Tunisie : l'opposition parle d'"assassinat politique" après la mort de Lotfi Naguedh

Un responsable politique est décédé ce jeudi lors d'échauffourées qui ont opposé des islamistes proches du parti Ennahda au pouvoir et des membres du parti laïque Nidaa Tounes dans la ville de Tataouine dans le sud de la Tunisie.

L'ex-Premier ministre tunisien et chef du parti d'opposition Nidaa Tounès a dénoncé vendredi le "premier assassinat politique depuis la révolution" après la mort d'un représentant de son mouvement lors de violences dans le sud du pays, évoquant la responsabilité des islamistes. "C'est le premier assassinat politique depuis la révolution et il touche notre parti, Nidaa Tounès", a dit à la radio Mosaïque FM Beji Caïd Essebsi, adversaire juré des islamistes d'Ennahda qui dirigent la coalition au pouvoir. Il a ensuite répété ces déclarations lors d'une conférence de presse à Tunis et a parlé d'"un lynchage", montrant une vidéo où l'on voit une personne présentée comme la victime traînée au sol et frappée par une foule. 

Le coordinateur de Nidaa Tounès à Tataouine (sud), Lofti Naguedh, est mort jeudi en marge d'affrontements entre ses partisans et des manifestants considérés comme proches d'Ennahda. M. Essebsi a accusé Ennahda et son allié de centre-gauche, le Congrès pour la République (CPR) du président Moncef Marzouki, d'être responsables de la manifestation qui a dégénéré en violences jeudi.

Le ministère de l'Intérieur a affirmé qu'il avait succombé à un infarctus, alors que les opposants disent qu'il est mort après avoir été battu par les manifestants de la Ligue de protection de la révolution, une organisation proche des islamistes au pouvoir. La date de son enterrement n'a pas été fixée, son corps ayant été transporté à Tunis vendredi où une autopsie doit avoir lieu, selon M. Essebsi. "Lorsqu'il est arrivé, il était dans un coma ou un pré-coma", a-t-il dit à Radio Tataouine, "il était près de la mort et nous n'avions pas le temps pour des examens approfondis et voir s'il y avait des blessures externes". Le docteur Moncef Dorza de l'hôpital de Tataouine, interrogé sur l'antenne locale de la radio publique, n'a pas voulu trancher sur les causes du décès. 

Les islamistes ont "présenté des condoléances" à la famille du défunt et demandé "une enquête judicaire pour déterminer les causes et circonstances" des violences et du décès. Ennahda a de son côté accusé dans un communiqué diffusé jeudi soir les partisans de Nidaa Tounès d'avoir provoqué les violences en jetant des cocktails molotov sur les manifestants. M. Essebsi, deuxième Premier ministre de transition après la révolution de 2011 qui a renversé le président Zine El Abidine Ben Ali, a fondé son parti cet été et connaît, selon des sondages, une popularité croissante.

La coalition au pouvoir accuse le mouvement de rassembler des tenants du président déchu.

AFP

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