La dernière ligne droite avant le "Printemps algérien"

Tôt ou tard, le pouvoir sera confronté à la vindicte populaire
Tôt ou tard, le pouvoir sera confronté à la vindicte populaire

Beaucoup d’eau a coulé depuis l’article le complot publié avant les élections présidentielles du 17 avril 2014. Je m’insurgeai contre la théorie défendue par plusieurs analystes selon laquelle l’Algérie est dirigée dans l’ombre par un cartel qui veut rester au pouvoir à tout prix.

J'estime qu’il existe des groupes d’influence très puissants qui défendent leurs intérêts et qu’il y a eu, à un certain moment, un consensus sur le choix de Bouteflika, surtout lorsque les chevaliers de la Triade ont brandi la menace du TPI. Une fois désigné, Bouteflika a constitué son équipe avec des joueurs issus essentiellement de sa dechra, disciplinés et aptes à dribler selon une tactique dénommée “le programme du Président” qu’il est seul à connaître.

Quels sont donc ses véritables objectifs ?

J’ai répondu à cette question avant sa 4e réélection : “Je ne pense pas que «la mafia politique et les pègres régnantes associées en Algérie cherchent à préserver et à protéger leurs intérêts qui durent et perdurent. A mon avis, l’objectif de ceux qui nous dirigent est de terminer leur mission qui consiste à détruire la nation algérienne. Les récents classements de l’Algérie confirment qu’ils sont prêts du but. Pour eux, la fin est proche et ils n’ont pas l’intention de finir leurs jours en Algérie.”

On sait maintenant avec certitude que les joueurs titulaires ont utilisé des fonds illicites pour acquérir des biens à l’étranger et assurer leur transfert dans l’équipe adverse. On sait aussi que leurs proches sont déjà à l’abri dans leur nouveau pays d’adoption. C’est la preuve que le match a été vendu, que le résultat est connu d’avance et qu’il n’y aura pas d’arbitre pour siffler avant la fin de la partie.

Rares sont les personnes qui analysent les évènements de ces deux dernières décennies sous l’angle d’un complot planifié. Je cite S.A. Ghozali (réf. agonie de la nation Algérie) qui, après sa rencontre du 20 avril 2014 avec John Kerry à Alger, avait déclaré : "… Non, je ne vous parle pas de ce qui se passera dans vingt ans, mais dans moins de cinq ans (…) C’était avant la chute des prix du pétrole. Aujourd’hui, il parle d’un "effondrement inéluctable".

Hadj Nacer avait aussi déclaré «le chaos est programmé (…) nous sommes en fin de course de l’utilisation optimale de nos ressources du sous-sol" (...) depuis 25 ans, c’est la mise en œuvre d’une planification qui est la précarisation de la société, “l’informellisation” et l’“écervélation” de la population".

J’avais écrit avant la sonnerie du tocsin déclenchée par la chute importante des prix du brut: «Les milieux intellectuels algériens se focalisent, pour la plupart, sur les affaires de corruption et ne voient donc que l’iceberg du mal algérien. On les comprend, ils se rassurent quelque peu en optant pour la piste maffieuse et en refusant de voir l’insoutenable vérité, celle de la haute trahison au sommet d’un Etat dirigé apparemment par des personnages ayant double ou triple nationalité, des marionnettes au service de l’Oncle Sam et de son exécutant, ancien colonisateur qui a une revanche à prendre, et tout cela sous le regard accommodant de ceux qu’on nommait les gardiens du temple."

Je rends hommage à Malti qui n’a jamais arrêté de dénoncer les méfaits du clan Bouteflika mais je ne partage pas certains points de son analysedu 11 janvier 2015 (Algérie la fin de regne d'un regime decadent) : "Du fait de leur incurie, de leur désintérêt pour le bien-être du peuple et parce qu’ils n’ont toujours été obnubilés que par une seule question, celle de leur survie pour continuer à piller les richesses nationales, ses responsables n’ont pas vu les problèmes s’accumuler depuis des années", écrit-il. Non, on parle d’une corruption portant sur des milliards de dollars en concertation avec des Etats qui en retour assurent le blanchiment de l’argent et l’impunité au Clan. De même, le degré de sophistication des actions de sabotage ne va pas de pair avec l’argument de l’incompétence. C’est vrai que le régime est forcément décadent car il gère une politique suicidaire qui mène tout droit vers un Printemps algérien sans aucune sortie de secours.

