Dura Lex…Sed Lex (*)

La campagne des primaires qui se déroule actuellement aux Etats-Unis à de quoi faire réfléchir.
Des hommes et une femme s’affrontent d’abord pour recevoir l’investiture de leur parti, ce qui n'est ni facile, ni acquis d’avance. Il doivent se lancer dans une bataille tout aussi importante que la campagne présidentielle elle même. Ils doivent s’avancer, se découvrir, montrer leurs forces, minimiser leurs faiblesses, étaler leurs atouts, répondre aux critiques, en un mot ils doivent convaincre qu’ils sont les meilleurs. Le vainqueur de ce combat fratricide aura alors le soutien de tout son parti qui l’épaulera, le secondera, s’investira pour le faire gagner. Tous seront derrière lui pour l’aider à conquérir le poste tant convoité de Président des Etats Unis d’Amérique.
Un président qui n’aura que huit ans au maximum, soit deux mandats, pour marquer l’Histoire. Certains ont réussi.
Quand aux candidats malheureux, ils disparaîtront dans le silence et l’oubli, avec naturellement une retraite dorée, mais sans plus jamais pouvoir, ne serait ce que rêver, tenter de devenir le chef du pays le plus puissant de la planète.
Le jeu démocratique, quoi qu’on pense des Etats Unis est ainsi fait et il est à cet égard extrêmement éloquent et il ne viendrait à l’idée de personne de déroger à cette règle sacro sainte qui impose au président, élu démocratiquement et détenteur de nombreux pouvoirs, de se conformer à la constitution sous peine « d’empeachement ». Un Président dont tous les faits et gestes sont soigneusement scrutés à la loupe et qui ne se hasarderait jamais à remettre en question les fondements d’un système qui permet à la vie politique de s’exprimer dans une dynamique toujours renouvelée.
Enfreindre la loi est un acte qui n’est pas sans conséquence. Que ce soit sur une autoroute, sur un terrain de sport, au travail, ou de manière plus vitale, s’opposer aux Lois de la Nature engage le contrevenant à subir des sanctions qui vont du simple avertissement à la condamnation pour crime.
Même s’il ne s’est pas encore officiellement exprimé sur ce point, les intentions prêtées au Président Bouteflika de se représenter, alors que la Loi fondamentale le lui interdit, risquent de mener le pays à une implosion qui signifierait, pour de longues années, l’effondrement pur et simple d’une vie politique, sociale, culturelle et économique déjà compromise par l’embrasement généralisé qui a mis l’Algérie à feu et à sang.
S’il est du pouvoir du Parlement de discuter et de modifier des textes de loi, il est évident que la décision d’une révision constitutionnelle de cette importance , surtout dans la conjoncture actuelle, dépasse les prérogatives des institutions et des seuls partis politiques.
Cela relève de la décision libre et réfléchie du Peuple Algérien Souverain.
Naturellement, il nous sera rétorqué que le peuple sera consulté et qu’il se prononcera.
Nous pourrions à notre tour réagir en disant qu’une telle révision constitutionnelle est contre nature et ne constitue pas une priorité dans le sens où elle bloquerait l’énergie nécessaire à la vie politique démocratique dont il a été démontré qu’elle devait s’appuyer sur une dynamique basée sur l’alternance .
Que souhaite le Président Bouteflika ? Que souhaitent les décideurs dans le secret de leurs alcôves ? Veulent ils réellement le bien de l’Algérie ? Sont-ils dépositaires d’une fonction qui leur aurait été octroyée par une force immanente ?
Que peut donc, a 70 ans, espérer encore le Président Bouteflika ? Un mandat à vie ? Dans quel but ? Celui de mourir en poste ? Détenir un record de longévité ? Etre celui qui aura réussi à faire plier toute la société à Sa volonté ?
S’agit-il d’un besoin de régenter impossible à contenir et que ses compagnons acceptent en laissant les choses aller ?. S’agit-il d’une dérive ?.
Ces questions restent ouvertes mais sont superfétatoires car y répondre nous ferait tomber dans une rhétorique que le Président affectionne de toute évidence?

