Otages algériens du Mujao : le gouvernement cultive la discrétion

Le consul algérien ainsi que d'autres fonctionnaires sont détenus par le Mujao.
Le consul algérien ainsi que d'autres fonctionnaires sont détenus par le Mujao.

Depuis la dernière déclaration du Mujao annonçant le 1er septembre l’assassinat du vice-consul algérien Tahar Touati, le gouvernement algérien est resté très avare en informations.

L’embarras du gouvernement quant à la question des otages algériens est manifeste. La seule réaction a été celle de Mourad Medelci qui avait déclaré que son département vérifiait l’information du Mouvement de l’unité pour le jihad en Afrique de l’Ouest. Depuis plus rien. Même Abdelmalek Sellal avait évité d’évoquer la délicate question des quatre otages algériens lors de sa désignation au poste de Premier ministre. Un silence qui avait suscité indignation chez certains. Jusqu’à dimanche où il a justifié son silence par le souci de "préserver leur vie", a indiqué dimanche à Alger le Premier ministre, Abdelmalek Sellal.

"Nous ne ferons pas de déclarations, ni aujourd’hui, ni demain. C’est un dossier sensible et nous voulons préserver la vie des otages algériens", s’est contenté de déclarer M. Sellal en marge du débat général sur le plan d’action du gouvernement à l’Assemblée populaire nationale. Journalistes curieux passer votre chemin, le gouvernement ferme les micros sur la question.

Le consulat d’Algérie à Gao avait été la cible d’une attaque le 5 avril dernier par le groupe de narco-islamistes du Mujao qui a pris en otage le consul et six fonctionnaires pour les emmener vers une destination inconnue. Trois otages algériens avaient été ensuite libérés en juillet à l’issue de négociations. Le Mujao a évoqué le paiement d’une rançon, ce qu’Alger nie. Comme partout ailleurs, une cellule de crise a été mise en place au niveau du ministère des Affaires étrangères pour suivre l’évolution de cette affaire et afin de tout mettre en œuvre pour le retour sains et saufs des sept diplomates algériens.

Entretemps, il y a eu l’arrestation le 15 août de trois importants missionnaires d’Abdelmalek Droukdel, chef d'Aqmi, à Ghardaïa par les forces spéciales. Abderrahmane Abou Ishak Essoufi, l'un des plus anciens membres d'Al-Qaïda au Maghreb islamique et deux autres islamistes armés ont été arrêtés avec lui alors qu’ils se dirigeaient vers le sud du pays, selon certaines sources.

Par solidarité, le Mujao change alors d’exigence et réclame rien de moins que la libération d’Abou Ishak et ses deux acolytes en contrepartie de celle des quatre otages détenus par les terroristes quelque part au nord du Mali. Une exigence difficile pour ne pas dire impossible à satisfaire, aux yeux du gouvernement Sellal. Surtout si l’on sait que l’Algérie ne cesse de dénoncer les pays qui payent des rançons aux ravisseurs.

S’agissant de l’assassinat de Tahar Touati par le Mujao, le ministre des Affaires étrangères, Mourad Medelci, s’est contenté de répéter qu’il ne disposait pas de "preuve matérielle" que le fonctionnaire consulaire algérien  avait été assassiné comme annoncé par des médias. "Nous n’avons pas d’information crédible qui nous permette de parler de la mort ou non de M. Touati. Nous nourrissons toujours un espoir, lequel a été transmis à la famille du diplomate", avait-il ajouté. Des doutes auxquels ne semble pas avoir répondu le Mujao mais qui laissent penser aussi que le ministre aurait des renseignements qui le laisse douter de la véracité  de l’information.

Il faut toutefois savoir raison garder, aucun gouvernement aux prises avec la question des otages ne communique sur ses contacts ni sur le processus de négociations. La délication libération des diplomates algériens doit être évidemment traitée avec tact pour préserver leur vie. Et il est du devoir du gouvernement de les ramener à la maison sains et saufs.

Hamid A./APS

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