Nord-Mali : l’Algérie aurait-elle changé de position ?

Les groupes de narco-islamistes ne plieront que par la force.
Les groupes de narco-islamistes ne plieront que par la force.

L’Algérie a toujours affirmé qu’il était "légitime" de recourir à tous les moyens, "y compris la force", pour éradiquer les groupes terroristes et leurs affiliés du crime transnational organisé dans le Sahel et "n’est pas exclusivement pour le tout politique", a indiqué jeudi le porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Amar Belani.

Si ce n’est pas un changement de position concernant le traitement de la question du Nord-Mali, cela y ressemble tout de même. Car de l’intransigeance à imposer le dialogue avec les islamistes on passe à la manière forte. "On a tendance, ces derniers temps, à présenter la position algérienne de manière schématique, en occultant certains éléments importants de notre approche et en la mettant systématiquement en opposition avec la position d’autres partenaires de la région", a observé le porte-parole dans une déclaration à l’APS. Sous-entendre qu’entre Alger et Paris, on file la parfaite entente. Au risque de nous faire passer des vessies pour des lanternes, les choses sont claires, il y a bien divergence de lecture entre les deux capitales. Alger se démène (ou se démenait, car manifestement il y a un glissement sémantique dans le discours de la diplomatie algérienne pour rejoindre l’option militaire) pour constituer un front contre l’intervention, sollicitant le Niger par-ci, la Mauritanie, par-là, voire même les Etats-Unis. Mais peine perdue !

Opération rétropédalage ?

"Contrairement à ce qui se dit l’Algérie n’est pas exclusivement pour le tout politique et nous avons toujours affirmé qu’il est légitime de recourir à tous les moyens, y compris la force, pour éradiquer les groupes terroristes et leurs affiliés du crime transnational organisé dans le Sahel", tente de justifier Amar Belani. Pourtant si d’affiliés, le porte-parole désignait Ansar Dine et le Mujao, le président ne s’est pas empêché de recevoir une délégation d’ansar dine qui sont bel et bien une franchise d’Aqmi, une organisation combattue par l’armée algérienne.

"Nous estimons toutefois, a-t-il ajouté, que l’usage de la force doit être conduit avec le discernement voulu pour éviter l’amalgame et la confusion entre les populations du nord du Mali qui ont des revendications légitimes et les groupes terroristes et les narcotrafiquants qui doivent constituer la cible parce qu’ils sont la source des menaces qui pèsent sur la région", observe justement Amar Belani. Effectivement, il y a loin entre le MNLA, mouvement autonomiste et les autres groupes de narcotrafiquants, comme le Mujao, Ansar Dine et bien entendu Aqmi. Cependant, jusqu’à présent Alger est restée étrangement évasive. Alger n’ignore rien de la souffrance des populations touaregs mais ne reconnaît pas le MNLA, elle demeure même intransigeante sur l’intégrité territoriale du Mali. Donc il y a mal donne.

Les parties algérienne et française ont eu une "large convergence de vues" sur l’importance de la préservation de l’intégrité territoriale et de l’unité nationale du Mali, ainsi que sur la définition de la menace représentée par le terrorisme et le crime transnational organisé, indique l’agence officielle APS. L’Algérie qui a appelé à une solution politique au Mali sait pertinemment que les groupes de narcoislamistes qui font régner la terreur dans l’Azawad n’ont pas de revendication politique à mettre sur la table. Hormis la charia qu’ils se sont empressés de mettre en place dans une région exsangue, où la famine, le chômage pourrissent la vie des Touaregs, rien d’autre ne les intéresse. Ces groupes sont dépourvus de dimension politique. Aussi prétendre vouloir négocier avec eux c’est se mettre le doigt dans l’œil..

L’autre exigence défendue par l’Algérie consiste en une solution politique négociée qui doit être dégagée, dans les meilleurs délais possibles, pour éviter toute situation d’enlisement, et devant impliquer les acteurs qui se démarquent, sans équivoque, du terrorisme et du crime transnational organisé et qui renoncent à toute atteinte à l’intégrité territoriale du Mali.

Yacine K./APS

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