Justice : langue de bois et chari'a

Mohamed Charfi: "Immuniser la Justice contre la corruption."
Mohamed Charfi: "Immuniser la Justice contre la corruption."

Mohamed Charfi, ministre de la Justice et garde des sceaux, s'exprimant, ce dimanche à Alger, devant le Conseil de la magistrature, a appelé les magistrats à se prémunir de la corruption qu'il a qualifiée de "fléau". Dans le même temps, à Oran, des spécialistes du "fiqh islamique" mettent la Justice à l'heure de la chari'a.

La corruption en Algérie n'est-elle qu'un fléau au sens où l'entend le ministre de la justice, garde des sceaux, Mohamed Charfi; un fléau indépendant donc du système de gouvernance? Ainsi, on lutterait contre la corruption comme on le ferait contre les petits vendeurs à la sauvette auxquels les policiers donnent la chasse dans les rues d'Alger, le temps que les gros bonnets qui détiennent le marché noir en toute impunité se redéploient dans d'autres secteurs certainement plus lucratifs; comme on l'a fait également contre ces commerçants véreux qui contrefont les produits périmés destinés aux enfants ou encore, étaler à la une des journaux, des fortunes détournées. Cela n'étonne plus personne et ne soulève plus d'indignations chez le citoyen qui sait que la corruption n'est pas seulement un "fléau", mais le système même de gouvernance, qu'elle gangrène l'Etat dans la négation de la justice non seulement en tant qu'institution juridique entièrement asservie au système politique mais aussi en tant que justice sociale à laquelle les Algériens sont quotidiennement confrontés.

Selon le ministre de la justice et garde des sceaux, Mohamed Cheurfi  la lutte contre la corruption n’aura de sens que si la Justice "est à l’abri de ce fléau qui constitue la principale cause d’atteinte au plein exercice de la citoyenneté" Dans une allocution à l’ouverture des travaux de la session ordinaire du Conseil supérieur de magistrature, ce dimanche, M. Charfi a estimé que "la lutte contre la corruption ne doit pas consister en des campagnes ponctuelles, car l’action judiciaire exige +la pondération+"

Ce discours, langue de bois, a été ressassé à chaque ouverture de l'année judiciaire par Abdelaziz Bouteflika au point où cette insistance sur une justice "à l'abri de toute tentation" qui ne fait qu'appliquer les lois, traduit, en fait, l'envers du décor. Qu'un magistrat soit corrompu dans un système judiciaire réellement indépendant, ce n'est certainement pas un grand mal pour le pays, mais tel n'est pas le cas. C'est ce que semble traduire, à son corps défendant, le ministre de la justice qui affirme : "Si la revendication légitime de la société est l’application rigoureuse de la loi par le juge contre les auteurs de corruption, il convient aussi de mettre les cadres intègres engagés dans la lutte contre la corruption à l’abri des pressions multiformes qui peuvent les viser dans le but de les décourager.". Ainsi, pour Mohamed Charfi, la corruption est un mal extérieur à l'institution judiciaire qui doit s'en prémunir et que le magistrat serait ainsi un "Zorro" qui pourchasse les corrupteurs et les corrompus. Un mal diffus, opaque, invisible, indéterminé, occulte et qui n'est, ce faisant, invisible" qui, selon ses propos "menace le tissu social et dénature l’effort d’édification de l’Etat de Droit, pervertit le fonctionnement de l’économie nationale, ronge les liens des citoyens avec les représentants de l’Etat, constitue la principale cause d’atteinte au plein exercice de la citoyenneté".

Si tant de dégâts sont recensés, portant atteinte à la superstructure de l'Etat, c'est donc bien que cette corruption qui ronge le sommet de l'Etat, ses institutions, n'est pas qu'un fléau qui peut se régler à coups de lois, elles-mêmes corrompues, mais l'instrument perverti de tout le système politique et idéologique en place. Paradoxalement, quand le pouvoir brandit la loi, c'est pour protéger les corrupteurs et les corrompus: l'opération "mains propres" d'Ahmed Ouyahia, alors ministre de la justice, a jeté en prison des cadres d'entreprises étatiques en prison parce que, justement, ils étaient intègres et avaient résisté contre ce "fléau".

Le ministre a précisé, dans ce contexte, que "si les corrompus et les corrupteurs ne laissent presque aucun service public à l’abri de ce fléau, il existe par contre une grande partie de cadres de l’Etat, tous corps confondus, dont l’attachement aux nobles valeurs de probité, autorise de croire que la lutte implacable qui doit être menée contre la corruption aboutira, inéluctablement, à réduire la propagation de ce fléau." L'incarcération de journalistes de la presse indépendante au nom de la loi qui protège des privilèges maffieux au sommet de l'Etat; l'entreprise Sonatrach, la seule richesse du pays, mise à sac au nom de la loi "familiale" des Bouteflika; un tissu industriel laminé par une cohorte de la "famille révolutionnaire" qui tiennent des Chakib Khellil, des Yazid Zerhouni et consorts qui ont institué une justice au "noir".

