Nord-Mali : les femmes bravent la police islamique à Tombouctou

La révolte des femmes contre la chari'a d'Ansar Eddine.
La révolte des femmes contre la chari'a d'Ansar Eddine.

Des dizaines de femmes ont manifesté, samedi 6 octobre, devant le commissariat de la police islamique de Tombouctou pour en dénoncer les exactions et les viols dont elles sont victimes.

À Tombouctou (Nord Mali), le 6 octobre, environ 200 femmes du quartier Bella-Farandi ont pris leur courage à deux mains pour braver la police islamique. Elles se sont dirigées vers le commissariat de la police islamique pour crier leur colère contre les agissements abusifs de la brigade des mœurs islamique, en particulier de son chef, Mohamed Mossa, chargé "de contrôler la tenue vestimentaire des femmes". "C’est avec le cœur brisé que nous avons marché. Nous sommes des musulmanes et nous connaissons parfaitement la charia, mais le chef de la brigade de mœurs islamique, Mohamed Mossa, fait des choses inadmissibles. Il ordonne notamment des arrestations abusives au marché et dans les quartiers. Il emmène certaines des femmes arrêtées chez lui pour les violer. Nous ferons d’autres manifestations si ces crimes continuent", prévient Hadi Kossa, une organisatrice de la marche.
"Lorsque les manifestantes se sont approchées de la police islamique, leurs membres ont tiré en l’air pour les disperser", témoigne un journaliste local. "Une femme a été blessée suite à un coup de crosse de fusil donné par un islamiste", ajoute Kader Kalil, membre du comité de crise de Tombouctou.

Depuis la marche, les islamistes ont multiplié les arrestations pour faire peur aux femmes qui n’ont pas caché leur intention de descendre une nouvelle fois sur le commissariat de police islamique : "Au moins une vingtaine de femmes sont détenues à Tombouctou, un chiffre en augmentation suite à la marche du 6 octobre", déplorait dimanche Kader Kalil qui affirme : "après six mois d’occupation, nous n’avons plus peur des islamistes pour dénoncer leurs abus".

Les islamistes d'Ansar Eddine ont commencé à arrêter, jeudi 20 septembre, toutes les habitantes qui ne portent pas le voile intégral. "Les islamistes sillonnent le marché de la ville et arrêtent les filles qui ne portent pas le voile", a déclaré un habitant du quartier de Djinguerey Ber, El Mehdi Cissé, joint par téléphone depuis Bamako. "Toute fille ou femme rencontrée dans la rue à partir de 23 heures sera conduite en prison et paiera une contravention". Les imams ont également été informés de la création d'une "prison pour femmes" et des différents montants d'amendes que les "contrevenants à la loi islamique" doivent payer, a précisé un religieux d'une des mosquées de la ville.

LM avec Agences

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