Top secret, la santé des raïs !!!

Le même voile opaque que celui de Boumediene entoure la santé de Bouteflika
Le même voile opaque que celui de Boumediene entoure la santé de Bouteflika

"Un détail médical parfois très grossier se rencontre souvent derrière les événements qui changent le cours de l’Histoire".(1)

Quand on est n’importe qui et qu’on veut faire n’importe quoi, le premier document officiel exigé est un certificat médical. Etre en bonne santé pour une femme de ménage ou un éboueur c’est la garantie de faire son boulot correctement en préservant la santé d’autrui d’une éventuelle contagion. Mais curieusement plus le bon fonctionnement de notre corps est important pour la communauté, plus l’importance de ce papier s’estompe pour finir en secret d’Etat : la santé du raïs. Des experts et des représentants officiels nous expliquent avec sérieux: circulez, il n’y a rien à voir, tout va bien et après tout la santé du premier magistrat comme n’importe quel citoyen lambda est d’ordre privé. Mais pourquoi nous avons l’impression d’être comme des enfants dont la vie dépend d’un père distant, mystérieux qui disparaît pendant plusieurs mois et n’apparait furtivement qu’à travers le petit écran. On ne peut s’empêcher de poser des questions qui fâchent.

A l’ère où l’info fait le tour du monde en une fraction de seconde, pourquoi il a fallu presque 100 jours après les dernières élections pour nommer un gouvernement ? La durée du désamour des Français envers Hollande. Bien sûr, le temps n’a pas la même valeur partout mais aujourd’hui même le monde arabe est sorti de sa torpeur ancestrale pour déboulonner en une dizaine de jours des potentats qu’on croyait moulés au trône. Vive le roi, le roi est malade, c’est le meilleur slogan pour attendrir une  foule rompue à l’obéissance verticale et qui ne cherche ses boucs émissaires que dans son sein. "Les peuples en insurrection ne travaillent que pour quelques tyrans et pour leur propre ruine, avec un instinct aussi aveugle que les vers à soie qui meurent en tissant des habits magnifiques pour des élus d’une nature supérieure à la leur." (2) Et applaudir par exemple à la nomination d’un ministre de l’Education avec la rentrée des classes quitte à ce que les élèves se bousculent à 50 dans une classe pendant que d’autres attendent chez eux qu’il y en ait une. Qui est responsable de ce tohu-bohu l’ancien ou le nouveau  ministre ? Sans doute ni l’un ni l’autre tellement notre étrange bled sait s’arrimer aux mondes parallèles. Il n’y a pas si longtemps, nos ministres se bousculaient devant la caméra sourire et satisfaction de mise pour inaugurer des établissements scolaires  alors que l’Algérie était endettée avec l’un des taux de fécondité le plus élevé au monde et une émigration au compte-gouttes.

Comment peut-on interdire aux dizaines de millions de pauvres bougres que nous sommes de paniquer dans ce flou total quand à n’importe quel niveau tous les responsables nous ânonnent qu’il n’y a qu’un seul programme celui du Président et que par conséquent avec le peu de cervelle qu’il nous reste, on arrive à la conclusion que pas de salut sans Lui. Nous, qui n’avons aucune responsabilité autre que le cercle familial et encore, il suffit d’une rage de dents d’une migraine pour saboter notre journée. Et l’Histoire est là pour nous prouver que la santé d’un chef peut avoir des répercussions au-delà des frontières de toutes les frontières. On sait qu’au moment du désastre de la campagne de Russie et la défaite de Waterloo, Napoléon souffrait le martyre à cause d’un cancer à la prostate. A l’âge de 70 ans, Golda Meir aurait pu se retirer de la politique avec les honneurs mais l’attrait du pouvoir a été plus fort. A 71 ans elle accepte d’être première ministre avec un cancer incurable, Begin, le chef de l’opposition le savait. Soumise à la chimiothérapie, la célèbre mamy juive a laissé la situation lui échapper. La guerre du Kippour de 1973 a failli déclencher la troisième guerre mondiale et Israël pour échapper à l’armée égyptienne et syrienne aurait utilisé ses armes secrètes  et on imagine l’apocalypse... Comme Mitterrand, elle se savait malade depuis des années mais le pouvoir lui-même est une pathologie. Hitler avait les symptômes de Parkinson dès 1937, une maladie neuropsychiatrique, que de morts auraient étaient  évités si on l’avait soigné dans un asile au lieu de lui offrir le poste de chancelier. "En moins de deux heures, j’ai pu observer deux fois Hitler, et cette fois-ci, sans que ce dernier puisse s’en douter. Il faisait pitié à voir. Sa main gauche flasque, dans laquelle se trouvait une paire de lunettes, s’agrippait à la table. Tout le bras gauche, jusqu’à l’épaule, tremblait, et parfois donnait l’impression d’un frémissement. Afin de "s’ancrer" lui-même, Hitler avait littéralement enlacé son mollet et son pied gauches à l’un des pieds de la table…" (3)