Il s’agit bien d’une dérive. Sinon comment expliquer ces effets de manches, ces colères notoires, ces discours enflammés tenus dans des langues aux mots choisis pour être vides de sens, ces rassemblements « spontanés », ces motions de soutien anachroniques ?
Le Président Bouteflika est probablement confronté à une réalité qu’il tente de fuir quel qu’en soit le prix Mais qu’il doit affronter, seul, face à un destin difficile à maitriser. Son destin.
Lui qui fut Ministre des Affaires étrangères devrait comprendre qu’il doit vivre Sa vie. Et nous laisser vivre la notre. Lui qui fut sur tous les continents l’Apôtre de la Révolution permanente, devrait savoir que la guerre est finie. Que Sa guerre est finie. Qu’il doit « Oser la paix ». Que la paix se construit. Qu’il faut remiser une fois pour toutes les haines, les rivalités, les revanches. Et qu’il faut savoir s’en aller, avant d’être balayé par le souffle du renouveau contre lequel il est impensable de pouvoir lutter.
Mais comment réaliser cela ? Il n’a jamais détesté personne et il est animé des meilleures intentions! Il a toujours combattu pour Son pays. Un pays qu’il a toujours considéré comme étant le sien ; non pas dans le sens que nous entendons tous. Mais bien le Sien. Un pays qui lui a tout donné mais qui a le droit de lui dire que cela suffit et qui ne peut plus tolérer les frasques et les caprices de l’impétueux ministre de Houari Boumediene.
Et c’est incontestablement cette image d’une Algérie gelée, auréolée d’un prestige éteint, qu’il tente de faire revivre. Alors il est pris, inquiet, dans un dialogue intérieur qui le consume et l’empêche d’ouvrir les yeux sur un futur qu’il semble refuser. Dont il ne peut avoir conscience, fasciné par son désir de redevenir ce qu’il croyait être.
Abdelaziz Bouteflika aime l’Algérie, c’est incontestable. Mais aime-t-il les Algériens ?. C’est là une grande question. S’il y répond, il saura ce qu’il faut faire pour accepter le verdict de la Loi, rien que la Loi ?

Aziz FARES

(*) la loi est dure mais c’est la loi.

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Commentaires (6) | Réagir ?

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groupe elmenfi

En nous proposant une lecture comparée des systèmes américains et algériens, (du moins en ce qui concerne le mode de désignation des candidats), Aziz Fares ouvre subtilement une nouvelle perspective à notre réflexion.

D’abord, ces systèmes sont ils comparables ? Oui et non. Sont ils identiques ?Oui et non. Sont-ils différents ? Oui et non…Dans tous les cas c’est…les deux mon général !!!

Quelle différence y a-t-il entre le cirque médiatique aux USA et « carnaval fi dechra ? » Entre Disneyland et bled mickey ?Entre une citation d’un Bill Clinton désabusé (payé tout de même aujourd’hui 100 000 $ pour une conférence) et celle d’un ex chef de gouvernement algérien qui avoue son impuissance ? Quelle différence y a-t-il entre une tentation de gouverner à vie en Algérie, Syrie, Maroc, Pakistan, Cuba… et (sous couvert d’une démocratie hypocrite) les dynasties presque héréditaires de l’argent comme celle des Kennedy, Bush, Clinton et plus proche de nous en France avec l’arrivée sur la scène du fils Sarkozy ?

Le monde des médias n’est pas en reste quand on voit s’afficher sur les écrans de TF1, France2..., les noms des nouveaux journalistes dont les aptitudes sont noyées dans l’ombre de leur père.

Qu’on ne se trompe pas. Je n’ai rien contre les héritiers quels qu’ils soient, mais s’appuyer exclusivement sur le Nom du Père représente un danger dont tous les sains d’esprit doivent se méfier.

Comme il est difficile voire impossible de résister à l’attrait du Pouvoir, on dissimule ses velléités par des arguties qui finissent un jour par voler en éclats. Les uns et les autres affirmant qu’ils servent la Patrie. Ils doivent alors démolir l’image de leurs adversaires en les traînant dans la boue, en les affublant de noms d’oiseaux de mauvais augures, en les dénigrant, en les diabolisant ou en les tournant en dérision.

En un mot, il faut déshumaniser l’Autre et le montrer tel que l’on veut qu’il soit, un monstre hideux, un être abject capable et coupable de la pire barbarie. Il faut le réduire à une dimension qui permet de le tuer sans remords. C’est d’ailleurs ce que font les islamistes terroristes, ce qu’on fait les nazis avec les juifs, les juifs avec les Palestiniens et les guerres tribales en Afrique, les viols au Kosovo expriment la volonté perverse et morbide de détenir le pouvoir.

Dans quelle direction Aziz FARES veut-il nous entraîner lorsqu’il dit : « le Président Bouteflika aime t-il les Algériens ? » Que vient faire ici l’Amour, un sentiment Humain, lorsque des gens s’enivrent du sang de leurs semblables ?. Des gens qui sont ramenés à une dimension infra humaine.

Leila Aslaoui, une juriste d’expérience, que j’avais généreusement égratigné dans ces mêmes colonnes avait commis un livre dont le titre était explicite : « Ce ne sont que des hommes ». Bien sûr, mais le QUE nous montre bien qu’il fallait les enfermer dans une condition de laquelle ils ne pouvaient s’échapper. Ils ne devaient s’échapper.

