Les Arabes n’ont pas envahi l’Algérie.Ils ont même été défaits

Les Arabes n’ont pas envahi l’Algérie.Ils ont même été défaits

("Je n'invente rien, je ne fais que transmettre", Conficius, philosophe chinois)

Notre article "Les Arabes ont-ils conquis l’Algérie", publié par le Matindz (19 décembre 2009) a été repris par de nombreux de sites, notamment "D’algerie-Djezair.com", qui, le 20 janvier 2010, publia un commentaire de Djamel-eddine Benchenouf, journaliste au quotidien d’Algérie. Ce commentaire contenait, entre autres, ce qui suit : "J'ai été choqué de trouver dans votre espace ce texte signé d'un certain Aristote, qui est une insulte à la vérité historique. C'est un ramassis de spéculations sans aucun fondement historique. Dire, entre autres énormités, que l'armée arabe était dirigée par Tarik Ibn Ziad lorsqu'elle entra en Ifrikia est un canular". Mr. Benchenouf avait, de toute évidence, mal lu mon article, ce qu’un internaute signant Numidien lui fit remarquer.

En effet, dans mon texte je dis :Les Arabes, après avoir imposé leur domination sur la Tripolitaine (Libye) et l’Ifrikiya (Tunisie) s’imposeront face aux Berbères (698) dirigés par Tarik Ibn-Ziad, les intègrent à leur armée et continuent leur expansion vers l’Ouest". Pour ce qui est des autres critiques de Mr. Benchenouf (aucun fondement historique, truffé de contre-vérités…), elles sont infondées. Et pour cause les repères historiques cités se trouvent dans n’importe quel ouvrage traitant de cette période. je répondis à Mr. Benchenouf, le 23 janvier 2010, pour lui dire, entre autres, que "tout ce que j'ai mentionné comme repères historiques est contenu dans les livres de Abdellah Laroui, Gaid Mouloud, Mahfoud Kheddache, Ibn-Khaldoun et Fernand Braudel, inventeur, semble-t-il, de la notion "âge d'or" de l'islam dont le livre (paru en 1963) donne quelques indications sur les nomades".

N’ayant pas eu de réponse de Mr. Benchenouf, je logeai,le 27 janvier 2010 dans le site en question, le message suivant : "M. Benchenouf, que ma conclusion semble avoir foudroyé, n’a plus donné signe de vie. Dommage, je m'attendais à ce qu'il revienne avec des arguments solides remettant en cause ma thèse". J’inclus, en plus de ce message, le commentaire de Jacques Simon, auteur de plusieurs ouvrages sur l’Algérie. En procédant ainsi je faisais une entorse à un principe que je m’étais imposé, voulant que je ne citerai pas d’auteurs français dans le traitement de ce sujet. Je le fis car le site nommé "Dalgérie-Djazair" est, fréquenté, surtout, par des lecteurs français. Mr. Jacques Simon, dont le titre de l’article (9 mars 2010) est le suivant" : La colonisation arabe de l'Algérie n’a pas eu lieu" écrit, entre autres, ce qui suit". Pour répondre à ces différentes inquiétudes et interrogations, dans un article remarquable, un universitaire utilisant le pseudo d'Aristote, ouvre une nouvelle étape dans le débat sur l'identité algérienne. Suit un extrait de mon article : «L’analyse de la sociologie des nomades et de leur philosophie de vie (nomadisme et mépris de la sédentarisation), la topographie algérienne (montagnes-forteresses), l'économie pratiquée (éleveurs de bétail dans le Constantinois, absence de paysans), la géographie (plaines marécageuses et boisées), l'attrait du Maroc et de la Tunisie, régions très prospères sur le plan économique et dirigées par des pouvoirs, notamment le Maroc, grands recruteurs, après 1151 (bataille de Sétif) de Hilaliens comme mercenaires, permet de comprendre pourquoi l'Algérie n'a pas subi de conquête ou de colonie de peuplement arabe...". Analyse largement fondée, selon Mr. Simon, si l'on se réfère aux principaux ouvrages sur la question.

Par la suite, le 26 août 2010, Mr. Benchenouf, revenant sur le site, logea le commentaire suivant : "Ainsi donc, monsieur Aristote, votre réponse m'aurait foudroyé, et je me serais par conséquent glissé sous le tapis de votre magistrale contribution, honteux et contrit. Le fait est que je n'ai pas eu l'occasion de revenir sur cet espace. Et que je n'avais tout simplement pas lu votre fulgurante réponse. Je me contenterai, plutôt que de vous répondre à mon tour, de signaler à vos lecteurs, qu'ils seraient bien avisés de consulter les ouvrages d'éminents historiens, Charles André Julien, Stéphane Gsell, Gilbert Meynier, Abdallah Laroui, Mahfoud Kaddache, Ibn Khaldoun, dont la rigueur, le long travail de recherche, et les analyses aussi fines qu'elles sont prudentes, donnent de l'histoire du Maghreb, une lecture autrement plus sérieuse".