Le hasard (?) a voulu que la justice italienne dévoile un aperçu de la toile internationale des montages complexes de financement occulte des opérations illégales du clan Bouteflika et confirme les accusations formulées contre l’ex ministre Chakib Khelil ainsi que ses acolytes Habour, Hamèche, Bedjaoui, etc. Sous les pressions politiques, force est de constater que les autorités judiciaires de Milan et d’Alger (sans oublier celles de Washington) s’accordent aujourd’hui pour reporter inlassablement la tenue des procès liés à ce dossier. Je doute que la lumière vienne des tribunaux. Le glaive de la justice ne tombera pas sur les véritables coupables qui resteront en liberté et l’Algérie ne récupérera pas son argent.

Au dossier de Milan, on pourrait ajouter ceux de Beyrouth, Londres, Genève, Singapour, Dubaï, Madrid, Paris, Washington, Le Caire, Mascate et tant d’autres. Les preuves de l’existence d’une corruption à l’échelle étatique portant sur des dizaines de milliards de dollars existent même si elles ne sont pas (encore) publiques. Une grande partie de cette manne de corruption a été utilisée pour financer un plan diabolique de sabotage qui a nécessité la rémunération directe ou indirecte de complices à tous les niveaux.

La conquête du pouvoir absolu

"Je ne veux pas être un trois quart-président", disait-il en 1999 à la radio d’Europe 1. Bouteflika a attendu le renouvellement de son deuxième mandat pour assoir son autocratie. Dorénavant, les enquêtes d’habilitation défavorablesn’ont plus d’effet sur la nomination des dirigeants. La porte de la gouvernance est ouverte aux bandits des grands chemins qui utilisent l’APN comme vestiaire, le règne de la voyoucratie commence. C’est aussi le passage en force de la loi scélérate sur les hydrocarbures. Les joueurs internationaux se transforment en caravaniers, porteurs de valises, et font leurs affaires en ignorant les jappements des chiens sur leur passage. La maffia étend ses tentacules à toutes les activités et institue la corruption comme sport national. Les gros contrats du secteur public et le foncier de premier choixconstituent le domaine réservé du chef de meute. Les malversations associées à ces contrats, pour la plupart encore confidentielles, entrainent des réactions très timides de la part de la société civile. Même le DRS s’autocensure au niveau de ses enquêtes et ne s’attaque qu’aux seconds couteaux qui croupissent encore en prison. Pourquoi faut-il à tout prix protéger le chef de meute ?

Les médias sous contrôle vont devenir des instruments de propagande, les réseaux sociaux sont neutralisés. Des dizaines de journaux, des TV et des partis politiques ont été créés pour faire diversion et cacher la vérité.

Ne retenons ici que les exemples importants pour l’Algérie. Un journaliste a écrit récemment que la loi 2005 sur les hydrocarbures a été abandonnée. Un lecteur non averti va comprendre "abrogée" et penser que l’échec de la politique de partenariat de cette décennie est imputable à l’ancienne loi. Non, les changements majeurs introduits par Bob Pleasant, l’ami américain de Chakib Khelil qui a rédigé la loi 2005, sont toujours en vigueur. Les agences qui ont été créées pour préparer la disparition de Sonatrach siègent au ministère de l’Energie. L’ombre de Chakib Khelil est omniprésente en Algérie à travers non seulement sa politique, mais aussi les responsables qu’il a désignés et qui sont toujours en poste.

