Le FMI et la fumisterie algérienne

Karim Djoudi et Christine Lagarde.
Karim Djoudi et Christine Lagarde.

"A trop admirer les vertus des autres, on peut perdre le sens des siennes propres, tant et si bien qu’en ne les exerçant plus, on les oublie complètement sans recevoir pour autant celles des autres en compensation." Nietzsche

Qui aurait imaginé il y a moins d’une décennie que l’Algérie se fait prier pour négocier un prêt au profit du Fonds monétaire international ? Quoiqu’en vérité, ce n’est pas exactement avec l’Algérie que cet organisme mondial s’acharne à le faire mais avec l’Etat, signataire de conventions en son sein. Pour aller au plus juste de la situation, les discussions se font avec les hommes représentant cet Etat, qui se comptent sur les doigts d’une main dont le président de la République qui décide, comme il a décidé par le récent passé du remboursement anticipé, mettant petit à petit le pays dans une confortable situation d’économie non endettée irriguée par une rente hydrocarbure jamais égalée dans l’histoire des exportations conjointes avec les pays de l’Opep.

Ce sont les forts qui prêtent

Toutes les estimations expertes prédisent le bon train dans l’utilisation de l’énergie fossile pendant au moins les deux prochaines décennies et que les besoins de la planète ne cesseront pas d’augmenter. Ce qui dans la balance intéressée des gisements algériens et de ses besoins propres signifie un excellent avenir de rente. Même si l’Irak et la Libye reviennent à leur taux d’exportation "normal", on table une réserve de change algérienne au niveau de 300 milliards de dollars vers la fin de l’exercice 2016, selon certains experts beaucoup plus. Soit.

Mais comment se fait-il qu’un consortium international de la gestion d’un fonds communautaire brassant des avoirs réguliers tournant autour de 10.000 milliards de dollars s’intéresse-il tant à la somme de 200 milliards de ce petit bled qui est l’Algérie ? N’importe quel observateur trouverait rationnel que la Chine qui construit dans les quatre coins du globe terrestre, avec le troisième PIB de la planète, derrière l’Union européenne et les Etats-Unis, refile de l’argent au FMI ; il est ardu de connaître ce qui se décide dans les conseils des ministres à Pékin dans la problématique de l’économie de ce grand pays mais l’on pourrait deviner que ses conseillers dans la finance mondiale indiquent cette formulation de l’emprunt à destination d’une institution monétaire internationale d’Etats-membres liés par des contrats spécifiques pouvant constituer au moins un atout qui permet de s’immiscer "légitimement" dans les schémas d’intervention sur les régions économiques, sur certains pays même.

Les "chinoiseries" intelligentes

Le FMI, c’est la vision européenne de l’équilibre monétaire international, c’est en gros l’Europe de Bruxelles. Ce n’est, par ailleurs, pas pour les beaux yeux des sénateurs et des représentants américains que l’Empire du milieu prête du pognon à Washington pour l’aider à stabiliser sa balance et de ne pas se faire semer par le vieux continent, c’est dans le sens d’une sorte de "contre containment" susceptible de changer les donnes des rivalités dans les actions stratégico-économiques dans le monde, depuis le plan Marshall, manigancées par la Maison blanche. Les stratèges chinois n’ignorent pas que la loi fondamentale du capitalisme tourne autour de la structure de l’argent frais, sa disponibilité quelles que soient les questions de l’heure. Pékin démontre qu’il est, avec Berlin et Tokyo, la puissante capitale capable de mobiliser un flux de capitaux à n’importe quel moment et situation, sans porter atteinte à la bienséance de son patrimoine économique.  Et que diable vient faire l’Algérie dans les grandes affaires du FMI qui l’a en l’espace de même pas une génération réduite quasiment à la mendicité, du temps du rééchelonnement, de la restructuration, du réajustement, et j’en sais quel expression à la mode des euphémismes abjects où le citoyens algérien était le sous homme de l’homo sapiens de la glorieuse Méditerranée courant auprès de son plat de lentilles et des ses ablutions ?

La manœuvre logique du FMI

Christine Lagarde, inévitablement. La sainte patronne du Fonds, yankee dans la tête et française protectionniste dans le cœur. A qui, tout compte fait, fait-elle chuchoter cette idée ? Elle sait plus que tout autre féru de la finance mondiale que l’Algérie ne fabrique pas un tournevis, ne sait pas encore élever une vache laitière et cultiver sa terre de par la grâce des ses semences, mais elle n’ignore pas aussi, cette gigantesque avocate de l’argent, que l’Algérie doit loger chaque année un million de familles qui ont l’obligation de scolariser des enfants et de les soigner, ce qui veut dire que de toutes les activités sur lesquelles doit se verser le Gouvernement, le BTP, à lui seul, doit avoir toutes les priorités, en attention et en moyens. Et Christine Lagarde est au courant que l’Algérie possède tous les possibles pour agir dans ce sens. Les matériaux existent ou ne constituent pas de grands problèmes pour s’élaborer, les savoir-faire ne manquent pas et le fric coule à flot. Elle sait que déporter l’ensemble des constructeurs automobiles de France ne règle pas le programme du chômage en Algérie ni ne résoudra la question du transfert technologique.

Mais chacun défendant ses territoires et protégeant son mandat, c’est à tout son honneur qu’elle pense renflouer les caisses de l’institution qu’elle dirige, c’est son devoir de voir comment avec ses pairs de l’Union européenne de se pencher sur le problème de la Grèce, de l’Espagne, de l’intégration des ex-pays du bloc de l’Est, ce n’est pas à sa personne ni à l’entité morale du consortium qu’elle représente que les Algériens en veulent par la cause de cette fumisterie d’échange financier où le moins des observateurs niais ne saisit pas l’intérêt, dans tous les termes possibles et imaginables. Il s’agit ni plus ni moins que d’une épargne à l’échelle du colossal sapant toute prérogative à l’investissent sérieux, capable de création d’emploi permanent en masse, des richesses et des biens de services, eux-mêmes créateurs de travail régulier et de valeurs monnayables certaines. C’est donc aux dirigeants algériens qu’il incombe qu’ils s’expliquent en débats publics pour que les responsabilités soient identifiées. Que les ressortissant dont les réserves appartiennent sachent d’avance qui accuser demain. si ce n’est pas aujourd’hui déjà car un pays plein de fric que ses cancéreux meurent plusieurs fois par jour avant de mourir pour de bon n’a pas le droit de prêter un sou. De le penser.

Nadir Bacha

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Commentaires (1) | Réagir ?

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Raveh Aksel

Ils n'ont pas le droit de jouer aux riches, avec tous ces cancéreux qui meurent faute de médicaments, avec tous ces bidonvilles tentaculaires qui ceinturent même la capitale et avec tous ces enfants qui faute de places pédagogiques s'assoient à trois par table !!