Je pris connaissance des commentaires de M. Benchenouf et le 28 août 2010, je logeai un message, contenant, entre autres, ce qui suit: "Mr. Benchenouf. Au sujet d'Ibn-Khaldoun, Yves Lacoste dans son livre, "Géographie du sous développement", si je ne me trompe (lecture de mes années d'université), disait de cet auteur qu'il avait conscience d'élaborer une nouvelle façon d'aborder l'histoire. C'est mon cas. Je suis conscient, et c'est pour cela que je persiste, de réécrire l'histoire de l'Algérie en détruisant un mythe à savoir que les Arabes ont occupé et peuplé l'Algérie.

Pour finir, je voudrais vous dire ce qui suit:

1)- Vous citez Mahfoud Kheddache. Dans son livre "l’Algérie médiévale", deux points sont à relever. a) - Il confirme à juste titre que les nomades arabes n’ont pas occupé la Kabylie (p.86). Et pour cause, c’est une montagne-forteresse.

2)-Mr. Kheddache a une vision statique de la présence des tribus arabes en Algérie. Il ne décrit pas leur évolution, une présentation qui omet un élément fondamental, à savoir que les Arabes étaient des nomades, donc en mouvement. Aujourd'hui, ils sont ici, demain ils sont là-bas, loin, très loin, vu leur capacité de parcourir au moins 100 kms en un jour. De fait, elles finiront par partir, vers la Tunisie et le Sahara, comme cela ressort dans l'histoire des Berbères, Tome 1, d'Ibn-Khadoun (voir mon site: aristote-algeria.com, texte 7 et 8). Cette présentation de Mahfoud Kheddache est limitée. Elle peut induire en erreur et faire croire que les arabes ont élu domicile en Algérie.Un élément encore plus évident et explicite est le suivant : Mr. Kheddache dit, "la tribu des Taâlbas (Taâlibis) occupe la Mitidja". Et point. Savez-vous ce que vous lirez sur cette tribu aux pages 123-125, d’Ibn-Khaldoun (tome 1) qui ne ressort pas dans le livre de Mahfoud Kheddache.La tribu des taâlibis a été exterminée par Abou Hamou, le Zayyanide de Tlemcen. No comment. Cela étant dit, je vous invite à écrire un texte réfutant ma thèse, que vous proposerez au Matindz, et évidemment à Dalgerie-Djezair qui nous donne l'occasion d'échanger sur ce sujet. Ainsi, le débat, entre vous et moi, connaitra une portée plus large".

J’ai logé ce message dans le "Dalgerie-djzezair" le 26 août 2010 mais jusqu'à date, Mr. Benchenouf, n’a pas donné signe de vie. Cela étant dit, quelle conclusion tirer de ses commentaires ? S’agissant du premier message, il avance des affirmations incorrectes, sans aucune substance, car tout ce que je cite comme références historiques est contenu dans tous les livres traitant de cette période, plus encore, dans les livres des auteurs que Mr. Benchenouf conseille aux lecteurs de "Dalgerie-Djezair", de lire. Ces auteurs sont les suivants :Charles André Julien, Stéphane Gsell, Gilbert Meynier, Abdallah Laroui, Mahfoud Kaddache, Ibn Khaldoun. Sa suggestion de consulter les cinq premiers auteurs est inutile car tous ces derniers ne font que commenter Ibn-Khaldoun en ce qui a trait à l’évolution des tribus arabes jusqu’à la fin du 14ème siècle (1400). Pour cette période, il est préférable d’aller directement à Ibn-Khaldoun. Que dit ce dernier qui, par ailleurs, est repris par ces auteurs ?Ibn-Khaldoun définit, dans l’histoire des Berbères, tome 1, trois vagues de migration arabe vers l’Afrique du nord : Les périodes aghlabide et Béni-Hillals vers la Tunisie (voir notre article, Texte 1) et la période Béni-Hillal vers l’Algérie. Les deux premières concernent essentiellement la Tunisie. Nous les avons développés dans notre article. Cette partie s’achève en 1151, par la défaite à sétif des tribus arabes venant, en fait, de Béja (Tunisie) face aux Almohades qui conquerront qui se poursuivra la Tunisie et mettront fin au pouvoir des tribus arabes en Tunisie et imposeront une domination du pouvoir almohade sur toute l’Afrique du nord et l’Andalousie.

