Ces calculs précoces de la présidentielle !

Le ridicule ne tue pas avec Djamel Ould Abbès.
Le ridicule ne tue pas avec Djamel Ould Abbès.

Décidément, les dernières déclarations si panégyriques de Djamel Ould Abbès à la presse à propos de Saïd Bouteflika laissent une grande place au doute sur les intentions réelles de la nomenklatura

Celle-ci se dirigerait-elle, vraiment, vers un plan "B", bien concerté en haut lieu, à moins de deux ans du rendez-vous présidentiel de 2019 ? Ou elle n'est que poudre aux yeux, comme le pensent d'ailleurs beaucoup d'observateurs de notre paysage politique, dans l'embarras face aux tirs croisés des médias et surtout de l'opposition, laquelle semblent exploiter ces derniers temps la vacance prolongée de Bouteflika pour ciseler un argumentaire solide à même de précipiter la fin de tout un système ?

Puis, pourquoi le secrétaire général du FLN a-t-il choisi ce moment crucial (l'austérité et la crainte populaire de la crise) pour oser une telle sortie médiatique ? Y est-il, par exemple, poussé par certains clans influents au sein du régime ou ce n'est, là aussi, qu'une énième parade pour gagner encore du temps sur le dos de cette Algérie irrécupérable et si épuisée par tant de polémiques inutiles ? Il ressort, en effet, que le limogeage inopiné de A. Sellal de la tête de la chefferie du gouvernement, les critiques acerbes décochées au «Plan d'Action» de son successeur Abdelmadjid Tebboune, l'intrusion inopportune et assez "scandaleuse" de Ahmed Ouyahia dans le dossier brûlant des réfugiés subsahariens et les attaques en règle contre le patron du Forum des chefs d'entreprises (FCE), Ali Haddad, sont, on ne peut plus, un prélude à un nouvel ordonnancement des choses à l'intérieur du sérail.

La citadelle du pouvoir étant en proie à une cacophonie qui semble préfigurer, en cette période creuse de l'été, des luttes claniques encore plus féroces dès la rentrée sociale de septembre. En débandade en raison des divers scandales ayant auparavant touché ses mouhafadate et ce, même s'il a consolidé sa position de première force politique de la nation au lendemain des législatives du mai, le FLN s'apprête sans doute à "se repositionner" dans un jeu d'échecs compliqué dont il ne maîtrise pas toutes les ficelles.

Ce que vient de prouver ce changement de rhétorique incompréhensible opéré par Ould Abbès. Quiconque se rappelle, au demeurant, les assurances presque "naïves" du même bonhomme sur la capacité du président Bouteflika à gérer le pays, et même à "remarcher" sur ses pieds, suscitant à la fois la consternation et les sarcasmes d'une grande partie de la classe politique et sur les réseaux sociaux. Et maintenant, on sent que la roue tourne dans un autre sens et tout ce discours-là, populiste à plus d'un égard, est comme jeté à la poubelle du passé. Mais que s'est-il produit, entre-temps, dans les coulisses du plus vieux parti algérien ?

On dirait que Ould Abbès arbore plusieurs uniformes pour le même décor ! Un décor qui se veut, toutefois, vide, statique et ennuyeux. Espère-t-il, ce faisant, sonder d'avance le "feed-back" de l'opinion publique et de l'élite dans l'hypothèse, du reste peu probable, d'une candidature du frère du président aux prochaines échéances pour la magistrature suprême ? Si l'on regarde de loin et sous un angle pragmatique toutes ces données, on verra bien que le soutien apporté par S. Bouteflika au romancier Rachid Boudjedra, piégé récemment par une caméra cachée, n'est aucunement dénué de desseins électoralistes ! Quoique la perspective d'accéder au pouvoir par le biais de ce qui s'apparente aux méthodes héréditaires classiques soit battue en brèche après l'avènement du fameux Printemps arabe.

Le raccourci paraît, en effet, très simple : on jette d'abord l'hameçon à la mer, ensuite, on attend à ce que les poissons s'approchent et mordent pour que l'on se fasse une idée précise aussi bien de notre terrain de chasse que de nos possibilités de récolte !

Après, on décidera si l'on y engage davantage de moyens, ou s'il faudrait en revanche se retirer et changer carrément de cap ! Vieux briscard de la politique et rompu aux pratiques démagogiques du parti unique, Ould Abbès met alors toutes les chances de la réussite de cette stratégie-là de son côté, n'hésitant pas à louer «le militantisme syndical progressiste» du conseiller présidentiel, son intégrité, sa loyauté et sa compétence pour les besoins de la cause.

Mais parviendra-t-il à convaincre grand monde de la justesse de ses visions ? Puis, les Algériens cautionneraient-ils une telle hypothèse au moment où la démocratisation du régime s'avère être une nécessité impérieuse pour pousser loin le train des réformes ? Peu sûr !

Kamal Guerroua

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algerie

جزاكم الله خيرا

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messwar mess

MERCI

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