Sahel : 4 Français enlevés par Aqmi s'adressent à François Hollande

Les otages avertissent le président français de ne rien faire.
Les otages avertissent le président français de ne rien faire.

Un site privé mauritanien d'informations a publié samedi une vidéo montrant quatre Français otagesd'Al-Qaïda au Sahel, qui appellent tous à négocier pour leur libération, vidéo tournée fin août selon un des otages et diffusée à huit jours du 2e anniversaire de leur rapt au Niger.

"Nous sommes le mercredi 29 août 2012. Cela va faire bientôt deux ans que nous sommes ici", déclare un des Français dans cette vidéo mise en ligne vendredi par Sahara Medias et visionnée samedi par l'AFP. L'otage a été identifié auprès de l'AFP par un responsable de Sahara Medias comme étant Daniel Larribe, et les trois autres comme Pierre Legrand, Marc Féret et Thierry Dole. Des identités confirmées en France par René Robert, grand-père M. Legrand, qui a précisé avoir reconnu son petit-fils et ajouté que les autres familles d'otages avaient reconnu leurs proches.

Pour M. Robert, cette vidéo "est une preuve de vie récente" des quatre otages. Ils "sont fatigués et même épuisés, mais ils sont vivants". Le ministère français des Affaires étrangères a indiqué samedi procéder aux "vérifications d'usage" pour authentifier la vidéo. "Le gouvernement demeure pleinement mobilisé pour obtenir la libération" des otages, a-t-il assuré.

Sur la vidéo, les quatre otages appellent leurs proches, leurs employeurs et les autorités françaises à privilégier la négociation pour obtenir leur libération. Ils pressent particulièrement leurs employeurs, le groupe nucléaire public français Areva et son sous-traitant Satom, d'intervenir. Les quatre hommes ont été enlevés le 16 septembre 2010 à Arlit (nord du Niger) et sont, depuis, aux mains d'Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi). Ils ont été kidnappés en même temps que trois autres personnes qui ont ensuite été libérées.

Sur la vidéo, dont les séquences semblent tournées à l'extérieur, dans deux décors différents (une toile grise en fond dans la première et beige dans la seconde), ils apparaissent fatigués et s'expriment sous le regard d'hommes en armes, turban sur la tête, debout derrière eux.

"C'est le 714e jour ici, en détention au sein de... dans le Sahara", dit dans la vidéo Thierry Dole, qui indique que tous sont "épuisés par ces deux ans de détention". "Je pense que la situation doit être carrément bloquée au niveau des négociations", déclare-t-il, en exhortant les proches des quatre otages à la solidarité et pressant leurs employeurs et le pouvoir français d'éviter le recours à la force pour leur libération.

"Peut-être un prix fort à payer", "Je demande aux familles des otages d'être solidaires entre elles, de tenir bon, de chercher activement des voies pour encourager le gouvernement et le président de la République à nous sortir d'ici", et au président français, "de ne pas faire d'attaque, surtout de continuer les négociations", poursuit-il. Daniel Larribe fait allusion à une demande de rançon, indiquant que pour les faire libérer, "il y a peut-être un prix fort à payer".

Sahara Medias, un des sites d'information les plus fiables en Mauritanie, dispose d'un vaste réseau de correspondants dans le nord du Mali. Il est très bien informé sur les activités des groupes islamistes armés, dont Aqmi, qui étaient actifs depuis plusieurs années dans le nord du Mali dont ils ont fini par prendre le contrôle il y a plus de cinq mois.

Le même média avait publié le 9 août une vidéo montrant séparément trois des quatre hommes enlevés à Arlit, et deux autres Français enlevés le 24 novembre à Hombori 2011 (nord du Mali), en précisant que les images avaient été tournées lors des "derniers mois du pouvoir" de l'ex-président français Nicolas Sarkozy, battu le 6 mai à l'élection présidentielle par François Hollande.

Cette nouvelle vidéo est publiée à huit jours du deuxième anniversaire de l'enlèvement des Français à Arlit, alors que la crise au Mali semble éloigner la perspective d'un règlement rapide de la question des otages. Les autorités de Bamako sont confrontées à une situation complexe, après le coup d'Etat militaire le 22 mars qui a semé une confusion tenace dans les instances du pouvoir dirigé par des autorités de transition.

Dans le même temps, les groupes occupant le Nord ont menacé de représailles les pays et soutiens d'une force militaire que l'Afrique de l'Ouest se dit disposée à envoyer au Mali pour l'aider à recouvrer ses zones occupées. Bamako a précisé qu'il ne souhaitait qu'un appui en moyens logistiques, aériens et en renseignements.

AFP

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