A partir de là, une nouvelle ère s’ouvre :la migration de certaines tribus arabes vers le Constantinois, l’Algérois et l’Oranie. Ce mouvement n’est nullement un mouvement de conquête, d’occupation ou de colonisation. Les tribus arabes sont attirés dans l’espace algérien par les pouvoirs berbères. Elles reçoivent un Iqt’a, c'est-à-dire une concession de terre dans les différentes régions citées de l’Algérie. Certaines d’entre elles (Doreid, Douaouidas) en reçurent dans le Constantinois par les Hammadides, d’autres dans l’Algérois (Taâlbas) et la région de Tlemcen (Béni-Amer) par Yaghmoracen (dynastie Abdelwadide) qui régna de 1236 à 1263. Le contexte topographique, géographique et social ne favorisant pas une implantation permanente, on apprend en lisant le livre d’Ibn-Khaldoun l’histoire des Berbères, tome 1 que les tribus abandonnent leur concession dans le nord (Constantinois, Algérois, Oranie) et migrent vers la Tunisie et vers le désert, lieux ou elles sont signalées à la fin de la période Ibn-Khaldoun (1400). Plus encore, Ibn-Khaldoun expose, dans les prolégomènes, partie 1 (google.com), chapitre sur les nomades arabes, les fondements de cette migration vers le désert. Grosso-modo, cette tendance tourne autour des facteurs suivants:le nomadisme et l’élevage de chameaux par rapport au désert. -En premier lieu, le nomadisme n’est possible que dans le désert un lieu que les nomades arabes sillonnent en permanence depuis les temps les plus reculés. Se transporter d’un lieu à un autre, Parcourir le désert est leur principale occupation, car le nomadisme est pour eux, pour reprendre un terme philosophique, et ce, en complément d’Ibn-Khaldoun, un Ethos, c'est-à-dire un caractère relié à l’âme.

Les nomades ne restent, en effet, jamais au même endroit: aujourd’hui, ils sont ici, demain ils sont ailleurs. Ils peuvent parcourir jusqu’à une distance de 100 kms par jour. le désert est le lieu approprié pour le nomadisme, car, ajoutons pour compléter Ibn-Khaldoun, que le sable permet d’amortir les pattes des dromadaires et de leur éviter, ainsi, d’être blessés ou d’être affectés après une longue marche. -En second lieu, l’élevage des chameaux, source pour eux de viande et de lait, impose aux nomades de vivre dans le désert car les chameaux ont besoin de brouter les arbustes du désert, de boire les eaux saumâtres qui s’y rencontrent et de parcourir cette région pendant l’hiver, afin d’éviter le froid et de jouir d’une atmosphère tiède; En outre, les nomades arabes trouvent dans le désert des endroits ou leurs dromadaires peuvent mettre bas. Par ailleurs, les jeunes chameaux, depuis l’époque de leur naissance jusqu’à celle du sevrage, sont extrêmement difficiles à élever, et la chaleur leur est absolument nécessaire. Un élément qu'il trouve dans le désert.

- En troisième lieu, le désert favorise la réussite des razziaz (pillage de bétails). En effet, la razzia, est plus facilement réalisable dans les zones proches du désert. Ce dernier constitue, en effet, un refuge leur permettant une retraite rapide. Après s’être emparés d’un butin, ils rentrent, au plus vite dans la partie du désert ou ils font paître leurs troupeaux. Cela dit, la razzia est une activité essentielle pour les nomades arabes. Les nomades acquièrent une partie leurs moyens de subsistance, par l’élevage des dromadaires qui leur assure le lait et la viande, mais aussi par les razziaz en pillant des éleveurs, fréquentant les hauts-plateaux ou des caravanes allant du Maroc vers la Tunisie ou vice-versa. De fait, la proximité du désert est, pour eux, nécessaire et même vitale car ce lieu leur permet une fuite rapide vers un sanctuaire, inaccessible à leurs poursuivants. De fait, le désert ou les abords du désert sont les lieux propices pour la razzia contrairement au nord ou les habitants sont à l’abri dans les montagnes, endroits constituant 80% du nord de l’Algérie.

De fait, les nomades ne peuvent se hasarder à attaquer les habitants de ces lieux, car ils auraient, à gravir des collines abruptes, à s’engager dans des chemins presque impraticables et à s’exposer aux plus grands dangers. l'autre partie de l'Algérie, à savoir les plaines, qui constituent 20% du territoire du nord de l’Algérie sont, tout autant, moins attirantes pour les nomades arabes: elles sont,soit boisées, marécageuses et, formées d’un sol caillouteux inaccessible au dromadaire, soit habitées par des tribus berbères trop fortes pour être pillées, soit vides d’une paysannerie pouvant être soumise au tribut. De plus, les plaines (Mitidja, Cheliff, Oranie) sont, contrairement aux plaines de Tunisie, incrustées dans des vallons, situées, loin du désert, lieu d’habitation priviligié des nomades arabes. Cela dit, Mr. Benchenouf suggère, comme autre auteur à lire, Charles André Julien :mauvaise suggestion. En effet, Mr. Simon dans son commentaire précédent qualifie notre analyse de "largement fondée, si, dit-il, l'on se réfère aux principaux ouvrages sur la question" parmi lesquels celui de Charles André-Julien, auteur expliquant, cet échec (peuplement de l’Algérie par les Arabes) par l’absence, dans l’espace algérien d’une paysannerie qui aurait pu permettre aux Zayyannides de Tlemcen de remplir les caisses de leur trésor et ainsi de prendre en charge les nomades arabes qu’ils ont ramenés de Tunisie et du Sahara, de les stabiliser et de les ancrer dans le nord de l’Algérie.

