Géorgie : le président Saakachvili sanctionné aux législatives

Les électeurs ont élu une nouvelle majorité au parlement.
Les électeurs ont élu une nouvelle majorité au parlement.

Le président géorgien, Mikheïl Saakachvili, a reconnu mardi la défaite de son parti, le Mouvement national uni (MNU), aux élections législatives de la veille face à la formation Rêve géorgien du milliardaire Bidzina Ivanichvili.

Ce dernier, qui dispose d'une expérience politique limitée après avoir quitté le monde des affaires il y a seulement un an, devrait être choisi comme Premier ministre, ouvrant la voie à une cohabitation d'un an à l'issue de laquelle Mikheïl Saakachvili ne sera pas rééligible. "Il est clair, selon les premiers résultats, que Rêve géorgien a obtenu la majorité lors du scrutin", a déclaré à la télévision le chef de l'Etat, dont la formation avait dans un premier temps revendiqué la victoire. "Cela signifie que la majorité parlementaire devrait former un nouveau gouvernement et, en tant que président, conformément à la Constitution, je ferai tout mon possible pour faciliter son travail, afin que le Parlement puisse se choisir un président et mettre sur pied un gouvernement", a ajouté Mikheïl Saakachvili.

Il s'agit de la première alternance politique normale en Géorgie depuis que ce pays a proclamé son indépendance à l'éclatement de l'Union soviétique en 1991. Les observateurs internationaux ont validé le scrutin et exhorté les forces politiques géorgiennes à collaborer pour faciliter la passation de pouvoir. "Malgré une campagne électorale très clivante (...) le peuple géorgien a exprimé librement sa volonté dans les urnes", a déclaré Tonino Picula, l'un des responsables de cette mission d'observation composée de représentants de l'Organisation pour la Sécurité et la Coopération en Europe (OSCE), de l'Otan, du Parlement européen et du Conseil de l'Europe. Des milliers de partisans de la coalition Rêve géorgien ont laissé éclater leur joie lundi soir dans les rues de la capitale, brandissant des fanions bleus, la couleur de leur parti, et des drapeaux géorgiens dans un concert de klaxons.

"Mon projet politique est très simple", a déclaré Bidzina Ivanichvili dans la soirée sur la chaîne de télévision Channel 9, dont il est propriétaire. "Quand notre victoire sera officiellement confirmée, j'espère que le parlement m'adoubera comme Premier ministre." Aux termes de la Constitution géorgienne, le président Saakachvili, qui a déjà effectué deux mandats, ne pourra pas se présenter à l'élection présidentielle de l'an prochain.

Le scrutin s'est déroulé dans un climat de tension né de la diffusion à la mi-septembre d'une vidéo montrant des sévices infligés à des détenus dans une prison de Tbilissi et qui avait fait descendre des milliers de personnes dans les rues. Les premiers résultats partiels, publiés lundi soir par la commission électorale après dépouillement dans 21% des bureaux de vote, donnent la coalition d'Ivanichvili en tête du scrutin de liste, qui détermine 77 des 150 sièges du Parlement, avec 54,3% des voix contre 40,6% pour le parti présidentiel.

Le résultat des élections constitue un vote-sanction pour Mikheïl Saakachvili, porté à la tête de l'ancienne république soviétique par la révolution des roses de l'hiver 2003 mais dont la popularité a été entamée par le bref conflit armé d'août 2008 contre la Russie qui a exacerbé les séparatismes en Abkhazie et en Ossétie du Sud, désormais reconnues comme entités indépendantes par Moscou et plusieurs autres capitales. Bidzina Ivanichvili, 56 ans, dont la fortune estimée à 6,4 milliards de dollars représente pratiquement la moitié du produit intérieur brut de la Géorgie, avait centré sa campagne contre ce qu'il appelle le "système Saakachvili" et la dérive antidémocratique. Son rival malheureux l'accuse de vouloir éloigner la Géorgie de l'Occident et entamer un rapprochement avec la Russie où, selon l'actuel président, le futur chef du gouvernement a bâti l'essentiel de sa fortune, une accusation que ce dernier dément.

Reuters

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