Un autre journaliste du Quotidien d’Oran (30/09/15) que j’apprécie énormément a écrit : "Dans le même ordre d'idées, le carburant, subventionné à près de 75% de son prix réel, alimente toutes les zones frontalières, dans les pays voisins, grâce à un trafic très prospère. Le gasoil, dont les importations se sont élevées à trois milliards de dollars, est particulièrement visé (…). L'exemple de l'énergie est édifiant. Il était attendu du gouvernement qu'il définisse une politique énergétique, et qu'il utilise, éventuellement, les prix, qu'il les manipule, pour orienter la consommation (…). Le bon sens voudrait que le pays, riche en gaz, oriente la consommation vers le GPL."

Le modèle de consommation énergétique existe depuis les années 80. Il n’a jamais été appliqué de manière sérieuse par les gouvernements successifs. Preuve en est: la subvention du prix du gasoil concurrence toujours le GPL carburant et il n’existe aucune réglementation obligeant les concessionnaires à importer des voitures au GPL. La réglementation de sécurité pour le GPL carburant n’a pas évolué et plus grave encore, la première usine de montage de Renault ne prévoit pas de voiture fonctionnant au GPL.

Les exemples sont légion mais, hélas, couverts par l’anonymat depuis que l’instruction présidentielle a remplacé l’étude de faisabilité au niveau des Banques publiques pour le financement de projets pseudo industriels contrôlés par des partenaires arabes privés n’ayant aucune assise financière ou compétence technique. Cette politique va bientôt mettre sur la paille toutes les banques publiques et peut être le trésor algérien qui est leur garantie ultime! Non, le modèle socio-économique de destruction mis en place depuis deux décennies n’est pas le résultat d’incompétences successives ! C’est le produit d’un gouvernement composé de voyous qui nous nargue, nous humilie, nous méprise et œuvre à notre destruction.

Le tocsin sonne depuis la forte chute des prix du pétrole qui est appelée à s’inscrire dans la durée. A titre de rappel, les prédictions du 06 avril 2014 n’envisageaient une chute de prix du pétrole aussi catastrophique: "Aujourd’hui, la maladie du marocain Bouteflika est un très gros souci pour ses commanditaires qui défilent à Alger pour l’encourager et le soutenir dans ses dernières volontés. Ils ont décidé de le reconduire (..) finaliser la mission car l’objectif est pratiquement atteint. Les exportations ont baissé de 30%, le budget n’est plus équilibré avec un baril de pétrole brut à 110 dollars. Il suffirait d’une baisse de prix du brut de 30% pour mettre à genoux l’Algérie et les américains sont bien placés pour anticiper le futur catastrophique algérien. Et ce qui est extrêmement grave, c’est que l’Algérie ne s’en remettra jamais car les exportations vont continuer à baisser.

Il est clair que le programme du 4e mandat va correspondre à l’instauration d’un long hiver algérien et que tous les rats bien engraissés vont bientôt quitter le pays pour rejoindre leurs enfants et les biens qu’ils sont volés. (..) Il n’y a plus rien à cacher car les jeux sont faits. Comme Khelil, Hamèche et les autres, seuls les membres de la cinquième colonne seront exfiltrés en temps voulu. Beaucoup de journalistes sont surpris par le fait que le gouvernement n’ait pas opté pour des réformes efficaces pour tenter de faire face à la crise financière. La seule explication disent-ils, c’est le maintien de la paix sociale, donc la poursuite du 4e mandat en espérant que le gouvernement sait ce qu’il fait et que les prix du pétrole vont remonter.

Alarmés par le rapide tarissement des réserves de change, des économistes bénévoles proposent naïvement des plans de sauvetage. Bien sûr, ils ignorent tout de la baisse rapide de notre production d’hydrocarbures, résultat d’une politique de sabotage de la gestion des gisements et de l’échec enregistré au niveau de l’exploration qui n’a pas permis un renouvellement adéquat des réserves. Ils ne savent pas que la canaillocratie a engendré le bradage au niveau de la valorisation des hydrocarbures,aggravé par un environnement de gaspillage énergétique inouï. Bref, ces économistes sont loin de se douter que le clan Bouteflika a œuvré contre les intérêts de l’Algérie en mettant en place une stratégie machiavélique de long terme visant à désarmer la société algérienne face à un après-pétrole incontournable, notamment en confiant la destruction de l’école aux islamistes, en remettant en cause l’intégrité des institutions, en délaissant l’agriculture, et surtout en mettant en faillite la production nationale concurrencée déloyalement par l’importation sauvage.