C’est bien là un tactique que tous les stratèges militaires connaissent et utilisent sans état d’âme. Enfermés alors dans une dialectique dont la trame est enchevêtrée, il est impossible de séparer la vérité de la fiction.

Nous passons, pour la plupart d’entre nous, notre temps à critiquer tout ce qui est différent de nous en nous engageant dans une logique absurde qui veut que nous sommes meilleurs ou pires que les autres. Mais rarement nous sommes nous-même. Nous sommes les bons et les autres sont les vilains. Ils dominent le monde et nous subissons leur diktat (un mot dont Hitler s’est emparé avec le succès que l’on connaît).

Les Américains sont loin d’être le modèle qu’ils voudraient représenter. Inutile donc de chercher à leur ressembler. Mais nous pourrions toutefois nous inspirer de ce qu’il y a de meilleur partout dans le monde pour enrayer la diabolique machination qui, chez nous, consume toute notre énergie en nous figeant dans le fatalisme le plus absolu.

J’avais en ce sens proposé une réflexion au Matin qui a jugé utile de ne pas la publier. Je respecte naturellement cette décision mais on voit bien, malgré des tentatives de fuir la rigueur de la loi, que la réalité nous rattrape impitoyablement.

Les réponses sont déjà prêtes. Comment est il possible de démonter un système parfaitement huilé ? Mais pourquoi ne pas dire plutot, comment le faire évoluer ?C’est vrai, comment ? Si cela ne s’est pas encore produit c’est que le moment n’était pas encore arrivé. Ce momentum indispensable à la réalisation de ce qui ressemble fort à une chimère mais qui se concrétisera dès que la société sera prête à changer, ou plus précisément lorsque nous serons prêts. Est ce cela que nous voulons ? Alors nous le pouvons si nous décidons d’agir au lieu de tergiverser, de réfléchir, ensemble, au lieu de nous blâmer les uns les autres, de nous parler au lieu de crier et de comprendre que nous sommes les acteurs principaux de notre vie.

Une leçon dont devrait s’inspirer le Président de la République.

Cordialement

Groupe elMenfi

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Mouloud madoun

Bonjour,

Je partage le point de Aziz Fares et ne suis pas totalement d'accord avec Marbi Kaidi: Les Etats Unis, ce n'est pas ma tasse de thé: ni mon modèle de gouvernance: Les Indiens vistimes du génocide le plus exécrable, la bombe atomique la plus barbare de l'histoire de l'humanité sur des populations innocentes, les noirs objets du KLAN... Mais faut il s'arreter là: La guerre du Vietnam, un autre exemple noir, a été arrêtée en grande partie grace aux AMERICAINS et leur intervention dans la société civile. Aujourd'hui, il y a il est vrai BUSH, MAIS le prochain sera j'espère un NOIR. BUSH a été un des plus médiocres président et un des plus dangereux, mais il ne pouvait pas, il n'a pas essayé de CHANGER LA CONSTITUTION pour tenter un TROISIEME Mandat !! Cela aussi il faut le dire: Ce qui important c'est de voir les changements, les points positifs et négatifs dans une société et un fonctionnement institutionnel: QUID de l'ALGERIE et la Gouvernance FLN: Le Président aurait pu: il disposait de TOUS les moyens: financiers, politiques (députés, sénateurs, partis politiques, islamistes, même l'armée sous sa botte: Qu'a t-il fait en 9 ans? Regardons les indicateurs économiques: Chomage, les IDE, la performance des entreprises, le nombre d'entreprises qui investissent, l'indicateur de developpement humain, et mieux encore; voyons nos villes et nos villages, comment vivent les citoyens!!Le président veut verrouiller la société et retourner aux années 70, encore que? Protégé de Boum qui en a fait LE MAE le "plus prestigieux" (a approfondir dans le contexte du non alignement de l'époque) mais comment vivait il'

C'est pour dire les incohérences profondes du personnage (merci au livre "l'IMPOSTURE": dedu comportement occidentalisé outrancier et aveugle à la "religiosité" et bigoterie moyennageuse. De la "tolérance" en invitant Enrico macias et serrant la main de Barak d'israel, à la nomination du personnage le plus sinistre, médiocre et d'un autre age qu'est Belkhadem: Quelle trajectoire !!!!

L'UNIQUE chose positive ne serait elle pas son départ par un discours qui restera: J'ai décidé de faire appliquer la constitution et veillé à ce que soient mises en place toutes les conditions de déroulement des prochaines élections: MEME MUSHAREF vient de le faire.

Cordiales salutations. Mouloud.

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