Dialogue avec Ansar Eddine : Bouteflika, pion de Washington ?

Hillary Clinton et Abdelaziz Bouteflika le 29 octobre dernier à Alger.
Hillary Clinton et Abdelaziz Bouteflika le 29 octobre dernier à Alger.

Le dialogue entamé depuis vendredi entre le pouvoir d'Alger et le groupe terroriste Ansar Eddine occupant avec Aqmi et le Mujao, le Nord-Mali, est intervenu après la visite éclair de la secrétaire d'Etat américaine, Hillary Clinton qui aurait pressé Abdelaziz Bouteflika à l'entame de ces négociations mais aussi à l'envoi de cargaisons d'armes à Bamako.

Plusieurs sites maliens, ces derniers jours, font état d’importantes cargaisons d’armées livrées par l'Algérie à Bamako le 5 novembre 2012. Selon plusieurs sites d'informations maliens, cette livraison d’armes par Alger aux autorités militaires de Bamako en vue de l’intervention au Nord-Mali, aurait été décidée par Alger suite aux pressions de Washington d’amener Abdelaziz Bouteflika à une participation active à la guerre contre Al Qaïda au Maghreb islamique islamique occupant le Nord-Mali. Lors de sa visite éclair, le 29 octobre dernier, la secrétaire d’Etat américaine, Hillary Clinton, aurait ainsi donné des garanties à Abdelaziz Bouteflika sur la bonne réception de cette cargaison d’armes en l’assurant de l'existence d'une "véritable hiérarchie militaire" à Bamako. ?Ainsi, selon les mêmes sources, lundi 5 novembre 2012, un premier cargo a atterri à l'aéroport de Bamako Senou. D’autres cargos ont été acheminés par la suite, sans préciser le type d’armes ainsi fournis.

Cette livraison d’armes à Bamako intervenue après la visite de la secrétaire d’Etat américaine et quelques jours à peine avant l’entame du dialogue engagé avec l’un des groupes terroristes occupant le Nord-Mali, Ansar Eddine, dont une délégation se trouve à Alger et une autre à Ouagadougou depuis vendredi dernier, trahit-elle le double jeu du pouvoir de Bouteflika dans la crise malienne ? Selon les sources citées, "Ce geste du gouvernement algérien témoigne de la ferme volonté de l'Algérie à aider le Mali pour le retour de la paix et le recouvrement totale de son intégrité territoriale".

Wachington qui aurait ainsi pressé Abdelaziz Bouteflika de s’engager militairement au côté des forces de la Cédéao au Nord-Mali aurait-il également joué un rôle majeur dans la recherche d’une "solution politique négociée" dans la région en choisissant Ansar Eddine comme partenaire du dialogue avec Alger qui connaît bien ses dirigeants pour avoir, dans un passé récent, mené des négociations au Nord-Mali sur la rébellion Touarègue, avant son occupation par Al Qaïda au Maghreb islamique ? Alger ne serait donc pas maître du jeu et Abdelaziz Bouteflika ne serait qu’un pion entre les mains des Américains qui mènent, d’ores et déjà, un plan d’attaque ciblée contre Al Qaïda au Maghreb islamique en isolant Ansar Eddine, lui assurant ainsi, un repli diplomatique grâce à la complicité forcée de l’Algérie et de la Mauritanie. D’où ce double jeu d’Alger : mener, concomitamment, le dialogue avec Ansar Eddine et équiper l’armée malienne de cargaisons d’armes. Une démarche qui n’obéït à aucun principe énoncé auparavant par le pouvoir d’Abdelaziz Bouteflika qui s’est toujours accroché à un "dialogue" niant toute participation à l’intervention au Nord-Mali. Du côté des négociations avec Ansar Eddine, si rien ne filtre de la rencontre d’Alger toujours en cours depuis vendredi dernier, en revanche, la délégation du même groupe terroriste en pourparlers à Ouagadougou a rendu public un communiqué dans lequel cette organisation terroriste ne se prononce ni sur la chari’a qu’elle impose aux populations du Nord par la terreur, ni même sur son appartenance avec Al Qaïda au Maghreb islamique. 

Les représentants d’Ansar Dine dans leur déclaration lue mardi dernier après l’audience que leur a accordés le président burkinabé et médiateur de l’Afrique de l’ouest dans la crise malienne, Blaise Compaoré, ont dit rejeter "toute forme d’extrémisme et de terrorisme", promettant "de lutter contre la criminalité transfrontalière", sans préciser les conséquences de cette position. La délégation d'Ansar Eddine à Ouagadougou justifie son silence quant à son appartenance avec Al Qaïda au Maghreb islamique qui, selon les émissaires du dialogue est "est partout. Sa force c’est la mobilité, on ne peut pas dire qu’on va s’attaquer à lui dans telle ou telle zone, il est dans tout le territoire malien, voire saharien". Sur la charia, Ansar Eddine la conçoit comme une arme à préserver d'éventuels compromis des négociations. Autrement, il n’est pas prêt à céder sur l’application de la chari’a : "Nous n’avons pas évoqué le problème de la charia parce que ce sont des détails qui ne doivent pas nous bloquer" estimant que ce n’en est ni le lieu, ni le moment : "Ce n’est pas ici qu’il faut évoquer la charia, c’est peut-être plus tard quand on aura trouvé des compromis pour nous permettre de travailler ensemble, de ramener la paix dans le pays".

Dans cette même déclaration, Ansar Eddine se dit prêt également à la guerre : "Nous condamnons le règlement du problème par la force, mais si on est obligé d’aller à la guerre, on fera la guerre, (…) on se battra jusqu’au dernier sacrifice", arguant le fait qu’il s’agit là d’une "coalition internationale" contre "le peuple touareg" dont le groupe terroriste prétend être le représentant. A Alger, ces mêmes exigences ont plus de résonances auprès d’Abdelaziz Bouteflika.

R.N

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Commentaires (1) | Réagir ?

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hocine amari

MAIS NOUS LE SAVIONS DEPUIS BELLE LURETTE MEME BOUMEDIENNE ETAIT LEUR PION