Dialogue au Nord-Mali : Alger recule

Mourad Medelci à la marge de l'option militaire au Nord-Mali.
Mourad Medelci à la marge de l'option militaire au Nord-Mali.

Dans un entretien à Jeune Afrique qui consacre un dossier spécial "Algérie, ce qui a changé, ce qui doit changer" ce 11 novembre, le ministre des Affaires étrangères, Mourad Medelci, s'exprimant sur la prochaine visite du président français, François Hollande, s'est pris dans la logique d'une intervention armée au Nord-Mali décidée hier, dimanche, par les 15 pays membres de la Cedeao.

L’échec de la démarche du dialogue défendue par Alger qui a mené un tapage médiatique pour la faire admettre à l’échelle internationale, se précise ces derniers jours. Les dirigeants africains réunis dimanche à Abuja (Nigéria) se sont mis d’accord sur l’envoi au Mali d’une force militaire internationale de 3.300 soldats pour une durée d’un an, afin de libérer le Nord-Mali des groupes terroristes d’Al Qaïda au Maghreb islamique, du Mujao et d’Ansar Eddine dont le dialogue avec les autorités algérienne et mauritanienne fait gagner du temps aux groupes islamistes armés et des narcotrafiquants qui, selon des sources officielles du Royaume-Uni s’apprêteraient à de nouveaux enlèvements pour contrer l’intervention militaire dans la région.

L’annonce officielle de cette intervention militaire dont le plan de redéploiement militaire doit être transmis à l’ONU avant la fin novembre, via l’Union africaine(UA), a été faite, hier, dimanche 11 novembre 2012 par le président ivoirien Alassan Ouattara, président en exercice de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao), à l’issue d’un débat à huis clos des dirigeants des 15 pays membres de la Cédéao et d’autres pays africains dont la Mauritanie, l’Algérie, l’Afrique du Sud, le Maroc, le Tchad et la Libye.
Dans la même journée d’hier, à l’occasion de la commémoration du 94e anniversaire du 11 novembre 1918, en hommage à tous les morts pour la France, François Hollande a réitéré avec détermination la participation de son pays à cette intervention militaire par un soutien logistique et ce à quelques semaines de sa première visite en Algérie prévue début décembre mais dont la date officielle n’a pas été encore communiquée.

Dans un entretien – confidence à Jeune Afrique qui consacre un dossier spécial "Algérie : ce qui a changé, ce qui doit changer" paru hier, le 11 novembre, le ministre des Affaires étrangères, Mourad Medelci, selon l’APS, s’est exprimé sur la visite du chef de l’Etat français en évacuant le sujet lié à l’intervention au Nord-Mali. Il considère que ce voyage officiel du président français François Hollande, prévu pour décembre prochain, "devrait constituer une opportunité de faire le bilan de ce qui a été réalisé entre 2007 et 2011, et d’arrêter les objectifs pour les cinq années à venir”.

Admettant que ce déplacement revêt un cachet "eminemment politique" en faisant référence à la crise malienne sur laquelle Alger et Paris divergent, le ministre des Affaires étrangères estime toutefois que les relations algéro-françaises sont "trop anciennes, trop importantes et trop denses pour être jugées à l’aune des conjonctures".
Pourtant, sur cette conjoncture politique qui met l’Algérie aux premiers rangs des tergiversations quant à son rôle politico-militaire au Nord-Mali, Mourad Medelci semble donner des signes d’abandon de la démarche dialoguiste. Il a, en effet, affirmé que la question du terrorisme doit être prise en charge par les pays directement concernés. Par cette déclaration, ne remet-il pas en question le dialogue engagé par Alger avec le groupe terroriste Ansar Eddine?

En affirmant par ailleurs que l’Algérie n’est pas convaincue qu’une solution "exclusivement militaire mènerait le Mali à la paix et à l’unité", le chef de la diplomatie algérienne se plie aux pressions de la communauté internationale pour la concrétisation de la décision d’envoi de troupes ouest africaines au Nord-Mali dans la mesure où cette intervention n’exclut pas aussi le dialogue une fois neutralisés Al Qaïda au Maghreb islamiques et les groupes terroristes qui lui sont affiliés, estimés par le ministre de l’Intérieur et des collectivités locales, Dahou Ould Kablia à quelque 3000 individus.

Se positionnant dans la logique de l'intervention au Nord-Mali et à à la question de savoir quelles seraient les retombées de l'offensive militaire contre Al Qaïda au Maghreb islamique sur l’Algérie, la sécurité de ses frontières, son unité territoriale, Mourad Medelci a affirmé que celles-ci ne "sont pas négociables" en pointant l’index sur les rebellions Touaregs au Nord-Mali qui ont , a-t-il dit “maille à partir avec le pouvoir central de Bamako, et les cinquante dernières années ont été marquées par une succession de rébellions.” Il a laissé entendre que si les revendications autonomistes du MNLA concernent également l’Algérie, en revanche, toute autre revendication, entre autres, la mise en application de la chari’a au Nord Mali par Ansar Eddine en particulier, relève d’"une affaire malo-malienne".

Ces déclarations de Mourad Medelci sur la visite officielle du président français, François Hollande, l'intervention au Nord-Mali, la rebellion touarègue, la sécurité des frontières algériennes sont au coeur d'une actualité politique qui a mis Alger dans une inconfortable posture et sa démarche dialoguiste politique et effective avec le groupe terroriste Anasr Eddine s'avère être une trahison africaine, une de plus, de trop, d'Abdelaziz Bouteflika.

R.N

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Commentaires (2) | Réagir ?

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Khalida targui

enfin c'est nos terroristes qui ont déstabilisé le Sahel, notre houkouma leur a pardonné avec un bon bonus, leur demandait maintenant de faire le contraire c'est pas sérieux, il faut dire que nos chefs ont de la karama et de la aza à gogo

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salam benzzedine

La diplomatie algériennene ne fait que se tromper, et ce depuis l'arrivée de celui qui devait soi disant redynamiser les relations entre l'algérie et la communauté internationale et à qui on prétait un talent de diplomate avéré. La réalité est tout autre, l'algerie s'est lourdement trompée dans les revolutions lybiennes et tunisiens, elle a été sans voix dans le probleme egyptien. On sent nettement que notre pays a perdu toute audience auprés des institutions internationales mais pour la communauté internationale, nous ne sommes qu'un pays riche mais par ailleurs, archaique mal géré sur tous les plans et dirigé par une équipe d'incompétents, egoistes et demagogues, plus preoccupés par leur avenir aprés la chute et l'acquisition de biens à l'étranger que par l'intéret de la nation. La politique du copinage de bouteflika est arrivée à sa limite: plus rien ne défend les résultats de medelci, khellil, temmar, et zerhouni; les membres presque d'une meme famille qui a mené l'algérie à sa perte et bientot à sa descente aux enfers.

Cele ne peut plus durer