a lui-même pu constater sur place. Comme il a eu à constater l’état d’abandon dans lequel se trouvent nombre de structures légères de soins - certaines carrément fermées à la population depuis de très longues années !

Pour faire taire les "donneurs d’alerte", neutraliser la mobilisation citoyenne et créer un climat de terreur au sein de la population, l’Exécutif de la wilaya fait dans la répression tous azimuts. Il faut notamment traquer et punir tous ceux qui ont fait appel à l’Association algérienne de lutte contre la corruption ! Le Secrétaire général du SAP (Syndicat algérien des paramédicaux) pour la wilaya de Khenchela – M. Mohamed Taïbi -, est toujours illégalement et injustement suspendu de ses fonctions hospitalières par le directeur de santé de la wilaya. Il est temps que justice lui soit rendu et qu’il reprenne ses activités. L’"ennemi" aussi pour ces fonctionnaires indélicats et passibles des tribunaux, c’est le correspondant de presse local, à l’image de ce que vient de subir celui du quotidien « Echourouk » à travers une dizaine de plaintes en diffamation émanant de chefs d’établissements publics de soins, et ce, sur ordre de leur hiérarchie.

Autre secteur qui connait de très graves problèmes, à Khenchela, comme partout ailleurs : celui du logement. A propos du programme de logements sociaux dont a bénéficié cette wilaya, notamment dans le cadre du relogement des familles à habitat très précaire, des militants associatifs nous ont contacté pour nous faire part de fait extrêmement graves : des dizaines de logements sont détournés au profit de personnes non concernées par l’opération de relogement et non nécessiteuses. La « technique » du détournement utilisée par l’Exécutif local - c’est à peine croyable -, consiste, parallèlement à la confection de listes pour les citoyens nécessitant réellement un relogement, en l’élaboration de listes dites « complémentaires » (Idhafia) où l’on retrouve les "copains et les coquins" (parentèle de fonctionnaires et d’élus locaux) ! Monsieur le Premier ministre, ces listes sont signées par le Chef de daïra de Khenchela et sont marquées du tampon humide de la République ! Ces listes, qui ont certainement eu l’aval du Chef de l’Exécutif local, devaient rester confidentielles. Les citoyens «lanceurs d’alerte» contre ces dysfonctionnements et ces violations des lois de la République par ceux qui sont sensés les protéger, ont décidé de se constituer en Comité de vigilance, initiative que nous saluons et dont nous sommes solidaires. Par esprit de responsabilité et afin de ne pas contribuer à jeter de l’huile sur le feu, nous ne voulons pas rendre publiques des informations détaillées sur les détournements de logements. Mais votre gouvernement et les ministères concernés doivent agir au plus vite, afin d’éviter le pire. 

L’AACC poursuivra ses actions dans la wilaya de Khenchela, et ce, à la demande de nombre de citoyens, tant dans le secteur de la santé pour que les choses s’améliorent, que dans d’autres secteurs aussi sensibles par exemple que le logement social. Nous continuerons à faire des propositions et à travailler avec les citoyens et les syndicalistes intègres. Contrairement aux propos irresponsables de « responsables » de l’Exécutif local, les ennemis du droit et de la République ne sont pas les militants associatifs et syndicalistes ; les ennemis sont ceux qui utilisent leur fonction, leur pouvoir et leur mandat électif pour détourner l’argent des contribuables et piller les énormes ressources affectées au développement de la wilaya.

Monsieur le Premier ministre, la situation est très grave dans la wilaya de Khenchela ; l’Exécutif qui vous représente est totalement défaillant et le mécontentement est quasi général parmi la population. Il est temps que le gouvernement prenne les mesures nécessaires pour que cesse cette descente aux enfers. Les "Hommes intègres" de la wilaya et avec eux notre association, sont plus décidés que jamais à contribuer à réintégrer la wilaya de Khenchela dans la République. Nous sommes persuadés que vous serez sensible à notre démarche patriotique et que des actions concrètes seront rapidement menées par votre gouvernement pour redresser la situation dans cette région, dans l’intérêt de l’Etat de droit et d’une bonne utilisation des deniers publics.

Djilali Hadjadj, Porte parole de l’Association algérienne de lutte contre la corruption (AACC)

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Commentaires (2) | Réagir ?

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Notproud

Hé Hé Khenchela ce n'est pas Tlemcen ! faut pas rêver ! vous n'obtiendrez rien du tout ! !

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Guel Dring

Un "autre couvercle de puits est soulevé" ! Khelli al bir beghtahe !. Il va y avoir pollution de l'air et pression de l'athmosphère générale. Tant qu'on y pense pourquoi ne pas intégrer un certain Mellouk Benyoucef dans cette république privée, dont le dossier a bizarrement été étouffé. C'est peut être à ce moment qu'il fallait aborder le virage de la réforme par la moralisation de la politiqque. Malheureusement, une fois encore, l'homme (nous) assiste, impuissant, aux dérives qui ont abouti à la situation actuelle.