Signalons toutefois que, depuis des années, des experts ont tiré à maintes reprises la sonnette d’alarme en particulier au niveau du modèle énergétique de consommation en préconisant des mesures permettant de rationaliser la consommation d’énergie, de diversifier les filières de génération électrique, et d’introduire de manière sérieuse les énergies renouvelables. La réponse du gouvernement, on la connait. Ce sont des taux de croissance de consommation d’énergie effrayants et inexplicables, d’autant plus que l’outil de production industriel est pratiquement à l’arrêt. La contrebande de carburants et de produits alimentaires fortement subventionnés conduit à des ratios de consommation par tête d’habitant incompréhensibles. Et plus grave encore, on assiste à la mise en place, sur instruction présidentielle, d’un transfert de rente à des sociétés privées étrangères à travers des projets pseudo industriels, des opérations de surfacturation pour exporter illicitement les dividendes et l’apothéose, une zone franche dans les pays arabes.

Nous serons bientôt confrontés à la phase finale d’une feuille de route qui est scrupuleusement exécutée depuis presque deux décennies. Cette feuille de route, initialement confiée à Chadli, a été reprise par le clan Bouteflika qui a donné la priorité à:

1. La poursuite de la vaste opération de déliquescence de l’école et de l’université algérienne qui est la pièce maîtresse du plan. Benbouzid et ses spécialistes des «valeurs arabo-islamiques se sont attelés pendant 17 ans à cultiver l’intolérance et l’obscurantisme pour préparer la plateforme idéologique du terrorisme religieux qui va endeuiller l’Algérie.

2. La déstructuration du secteur de l’énergie, moteur du développement économique du pays;

3. La généralisation de l’économie de bazar et la marginalisation de l’outil national de production;

4. Et enfin la prise de contrôle total des institutions encore valides.

Les lois de finance successives confirment que le gouvernement ne fera rien pour retarder les échéances. Ne faut-il pas en conclure que pour le clan Bouteflika, la chute des prix du pétrole est une aubaine car l’Algérie sera à genoux plus tôt que prévu?

Sentant la fin de leur mission, les membres du Clan laissent tomber les masques, narguent leurs opposants, affichent leur incompétence et les biens mal acquis à l’étranger et se vantent d’avoir un autre drapeau (réf. la baisse des prix va faire tomber les masques). Ils s’enrichissent illégalement en planant au-dessus des lois et en traitant le peuple avec mépris. Ils se soignent à l’Hôpital américain Neuilly, le Val de Grace étant réservé au Président. Un seigneur du clan va jusqu’à publier un placard dans les journaux pour annoncer, sans pudeur, la naissance d’un prince héritier dans cet hôpital américain. Sans surprise, il hérite du Grand-duché du FCE et passe son temps à recevoir les lettres de créances et à créer des duchés régionaux.

Un ministre de l’enseignement supérieur sans le bac, un «derboukiste» voleur à la tête d’un parti, un dentiste, ex responsable au CNES, ministre de l’industrie. Dans cette liste trop longue pour être rapportée ici, il existe un point commun: tous les fidèles ont les papiers pour monter dans l’Arche de Noédu prochain flux migratoire et sont autorisés par leurs parrains étrangers à blanchir les capitaux extorqués à l’Algérie.

Nous entrons aujourd’hui dans la dernière ligne droite de cette feuille de route qui est l’affaiblissement et l’asservissement de toutes les institutions y compris l’institution militaire. C’est la phase la plus délicate de la feuille de route puisqu’elle prépare l’atteinte del’objectif final, celle du «printemps algérien» qui nous fera connaitre les affres de la guerre civile et livrera l’Algérie sur un plateau à ses ennemis d’hier.

Quelle a été la mission de Chakib Khelil en Algérie ?

