Ançar Eddine, cheval de Troie narco-islamiste

Iyad Ag Ghali, le chef du groupe narco-terroriste Ançar Eddine
Iyad Ag Ghali, le chef du groupe narco-terroriste Ançar Eddine

Il est non seulement erroné, mais surtout dangereux de considérer Ançar Eddine comme une formation touarègue.

Leur reconnaître une légitimité, qu’ils usurpent dans la communauté grâce à la manne financière qu’ils tirent du narcotrafic et de la générosité de la tutelle qatari, ou cette pseudo-lucidité qui veut tenir le MNLA et les Ançar Dine comme les représentants des Touarègues cache mal le refus obstiné de considérer la crise du Nord-Mali dans son cheminement historique. 

Les Ançar, à proprement dire, se réduisent à une poignée d’anciens chefs de guerre reconvertis aux trafics. Les pétro et narcodollars leur ont permis de recruter parmi les combattants locaux. Les hommes qu’ils ont enrôlés ne partagent ni leurs intérêts mafieux, ni leur couverture idéologique. Ce sont des hommes tenus par les besoins de subsistance immédiate de leurs familles. L’isolement dans lequel les Etats de la région tiennent le MNLA a favorisé la tactique des Ançar. Objectivement, les Etats de la région convergent avec le Qatar pour promouvoir Iyad Ag Ghali et ses hommes. Celui-ci donne le change en se proclament contre la partition du Mali.

Le MNLA ne se définit pas comme un mouvement touarègue. Il pose sur la scène la nécessité d’une partition du Mali, comme solution définitive à l’instabilité chronique qui marque cette région depuis cinquante années. C’est une position qui est l’aboutissement des atermoiements et la duplicité des autorités de Bamako dans le traitement des problèmes de l’Azawad. L’Etat malien, dominé par ses provinces du sud, n’a jamais tenu ses engagements au sujet de l’intégration des provinces du Nord. C’est dans la mégalomanie de Mouammar Kadhafi, ou la tolérance compréhensive des autorités algériennes que les populations de ces provinces ont souvent eu à trouver des réponses à leurs problèmes. L’attitude de Bamako a toujours été de signer des accords, de faire des promesses, seulement pour gagner du temps en attendant la révolte suivante. Ce mépris se doublait de répressions épisodiques, brutales et féroces. Ce sont tous ces éléments ont poussé à la radicalisation de la revendication des populations de l’Azawad. 

Sauf à ce que l’ambition des Etats africains soit la fétichisation des frontières héritées de la colonisation, la revendication nationale azawadienne, qui dans son expression s’appuie sur le droit des peuples à disposer d’eux mêmes, doit trouver un autre traitement que la marginalisation et le mépris. Devant l’effondrement des institutions de l’Etat malien, il est mal venu de lui opposer la pérennité d’une entité largement entamée par les évènements. A cet égard, il est significatif que l’intervention des forces militaires de la Cédéao dans le Nord Mali soit le seul consensus qui se dégage entre les autorités de transition et les mutins de la junte du 22 Mars. Par ce consensus Bamako reconnaît une extra-territorialité de fait de l’Azawad. Si l’entité malienne devait survire à la l’actuelle crise, ce n’est certainement pas par la reconduction des anciens cadres et structures. Ce sera dans la définition d’un nouveau cadre intégrateur pour toutes les populations. Un cadre probablement fédéral dans lequel la revendication nationale azawadienne pourra peut-être rencontrer une dynamique de refondation des institutions dans les provinces du sud. Or, pour le moment, les "autorités de transitions", la haute hiérarchie de l’armée malienne, y sont les otages du coup d’Etat du 22 mars, et les institutions y sont tenues sous tutelle.

Il faut rompre l’isolement du MNLA, et lui apporter un soutien conséquent. Le paria dans la crise du Nord Mali, ce n’est pas lui. Loin d’être défait, il ne s’est retiré des villes que pour épargner les vies des civils. Le paria, c’est le noyau narco-islamiste des Ançar Eddine, dont la seule force tient en sa puissance financière. Une puissance faite d’argent sale. Et dont l'idéologie agira comme un élément de fragmentation des communautés maliennes.

Mohand Bakir

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Commentaires (8) | Réagir ?

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kamel ait issi

Il faut manifester ce soutien dans toutes les capitales du monde a commencer par alger! - Il est temps que des questions se posent, sur l'acheminement de cet argent. Le FBI, suit tous les movements financiers d'a travers le monde, ils a meme pu recueuillir les noms des Americains avec des comptes en Suisse qui ont fuit le fisc. Il est impossible qu'ils ne soient au courant des mouvements d'argent de leur potes du quatar justement. Le monde occidental trouve son compte que des populations soient deplace'es des terrains deja analyser et retenus pour exploitation miniere... les hordes islamistes ne sont pas sedentaires, et c'est cela le but recherche' par tout le monde - Il est imperatif que des voix par milliers se mobilisent dans leurs capitales pour NIET ! Ils ont bel et bien force' la mains aux Libyens authentiques a negocier avec les islamistes pour auvegarder "l'unite' nationale" - bravo ! on en voit deja la couleur. Il ne faut surtout pas s'emballer avec les histoires mediatiques internationales... Ce sont les seuls a reconnaitre une souverenete' a ces dictatures qui les (les islamistes) elevent...