Les médecins américains ont diagnostiqué chez le führer plusieurs autres maladies quant à son compère Goering, surnommé le "paladin" morphinomane, il n’était qu’un dangereux toxicomane. En URSS c’était une vraie malédiction la maladie des hommes du Kremlin : Lénine, Staline, Khrouchtchev, Andropov, etc. En 1981, la rencontre entre le chancelier Schmidt et Brejnev n’a pu se faire que grâce aux progrès de la médecine afin d’éviter chez l’un la crise cardiaque et la crise cérébrale chez l’autre. Tous les deux portaient un pacemaker de marque occidentale ; même en pleine guerre froide la santé du "petit père" est sacrée. On les appelle les politiciens "cyborgs" (contraction de cybernétique et organisme humain). En Arabie Saoudite, l’héritier peut mourir de vieillesse et de maladie avant le roi. Il fallait attendre le printemps arabe pour découvrir que Moubarak se soignait en Allemagne et lors de son procès on voyait bien que le pharaon avait plus été trahi par sa santé que par ses ouailles. Kennedy prenait régulièrement des médicaments qui altéraient son comportement. En acceptant  le Shah pour des soins, Carter perdit les élections avec la prise d’otages de l’ambassade américaine.

En plus de sa maladie, une prolifération anormale de la lymphe, le shah n’avait pas vraiment le moral pour diriger un pays comme l’Iran. Un agent de la CIA le décrivait ainsi : "Le shah est un brillant mais dangereux mégalomane dont le psychique a été profondément affecté par un père cruel, par le rôle de pion que lui attribuèrent les Alliés, par la honte de son ascendance roturière." Son père était un ânier pauvre et illettré dont l’armée a fait la fortune. On sait que la mégalomanie s’accentue avec le pouvoir absolu les exemples de Mouammar Kadhafi et de Saddam Hussein sont assez édifiants. Dès la Seconde Guerre mondiale, les Anglais furent les premiers à se poser des questions sur l’âge, la santé et les capacités des dirigeants. Maintenant les Anglo-Saxons veillent à rajeunir leur classe politique, surveillent son état de santé et décentralisent les pouvoirs, en un mot fini l’homme providentiel. L’Allemagne, traumatisée par le nazisme, a multiplié les garde-fous pour limiter le pouvoir de la chancellerie.

En France où le président a pratiquement les prérogatives d’un monarque, les institutions se maintiennent même si l’ex-président Chirac a pu échapper à la justice grâce à son état de santé. Chez nous rien n’a changé, le même voile opaque que du temps de Boumediene et de sa maladie, il fallait attendre que les "héritiers" soient prêts pour annoncer sa mort le jour de son enterrement pour faire pleurer le peuple face aux cameras. Aujourd’hui, le monde est en mutation interconnecté et plus vulnérable que jamais. Le peuple algérien a besoin de savoir que l’homme qui dirige d’une seule main d’un seul programme son destin est en état de le faire. Ce n’est pas la mer à boire ni le tsunami à éviter, mais simplement un droit, le droit de savoir où on en est. Même si on est habitué aux présidents à vie, au système de dictature qui survit aux dictateurs, la rumeur ne peut éternellement  répondre à nos questions à nourrir nos inquiétudes.

Mimi Massiva

(1) Docteur P. Servant (Les Derniers Jours de Richelieu)

(2) Jonathan Swift

(3) Le professeur Ernst-Günther Schenck, chef de l’unité des services médicaux d’urgence de la chancellerie du Reich

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Commentaires (10) | Réagir ?

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faroudja Oumerry

S'il y a une chose dont je me fiche royalement, c'est bien la santé de cet individu.

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hamid djeffer

Il ya beacoups de literatue, le jounalisme reste tres faible, c'set comme une personne parle sans stoper, il faut ecrire less et plus technical, this remarque c'est pour cette article, il faut passer 30 mn, pour le lire.

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