A cet effet, Charles-André-Julien, cité par Gaid Mouloud (l’histoire des Berbères, p.212) écrit ce qui suit: "le royaume Abdel wadide n’a donc pu être comme ses voisins de l’Ouest (Maroc) et de l’Est (Tunisie), un État à forte assise paysanne, c’est là semble-t-il les principales raisons de son instabilité et de son insuccès", insuccès qui aboutira à la fin des Zayyannides (1430) et au départ définitif des nomades arabes vers la Tunisie, région connaissant une prospérité économique vers la fin du 14èm Siècle.

L’autre auteur que Mr. Benchenouf suggère de lire est Abdellah Laroui :mauvaise suggestion aussi,car Mr. Laroui, fut notre principale référence par son livre l’histoire du Maghreb, ouvrage qui reprend, par ailleurs, bien sûr les repères historiques d’Ibn-Khaldoun suivants :En premier, les Arabes n’ont pas envahi l’Algérie. Ils ont même été défaits, comme on l’a dit en 1151 (bataille de Sétif). En second, leur recrutement par les Zayyannides comme mercenaires n’a pas abouti à leur implantation dans l’espace algérien. Comme on l’a mentionné, le relief a joué contre leur installation et ils finirent, comme le signale, Mr. Laroui par migrer vers le désert à la fin de la période Ibn-Khaldoun. En conséquence, contrairement à ce que semble penser Mr. Benchenouf, les idées développées par ces auteurs ne constituent pas une remise en question de notre thèse. Et pour cause. Nous l'avons puisé dans les livres de la plupart de ces auteurs, notamment Ibn-Khaldoun et Abdellah Laroui. Notre travail de synthèse a permis d’en dégager la substance et d’aboutir au constat que les nomades arabes n’ont ni occupé ni peuplé l’Algérie durant la période Ibn-Khaldoun. Vers la fin de la période Ibn-Khaldoun, le déclin de la dynastie Zayannide et sa désintégration progressive,la généralisation de la misère les pousse à migrer vers la Tunisie qui connaît sous les Hafsides une prospérité économique et de ce fait devient un pôle d’attraction pour toutes les tribus arabes et même berbères de l’espace algérien. El Kairouani, histoire de l’Afrique (google.com) et Venture de Paradis, Alger et Tunis au 18ème siècle, sous les Turcs les signalent sous le nom de Drid. (Texte 7). Cette évolution des tribus arabes après Ibn-Khaldoun, évolution les éloignant de l’espace algérien semble échapper à Mr. Benchenouf.Il ne semble pas tenir compte du fait que les Arabes dont il est question étaient des nomades, donc en mouvement, surtout quand les conditions de vie devenaient difficiles. De fait, ils quitteront l’espace algérien et migreront vers la Tunisie. D’autres, comme les Béni-Amer de la région de Tlemcen ou bien les Maquil migreront vers le désert. Comme ce fut le cas aussi pour les Douaouidas de Constantine. Un autre aspect faussant, manifestement,le jugement de Mr. Benchenouf, en ce qui a trait à la question des tribus, est son appréhension de cette question dans le cadre maghrébin. En effet, dans son second message, il fait allusion à "l'histoire du Maghreb". Une démarche illogique, car à l’inverse de la Tunisie, l’Algérie n’a connu ni invasion, ni occupation, ni colonie de peuplement arabe. Une approche judicieuse et logique permettant de bien saisir et cerner la question des tribus arabes dans le cadre de l'espace algérien ne doit être ni diluée ni fondue dans le cadre maghrébin. Il faut étudier et discuter de l'évolution des nomades arabes d'Ibn-Khaldoun en Algérie sans aucune référence au Maghreb

Aristote(ys) auteur de: Les Arabes ont-ils conquis l'Algérie? (lematindz, 19 déc 2009)

site: Aristote-algeria.com

Plus d'articles de : Mémoire

Commentaires (23) | Réagir ?

avatar
departement education

merci bien

avatar
algerie

merci

visualisation: 2 / 23