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Brahim Arbat

"Un cadre probablement fédéral dans lequel la revendication nationale azawadienne pourra peut-être rencontrer une dynamique de refondation des institutions dans les provinces du sud". Ce seul argument que vous avancez suffit à comprendre que la situation dans cette région est bien entre les mains des islamistes fabriqués par la CIA, aucun pays de la péninsule arabique ne lève le petit doigt pour financer sans l'accord des USA. C'est la même structure qui vient de commettre l'attentat à Benghazi et tuer des diplomates américains. Le déplacement de l'ambassadeur est "balancé" aussitôt aux fractions préparées pour agir dans le consulat. Il n' y pas meilleure cause pour prendre militairement la Libye et "protéger" ses réserves pétrolières, surtout que la France semble faiblir par la venue des socialistes anti interventionnistes. mais l'idée de fédéralisme trotte aussi au niveau des tribus en Libye.

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Bien que je ne vois pas le lien directe entre la citation et ce que vous développez. Mais je retiens ce passage :"L'idée de fédéralisme trotte aussi au niveau des tribus en Libye". La messe semble donc être dite? Le fédéralisme c'est la panacée impérialiste?

Ok; les Usa, les occidentaux, agissent pour garantir leurs intérêts. Ils s'en donnent les moyens, et mobilisent leurs relais. C'est de bonne guerre, "comme il a dit lui". Le problème, est que de l'autre côté, le flou domine. Soit, de ce côté là, il n'y a pas d'intérêts à défendre (?!), soit que les intérêts défendus doivent rester loin des feux de la rampe !

L'impérialisme a été attentif aux accumulations qui s'opéraient dans les sociétés du sud. Par contre, les forces progressistes, se sont révélées prisonnières d'une pensée fossilisée qui a du mal à lire le réel et à restituer les dynamiques vivantes de ces sociétés. Ainsi l'anti-impérialisme a dégénéré en défense des despotes, doublé d'un alignement derrière les nouveaux pôle du capitalisme mondial. C'est pathétique.

L'enjeu aujourd'hui, est de trouver les voix du renouveau de la pensée de la libération. Cela commence par la compréhension et l'écoute des aspirations des peuples.

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Brahim Arbat

Il est possible de reprendre depuis le début, M. Bakir, vous annoncez votre analyse par « il est non seulement erroné, mais surtout dangereux de considérer Ançar Eddine comme une formation touarègue. » Soit. Mais on pourrait dire la même chose de l’Etat algérien, « l’Islam religion de l’Etat, article 2 de la Constitution », une information circule que 80 pour cent du gouvernement ne fait pas la prière et que la majorité prend régulièrement son apéro. Mais il n’y a ni « erreur » ni « danger » en politique, il y a du pouvoir et des formulations pour le faire. Ce n’est pas parce que ça s’appelle Ançar Eddine qu’il ça veut dire qu’il y un descendant de Omar Ibn el Khatab qui la dirige dans l’ombre sous la bannière d’un leader touareg. La CIA cultive son intelligence dans le sang vif, elle prend ce qu’elle a sous la main, elle saisit l’échiquier tel qu’il est avec ses cases et ses pièces mais c’est elle qui fixe les cases où il faut placer les pièces. Sachant d’avance qui va gagner et qui va perdre. Les Américain sont absolument persuadés que cette région du Sahel renferme dans son sous-sol une quantité gigantesque d’hydrocarbure et ça, M. Bakir, ils feront tout pour évacuer l’ancien empire colonial de cette région. Dans tout se qui anime une action yankee dans une partie de la planète, il y a forcément beaucoup d’argent à gagner, car la CIA protège le capitalisme conquérant avant de protéger l’Oncle Sam. Quant aux aspirations des peuples, allez demander voir comment survivent les 50 millions d'Américains sous le seuil de la misére et ce n'est pas la CIA qui s'en soucie.

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Si vous parlez des américains, c'est bien pour savoir ce que nous, qui sommes inscrits dans cet espace géopolitique devons faire? ou bien est-ce pour juste parler des américains?

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Brahim Arbat

Nous sommes comme vous ditez effectivement bel et bien inscrits dans "cet espace géopolitique"mais la question est plutôt de savoir si nous sommes vraiment capbles de le protéger selon nos intérêts, comme d'ailleurs l'économie pour l'intérêt des populations respectives dans la région, il y a des citoyens qui achètent des propriétés en Espagne et qui ne donnent en échange rien à leur pays et d'autre qui travaillent jour et nuit et qui n'arrivent pas à manger correctement. Ouvrez les frontières de l'Occident à tous les habitants du Sahel, musulmans ou autre, il ne restera personne, je le vous garantis, parce que du début à la fin, le problème reste fondamentalement économique, la bouffe pour les autochtones et l'énergie pour les puissants étrangers qui rôdent.

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