Mais revenons en arrière de 15 ans, lorsque Bouteflika a fait appel à son ami d’enfance Chakib Khelil pour privatiser Sonatrach et, à défaut, la déstructurer et la vider de ses cadres. Bouteflika qui est revenu en Algérie pour accomplir un acte de vengeance a très vite compris qu’il fallait s’attaquer en priorité au secteur stratégique des hydrocarbures. C’est un constat, les changements introduits par Chakib Khelil au niveau de la loi sur les hydrocarbures ont freiné les investissements d’exploration et réduit considérablement le taux de renouvellement des réserves. Les responsables inamovibles que Chakib Khelil a placés aux postes stratégiques dans les entreprises et les administrations du secteur de l’énergie sont toujours en poste. Le travail de destruction de Sonatrach ne s’est jamais arrêté. Depuis l’ex filtration de Chakib Khelil, la gestion des branches d’activité de cette entreprise est assurée sans motivation par des vice-présidents intérimaires. Les cadres les plus expérimentés qu’on a mis sur la touche font le bonheur de grandes sociétés étrangères. Sonatrach qui est devenue une société sans envergure ni objectifs est aujourd’hui la proie de plusieurs vautours nationaux et étrangers. On assiste à un véritable dépeçage où tout le monde veut sa part, Ali Haddad veut sous-traiter des permis d’exploration, les partenaires n’hésitent pas à lancer des procès en arbitrage sachant que Sonatrach n’est plus outillée, ni soutenue par les pouvoirs publics pour se défendre. La société qui faisait vivre l’Algérie songe plutôt à (je cite) "transformer la SSPA/MCA en une filiale qui aura le même statut que les autres filiales de la firme pétrolière". C’est ce qui s’appelle "se recentrer sur ses métiers de base" et pourquoi pas un institut de football à Boumerdès au lieu et place de l’IAP ? Qu’en pense le Ministre de l’Energie, ex DG de l’IAP? Décidemment, ils veulent tous dribler dans cette équipe de Bouteflika.

Mais, tout d’abord, comment en est- on arrivé là ?

La France a colonisé l’Algérie pendant 130 années pour piller ses richesses. Elle n’a pas jugé utile d’y implanter un tissu industriel pour éviter de transférer un savoir-faire technologique. C’était de bonne guerre. L’Algérie colonisée nourrit la Métropole qui en retour lui envoie des biens d’équipement. Les chômeurs algériens, pour la plupart sans éducation, émigrent en France pour travailler dans les usines et les mines.

L’Algérie indépendante avait affiché clairement une volonté d’utiliser ses réserves pétrolière et gazière pour générer des ressources financières permettant d’investir dans la diversification économique du pays. On a, durant les années 60-70, tenté de faire jouer aux hydrocarbures le rôle moteur du développement dans le cadre d’un programme d’économie planifiée. Le but affiché était de créer une industrie productive ciblée non seulement sur la satisfaction des besoins de consommation locale, mais également vers l’exportation pour permettre à l’Algérie d’être un véritable partenaire dans l’économie mondiale. On était sur la bonne voie.

A partir des années 80, on observe un changement de cap radical. Le gouvernement abandonne officiellement cette démarche et devient obnubilé par des considérations religieuses. Les priorités changent. Tout un programme est mis en place pour arabiser l’enseignement et l’environnement, introduire la charia au baccalauréat, tenter d’arabiser l’enseignement supérieur, changer les mentalités,remplacer nos traditions ancestrales par celles du Moyen-Orient. L’Etatarrive avec l’aide des islamistes à imposer un Code de la famille humiliant pour la femme algérienne. Au plan économique, on opère une destruction en règle de tout ce qui a été bâti auparavant sans aucun justificatif. En 1988, cette politique a atteint ses limites dans un environnement de prix bas du pétrole: l’Etat n’avait plus les moyens d’importer les produits de base pour nourrir son peuple.

