Bouteflika et les travailleurs : ils demandent plus de justice sociale, il répond « réconciliation nationale » !

Le 24 février, double date anniversaire inscrite au panthéon de la mémoire nationale, est venu cette année encore creuser le fossé entre pouvoir et appareil syndical UGTA d’une part et travailleurs d’autre part. Quand ces derniers, laminés par des années d’austérité réclament à corps et à cris, par voie de grèves ou de débrayages pour les plus audacieux désormais émancipés du carcan du syndicat unique, une plus juste part des richesses nationales, les premiers, vautrés sur une manne inespérée de 110 milliards de dollars, regardent ailleurs, quand ils ne brandissent pas la trique. Comme le veux la coutume, les travailleurs algériens ont eu droit cette année aussi – les rituels ont la vie longue − à un message présidentiel, courte péroraison lue par son représentant à meeting tenu à Skikda par son féal Sidi Saïd qui aura pris un plaisir vicieux à annoncer aux fonctionnaires en grève, menés par des syndicats autonomes, ses rivaux déclarés, que le décret d’application de la grille de salaire qu’ils contestent depuis des mois serait signer aujourd’hui. Quant à la missive présidentielle, malgré la conjoncture financière florissante du pays, elle ne contenait pas l’ombre d’une esquisse de réponse aux demandes de ces catégories sociales. Comme si il y avait deux Algérie, la leur et la notre ; comme si les grèves, les mouvements de rue, la tension sociale se déroulaient dans un autre monde. Le message présidentiel, dont l’indigence et la banalité des poncifs traduisent l’indifférence, voire le mépris de son auteur pour le monde laborieux, fait certes l’impasse sur les difficultés sociales actuelles vécues par les travailleurs mais il n’oublie pas de saluer le soutien de l’UGTA « aux effort » du gouvernement ; il ignore les revendications des salariés, occulte la protestation des fonctionnaires en grève depuis trois jours − ils réclament "la révision de la nouvelle grille des salaires ou l'identification d'un nouveau système d'indemnisation pour combler le déficit induit par la nouvelle grille de la fonction publique −, élude les mouvements sociaux nés de l'érosion du pouvoir d'achat et de l'inflation laquelle a rendu dérisoires les augmentations des salaires. Mais ne manque pas de débiter son petit catéchisme sur la « réconciliation nationale », credo en perte de vitesse et en baisse de popularité, présentée pour la circonstance comme une nouvelle étape de « notre construction nationale » à consolider et à approfondir, évidemment. Pour la gloire et la postérité de nos bourreaux ? Un fois encore, quand les travailleurs demandent plus de justice sociale, Bouteflika répond, dans une prose chaotique, « réconciliation nationale » et « souveraineté de l'Etat ». Voilà qui signifie être en symbiose avec son peuple… !

G.H

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Commentaires (2) | Réagir ?

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boussaad farhi

Mr A. Bouteflika, 1) - je vous demande tout simplement ou sont vos paroles de promesses faites pour le peuple algerien? 2) - Ou il est le dispositif social des 250 milliards de centimes que vous aviez mit a la diposition des salaries impayes et licencier par des entreprises publiques de l'etat abusivement ? et qu'ils ne sont pas regulariser a ce jour ? 3) - Ce dispositif financier a ete mit au niveau des 3 partis de votre alliance (RND - MSP - FLN) y compris la centrale syndicale de l'UGTA de Mr SIDI SAID pour application (detournement) ? 4) - IL y a non application et violation des droits de l'homme (FIDH) en vertu des lois sociales des travailleurs de leurs dus non percu et qu'ils attendent toujours ce fameux montant colossale pour les 24 milles travailleurs d'etre payer. Merci

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khelaf hellal

"Notre contruction nationale ", "La souveraineté de l'Etat", "La réconciliation nationale " etc... sont des slogans éculés qui ne tiennent plus la route dans le monde du travail qui ne croit plus aux voeux pieux ni aux discours de circonstance. Le travailleur Algérien ne veut plus rester le dindon de la farce, et continuer à subir l'exploitation de l'homme par lhomme ou encore celle des representants d'Etat et de politiciens bourgeois. C'est sans doute la raison qui a poussé ces derniers temps, les Magistrats à exiger en toute légitimité le meme salaire que celui des Députés. Je trouve que c'est un grand pas dans la démystification des rémunérations et la justice sociale dans notre pays.