Le soliloque de M. Charfi qui s'adresse à ses magistrats, greffiers, établissements pénitentiaires et à lui-même est à huait clos, heureusement car personne ne donne crédibilité à ces propos langue de bois.

Et, à propos des établissements pénitentiaires, la corruption dont parle le ministre de la Justice est autrement plus perverse telle que formulée par les participants aux travaux de la 20ème conférence du Fiqh islamique qui se tiennent à Oran sous la direction du président de "l'académie internationale du Fiqh islamique".  Les intervenants ont estimé que "L’emprisonnement dans la chari’a est un moyen de rééducation et non de répression" Ils ont également affirmé que "le Fiqh islamique a précédé les organisations internationales en matière de préservation des droits du prisonnier et a trouvé les moyens de conserver sa dignité." Et de tels propos sont tenus en Algérie, dans le cadre d'une justice qu'Abdelaziz Bouteflika qualifie de "moderne", "Républicaine" et que Mohamed Charfi entend préserver de la corruption. Ainsi, la chari'a islamique vient au secours de cette corruption même.

N.R

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Commentaires (6) | Réagir ?

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kamel ait issi

J'ai oublie' ceci - Votre charabia, bon ou mauvais ne nous interesse pas, ni votre morale, ni votre religion, ni votre dieu... loin de la votre president et toute la cabale... Tout algerien digne n'a qu'une morale et et imperative - Nous debarasser de de vous tous depuis le nain et tout ce qui va avec. Construire notre pays, qui est different de votre saloperie... car c'est tout ce que c'est... une saloperie... meme les violeurs de fillettes, les egotgeurs d'enfants avec qui vous fleurtez, pour qui vous travaillez.... ne veulent de vous.... meme pas ceux qui vous rachete la matiere premiere que vous bradez n'osent plus fermer les yeux et faire semblant.... vous etes les seuls a le faire... pas nous !

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kamel ait issi

Mon avis aussi.

La "justice" est ce concept d'egalite' de tous devant la loi, pour la simple raison que cette loi emane de ceux-la meme qui s'y retrouve confronte's. D'ou la logique, comme disait Justice Brayer, de la cour supreme Americaine: "Mon role est d'interpreter la volonte' du Peuple exprime'e et codifie'e par leur representants qu'ils ont eux-meme choisi. Si le Peuple veut se pondre, je l'y aiderais !" Plus loin, il explique son raisonnement.

Plus loin, il explique: "Certes, la republique (Americaine) est dite sous la volonte' de dieu, mais par dieu, mais par dieu est enttendu "Le Peuple" - La souverenete' divine n'est pas investi dans une personne ou une institution, mais tout le peuple - L'emanation de dieu sur ce sol, c'est le peuple, et c'est au peuple de s'exprimer au nom de dieu, ou tout simplement, que dieu s'exprime a travers le Peuple - Ni prophet X, ni religion Y !!!... "

C'est simple, on croit que Dieu est juste ou pas. On estime, que tout et tous sont ca creation (moi je suis hate') ou pas. De tous les charlatants sur terre, les "dirigeants" de la ligue de la honte sont les meilleurs a travestir la notion de la morale et celle de dieu-meme. Mais qu'importe ce que font les autres ailleurs, en Algerie, ceux qui ont paye' de leur vie, sur place, ont bien laisse' ceci "Tous les pouvoirs emanent du Peuple" tout en reconnaissant que tous les pouvoirs sont divins. Les fondateurs et proprietaires (lefitimes) de la republique algerienne, sont d'accord avec la Justice (titre aux USA) Breyer, que Dieu veut dire Peuple et Morale veut dire la sienne (Peuple).

Dieu et le Peuple s'exprime, tout le temps, et les croyants qui ont un bout de morale, ecoutent sans arret et evaluent regulierement... Cette evaluation s'appelle élection.

Dieu n'est pas mort et ne mourra jamais, et meme quand il en aura assez de cette planete, il ira ailleurs... DOmpte' de tous les pouvoirs, il prepare son sejours loin d'ici... sur Mars-meme.

Messieurs, vous avez confisque' la parole de du Peuple Algerien c. a. d. l'emanation de Dieu en Algerien, pour la soumettre a celle d'un. . . de temps lointains etce Dieu vous punit...

Oui, toute republique a besoin d'une moralite', et les Algeriens comme des milliards d'autres sur cette planete ont rejete' et le font tous les jours, la votre - Ils ont choisi la leur, c.. a. d. celle de Dieu, la leur.

Parfois, j'aime le language religieus, en voici quelque chose pour vous messieurs du regime:

" L'enfer vous attend ! " - Mais oui, il vous a choisi... pour illustrer ce que c'est que le MAL... Lisez tous les journaux algeriens, toutes tendances confondues... et ecoutez-vous meme.... avec un peu d'attention, vous enttendrez la condamnations du peuple, et votre aveu-meme...

Votre proces est scelle', adios amigos!

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