On n’a retenu aucune leçon de la politique qui a conduit aux évènements d’octobre 88. Le dogme de l’Etat rentier qui distribue une manne pétrolière jugée (à tort) inépuisable continue à sévir. Notre économie est restée entièrement dépendante du pétrole et nos exportations hors hydrocarbures sont toujours marginales. Les ressources financières qui devaient assurer notre développement économique ont été joyeusement dilapidées. L’Algérie a engrangé environ 800 milliards de dollars d’exportations d’hydrocarbures durant les mandats de Bouteflika.

Où sont passées ces ressources financières ? Sont-elles investies dans le développement de projets structurants et dans la formation de ressources humaines qualifiées? Non seulement, il n’y a pas eu d’investissements productifs, mais plus grave encore, la politique d’importation sans régulation a contribué à la désindustrialisation et à la fermeture des PME, entrainant une hausse du chômage.

Aujourd’hui, même avec un déficit commercial important, le clan Bouteflika maintient sa feuille de route, notamment sa politique d’importation sans discernementavec un passage préférentiel par la zone franche du golfe. Les dépenses fastueuses et improductives, gonflées par une corruption généralisée et ostentatoirecontinuent à alimenter les réseaux d’exportation et de blanchiment de capitaux. A ce rythme de dépenses, il a été établi qu’on devra prendre rendez-vous avec le FMI avant la fin du 4e mandat qui va nous dicter ses conditions. Pour faire semblant de réfléchir à la crise et gagner du temps, le gouvernement fait défiler des experts à Alger.Cet évènement nous fait penser à la mise en place, en 2003, de la commission Benzaghou pour réformer l’école. La technique est identique. On installe des groupes de réflexion alors que la décision de ne pas réformer est déjà prise.

Se basant sur le faible niveau de notre dette publique, des consultants auto proclamés tentent de nous rassurer en nous démontrant que la crise actuelle est moins grave que celle de 1988. Pour eux, il suffirait d’une réforme pour utiliser à bon escient les réserves de change et éviter de se retrouver face au FMI. Ils ne savent pas, hélas, que cette crise financière n’est qu’une petite vague à côté du tsunami de la crise énergétique qui nous attend dans cinq ans.

Epilogue

Avec des prix du brut à plus de 100$/bbl, Bouteflika a su distribuer la rente et faire prospérer les groupes d’influence qui l’ont soutenu. Dans les deux années à venir, Il sera difficile de continuer à dissimuler au peuple qu’il a mené une politique de rapine et de sabotage pour conduire le pays à sa perte (réf. Le chaos sous contrôle).

Il est clair que les réformes et les prochaines mesures d’austérité qui deviendront incontournables feront sortir le peuple algérien de sa profonde léthargie.Le peuple finira par comprendre que l’objectif de la feuille de route du clan Bouteflika est de réunir les conditions pour l’avènement d’un "printemps algérien".

Sid Kaci

Plus d'articles de : Politique

Commentaires (4) | Réagir ?

avatar
Hend Uqaci Ivarwaqène

Le printemps ? Mon œil ! Avant l’hiver, oui !

Tous les printemps sont derrière nous, hélas ! Et ce que vous nous décrivez n’est pas l’annonciateur d’un printemps mais du chaos. Comment y échapper ?

Je ne sais pas pourquoi j’ai cette impression du déjà lu. L’abruti que je suis croit que vous ne levez le voile que sur la partie qui est destinée à être vue.

Vous semblez dire que le printemps algérien viendra quand tous ces prédateurs qui ont programmé le chaos seront partis. Il faut savoir ! Ou ces prédateurs ont programmé le chaos donc, selon la loi de Murphy, on y échappera pas. Ou ce sont eux les artisans du chaos, donc, s’ils partent, on l’évitera. Ou le vrai problème ce n’est pas eux, mais la société.

Moi je pense que quelque soit la situation ou nous ont conduits nos dirigeants, cela n’est rien à coté de ce que nous réserve notre société.

avatar
khelaf hellal

"un dentiste, ex responsable au CNES, ministre de l’industrie. " liquidateur du holding public COSIDER.

visualisation: 2 / 4