Nord-Mali : le dialogue d'Alger n'est pas celui de Nouakchott

La crise malienne a été au centre des discussions, dimanche, entre Abdelkader Messahel, ministre délégué chargé des Affaires maghrébines et africaines et les autorités mauritaniennes. Entre Alger et Nouakchott, le dialogue prôné au Nord-Mali n'a pas les mêmes interlocuteurs.
Dimanche, Abdelkader Messahel affirmait à Nouakchott à l'issue d'un entretien avec le président mauritanien Ould Abdel Aziz "Nous sommes pour la lutte contre le terrorisme et le crime organisé par tous les moyens, tout en étant pour le dialogue afin de trouver des solutions aux problèmes du nord". Mais le ministre mauritanien des Affaires étrangères, Hamdy Ould Hamady, s'est voulu plus clair quant à la désignation des partenaires de ce dialogue, affirmant que son pays "soutient le dialogue politique entre les différentes parties, entre le gouvernement central et les mouvements qui appuient les revendications des minorités ethniques dans le nord" (du Mali), désignant implicitement le MNLA. "Par contre, a-t-il ajouté, nous refusons (…) de façon totale et radicale les groupes terroristes et le crime organisé sous toutes ses formes" comme pour écarter toute ambiguité dans sa démarche politique du dialogue.
Il semble que les interlocuteurs du "dialogue" ne sont pas les mêmes pour Alger et Nouakchott. Alors qu'Alger a entamé des pourparlers avec Ansar Eddine, le groupe de Touaregs terroristes pour neutraliser le mouvement indépendantiste du MNLA, Nouakchott se refuse à tout contact avec les groupes terroristes d'Al Qaïda au Maghreb islamique.
Malgré ces divergences d'approche sur le dialogue au Nord-Mali, les deux pays se refusent à une intervention militaire dans la région. Cependant, pour les observateurs, la Mauritanie qui a mené, seule, en 2010-2011, une guerre contre Al Qaïda au Maghreb islamique au Mali, pourrait jouer un rôle majeur en cas d'intervention militaire. Même si elle s'est retirée du Mali, l'armée mauritanienne reste présente de par un vaste et puissant réseau de renseignements mis en place ces dernières années.
De son côté, le responsable de l'ONU en Afrique de l'Ouest, Saïd Djinnit, a déclaré lundi qu'il était possible d'allier "préparation militaire" et "dialogue". Au sujet de la rebellion touarègue du Mouvement national de libération de l'Azawad (MNLA), qui plaide désormais pour le droit à "l'autodétermination" et non plus à "la sécession", le responsable onusien a noté qu'"il y a un mouvement pour s'insérer dans la dynamique qui a été posée comme base de travail par la Cédéao", à savoir l'intégrité du territoire malien.
Ainsi, avec la nouvelle donne du MNLA qui semble fausser les cartes jusqu'à aller à l'abandon de sa lutte indépendantiste de l'Azawad en opposant "autodétermination" à "secession", Alger serait ainsi confortée dans sa démarche inavouée : voir neutralisé le MNLA et toute velléité indépendantiste dans la région de l'Azawad, préférant les Touaregs islamistes et terroristes d'Ansar Eddine à un mouvement touareg indépendantiste laïc apparenté en Algérie au Mouvement pour l'autonomie de la Kabylie.
Mais cela fera-t-il changer de position à Bamako quant à une intervention militaire au Nord-Mali décidée avec la Cédéao avec le soutien appuyé de la France qui demande au conseil de sécurité de l'Onu d'en accélérer l'octroi de son mandat?
N.R
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